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lundi 26 juin 2023

AMO à 2,60 € : comme la Manche à 20°C


La FNO et l'UNCAM ont signé leur 20ème avenant à la convention des orthophonistes libéraux. Vous trouverez le texte officiel ici :

https://www.fno.fr/wp-content/uploads/2023/06/scan20230622151913.pdf 

La mesure phare est bien entendu le passage de l'AMO à 2,60 €, et même 2,72 dans les départements d'Outre-Mer.

Une augmentation de l'AMO, c'est comme une baignade dans une eau à 20°C sur la Côte d'Albâtre : quelque chose qu'on espère avec ardeur, mais qu'on ne voit quasiment jamais.

Alors oui, +4% sur notre lettre-clé, un an seulement après le saupoudrage de l'avenant 19, c'est une divine surprise. Vous pouvez voir ou revoir la vidéo short de Mme Degiovani :

Passé le moment d'émotion, on a vite vu fuser les commentaires. Examinons le verre à moitié vide, le verre à moitié plein, puis les questions que tout ceci soulève.

Le verre à moitié vide

L'AMO avait déjà pris 4% en 2012. Depuis lors, l'inflation a été de 13 % et nous devrions en être à 2,84 € d'après l'Insee :



Plus amusant encore, revenons à la première année de décrochage de l'AMO, 1983 :

Bien entendu, cela n'inclut pas les petites hausses de cotations et les mini-forfaits. J'ai tenté d'approcher la vérité de notre décrochage dans cet article :

https://orthogestion.blogspot.com/2021/10/pouvoir-dachat-des-orthophonistes-ou-en.html

En fait, le plus piteux, c'est le fait que nous soyons heureux d'obtenir 4% quand l'inflation est à 6, tout en sachant qu'on n'obtiendra probablement rien avant la vraie négociation conventionnelle de 2027. On voit à quel point nous avons intégré le décrochage dans notre identité professionnelle, pendant que le pouvoir d'achat global des Français progressait (source : Insee).

Allons, l'heure n'est pas à la déprime, passons au verre à moitié plein !

Mettons-nous dans la peau d'une jeune orthophoniste qui savoure déjà la beauté de l'exercice libéral :

  • 1er train de hausses de l'avenant 19 en 2022
  • 2ème train le 1er juillet 2023
  • Avenant 20 en janvier 2024 alors qu'on pensait que plus rien ne se passerait pendant 5 ans.
  • Aucune contrepartie ! Pas besoin de dormir dans les locaux de la CPTS un week-end sur deux, ni de se promener avec un T-shirt "I love my CPAM".

Il y a de quoi s'inscrire à la "team ravies de la crèche", comme on peut le lire chez les Paramedicools :


Retour à l'hiver 2024 : ça fera combien ?

Si on prend la recette brute moyenne des orthophonistes avant le covid, ça donnera ceci (source : AGAO) :
57 259 x 2,60 / 2,50 = 59 549 €
Gain : 2 290 €
Arrondissons à 2000, parce que dans cette recette il n'y a pas que de l'AMO : il y a les petits forfaits, et peut-être aussi des indemnités de déplacements.

Calculons le net, maintenant. Je vous ai expliqué récemment que le revenu moyen des orthophonistes aboutissait généralement à un taux marginal de 53% quand on cumulait l'impôt sur le revenu, l'Urssaf et la Carpimko.
2000 - 53 % = 940 €, soit 78 € nets par mois.

Les questions


 
Cette hausse inattendue a vraiment un côté étrange :

  • Pourquoi diable l'Etat (dont la sécu n'est plus qu'une annexe) nous accorde-t-il ce qu'il nous refusait depuis tout ce temps ? On ne voit pas le gain politique, à quatre ans des élections.
  • Pourquoi avons-nous obtenu plus que les autres auxiliaires médicaux ? On ne va pas s'en plaindre, mais il est toujours intéressant de comprendre.
  • La mobilisation des syndicats a-t-elle vraiment été un élément déclencheur, ou est-ce une décision purement politique liée à une crainte de voir les paramédicaux fuir face à l'inflation ?
  • Mme Degiovani présente ses nouveaux dossiers prioritaires. On sent que l'AMO est à nouveau gelé pour un bout de temps, puisqu'il n'y figure pas. Mais la FNO a-t-elle d'ores et déjà grillé ses cartouches pour 2027 ?
  • La réapparition de tarifs avec des centimes va-t-elle pousser massivement les orthophonistes vers le tiers-payant total ?

Certaines questions resteront probablement sans réponse, au moins pour les orthophonistes de base comme votre serviteur.

Alors savourons. 

Tout ce qui dépasse zéro est une bonne nouvelle, surtout quand il ne faut pas renoncer à une liberté !




mardi 13 juin 2023

Le seuil du bonheur et la courbe en chameau

[Cet article est une mise à jour de celui-ci]

 

"Travailler plus ? A un moment ça ne sert plus à rien, tu donnes tout aux impôts !"

Vous avez peut-être déjà entendu ou lu cette phrase. Elle m'a toujours paru étrange. Étant issu d'une famille de commerçants, elle signifie pour moi : "Mieux vaut fermer la boutique en octobre, sinon la recette de la fin de l'année ira en entier au fisc".

Il y a donc un sophisme quelque part. Forcément.

Je l'ai donc cherché. Et trouvé. Je vais vous montrer pourquoi il est toujours utile de travailler plus, chiffres à l'appui. Mais aussi pourquoi il y a une part de vérité, comme dans beaucoup de légendes.

Mais d'abord, il faut raisonner en marginal.


Non, pas ce marginal-là.

Il faut raisonner en taux marginal, et non en taux moyen. La bonne question est :

Combien vont me prendre le fisc, l'URSSAF et la CARPIMKO sur chaque acte supplémentaire ?

Parce que c'est bien ça en fait, la question qui sous-tend le "travailler plus qui ne sert à rien". Est-il possible d'atteindre 100 % de ponction, en France ? Ce pays est-il si rapace avec ses habitants ?

C'est là où il faut lancer Excel.

Si. Pas le choix. Il faut bien raisonner froidement, quand on veut analyser un sophisme.

Voici la synthèse de mes calculs :

Attention, je le redis : c'est la ponction sur chaque soin supplémentaire, pour répondre à la question  "Si je prends un patient en plus ou si je supprime une semaine de vacances, quelle sera ma sanction ?"

Une chose apparaît clairement : en 2023, le seuil du bonheur se situe à 43 992 €.

C'est dû à la fin de la première tranche du régime de base de la Carpimko. Notre caisse de retraite taxe énormément les bas revenus pour nous assurer un socle commun de protection sociale.

Par exemple, une orthophoniste qui se situe sur le revenu moyen de la profession subit 53,46 % de ponction sur tout revenu supplémentaire. Cette année, elle doit atteindre un bénéfice 43 992 € pour entrer dans la zone de relative clémence où on ne lui prend que 45,23 %.

Mais à partir de 48 391 €, elle commencera à payer des allocations familiales et ça remontera doucement. Puis de plus en plus fortement à cause de l'entrée dans la tranche marginale d'imposition à 41%.

Comment atteindre le seuil du bonheur ?

Imaginons que notre orthophoniste ait 40 % de dépenses pro (très faisable hors des grandes villes) et que son acte moyen soit AMO 13 (comme le montrent les RIA des CPAM) :

43 992 / (1-40%) = 73 320 € de recette, soit 50 actes par semaine pendant 45 semaines par an.

Attention : avec ce nombre d'actes, vous ne faites qu'atteindre le seuil du bonheur. C'est en le dépassant que vous profiterez pleinement des 45,23 %, qui donnent un peu plus l'impression de travailler pour soi.

C'est une courbe en chameau.

Dans le tableau, il y a deux bosses à plus de 50 %, séparées par un creux à 45,23. 

Ce creux a tendance à suivre l'inflation. Le seuil du bonheur est à 43 992 € cette année mais il y a 10 ans, il était à 37 032 €. Les taxmen (en l'occurrence ceux de la Carpimko) font semblant de croire que nos tarifs suivent l'inflation, comme dans un monde normal.

Alors si vous visez le creux, faites bien attention à ne pas en sortir à l'insu de votre plein gré !


C'est "moins pire" qu'il n'y paraît.

Mon tableau parle de l'année où vous décidez de faire un bilan ou une séance supplémentaire. Vous paierez ensuite vos taxes dessus. Mais les charges sociales sont elles-mêmes partiellement déductibles.

Les cotisations d'aujourd'hui abaissent donc un peu la ponction de demain.

Résumons :

  • Travailler plus, ça vaut le coup. Toujours. La France est avide, mais elle vous laisse systématiquement une part de votre travail. Il est donc utile de travailler davantage. C'est juste une question de choix personnels.
  • Ceux qui se trouvent entre 43992 et 48391 € de bénéfice sont choyés par le système. Mais pour les atteindre, il leur a fallu payer énormément de charges fixes et proportionnelles sur les 43992 premiers euros gagnés.
En même temps, le sophisme initial comporte bien une part de vérité : à un moment, la France atteint des taux qui peuvent en décourager plus d'un. Elle se tire une balle dans le pied. La redistribution, c'est bien, mais c'est comme les médicaments : c'est une question de dosage. 
 
Il est clair que dès qu'on dépasse 50 %, on décourage les gens.
 
 Or on les atteint vite, surtout quand on n'a pas (ou plus) d'enfants à charge.
 
50 %, c'est la limite de la spoliation : au-delà, vous savez que vous travaillez plus pour les autres que pour vous. Le pays a donc choisi la spoliation, en l'emballant dans les bons sentiments pour qu'on ne puisse rien dire. Et avec les arguments habituels :
  • Si on vous les prend, c'est que vous pouvez le supporter.
  • Beaucoup de gens aimeraient bien payer autant d'impôts.
  • Les inégalités ne font que croître, donc il faut prendre l'argent là où il est.
  • La transition écologique nous impose des dépenses considérables, il faut mettre à contribution ceux qui en ont les moyens pour prendre soin des victimes du réchauffement.
  • La France a une économie sociale de marché, un modèle auquel nous sommes tous attachés. Chacun doit y contribuer à la mesure de ses moyens.
Ce qui nous permet de tenir, c'est la détaxation relative des premiers euros gagnés dans l'année. Les deux premières tranches d'imposition (0 et 11%) doivent être remplies avant l'entrée dans la tranche à 30 %. 
 
Donc ces collègues au revenu moyen paient leurs 53,6 % uniquement sur les derniers mois de l'année. Mais tout travail supplémentaire serait taxé à 53,6 %, jusqu'à ce qu'ils atteignent le seuil du bonheur.

Quelques points de discussion :

  • Les taux d'impôt sur le revenu du tableau sont ceux des célibataires. Si vous ne l'êtes plus, le raisonnement est le même, mais les bornes varient. Cet article vous explique tout : https://www.capital.fr/votre-argent/tranche-marginale-d-imposition-1352107
  • Les chiffres sont ceux de 2023. Ils changent un peu tous les ans.
  • Le taux d'assurance maladie est celui des revenus conventionnés. Si vous avez des revenus non conventionnés (ex : activité secondaire, redevance de collaboration), l'assurance maladie vous prend 98 fois plus.Vous avez bien lu.
  • Je vous ai épargné la tranche d'imposition à 45 %, qui ne concerne quasiment aucun paramédical. J'aurais même pu pousser jusqu'à 205 680 euros, où la CARPIMKO nous laisse enfin tranquilles. Mais à quoi bon...
  • Les taux de ce tableau sont aussi ceux de la déduction pour tout achat supplémentaire : vous savez combien le pays vous rendra sur un nouveau stylo. 

 

Un dernier mot : si vous voulez recevoir tous les jeudis ma newsletter sur l'actu ortho et paramédicale, il vous suffit de cliquer ici et de laisser votre adresse email. En 5 minutes par semaine, vous serez au courant de ce qui se passe.

vendredi 5 mai 2023

TUTO : la nouvelle déclaration d'Urssaf et de Carpimko

Vous êtes un paramédical libéral et vous avez eu du mal à comprendre le fonctionnement de la déclaration d'Urssaf et de Carpimko sur Net Entreprises ?

Après avoir noué votre cerveau dans tous les sens, vous avez tout de même réussi à dominer les cases A à W et à mémoriser leur fonctionnement ?

Eh bien... on efface tout et on recommence !

La déclaration Dspamc sur Net-Entreprises n'a même pas existé dix ans. J'ai encore sous les yeux un courrier de la FNO qui nous expliquait le fonctionnement de ce nouveau site en 2018.

Dès 2022, les frères Rap'tout nous ont expliqué que dans un esprit de simplification, tout allait se passer désormais sur impot.gouv.fr. Ca ressemblait à une bonne nouvelle.

Mais ces gens sont joueurs. A moins qu'ils manquent légèrement d'empathie ? Je n'ose le croire.

Nous découvrons le pot aux roses en ce doux printemps 2023. Le fisc a "simplifié" la Dspamc en remplaçant toutes les cases que nous avions patiemment apprises par celles-ci :

 
Amusant, non ? Heureusement, Bercy fait bien les choses : ils vous proposent une notice de 17 pages. Le plus cocasse, c'est que cette lecture rédigée dans un sabir confus vous servira... à vous faire taxer. Voilà qui donne envie de s'y plonger.
 
 
Comment s'en sortir sans lire les 17 pages ?




Déjà, il faut faire preuve d'empathie (nous, nous savons le faire) et chercher à comprendre pourquoi ils nous posent toutes ces questions.
 
L'Urssaf et la Carpimko ne peuvent pas se satisfaire de notre déclaration 2035, et encore moins de la déclaration 2042. Par exemple, elles ont besoin de savoir si une partie de nos revenus est non conventionnée : l'Urssaf surtaxe ce type de revenus, alors que la Carpimko les détaxe légèrement.
 
Une fois qu'on capte l'utilité de la chose, on s'énerve déjà un peu moins. Mais quand on regarde le détail, on constate quand même que la plupart de ces cases auraient pu être calculées par le fisc lui-même, sur la base de la 2035 et du relevé SNIR. La FNO dit que notre temps est précieux. Le fisc pense l'inverse : c'est un service public qui estime que la population est à son service. Qui sert qui ? La réponse est limpide, malheureusement.

Mais jetons-nous dans cette mare et voyons si nous arrivons à y nager.



Prenons les cases avec méthode, d'abord pour ceux qui font une 2035 :

Je vous mets ici le résumé de ce que j'ai lu sur le sujet pour l'instant. Par exemple ici, entre autres. J'affinerai si besoin en éditant cet article a posteriori. 
 
Je mets en rouge les cases qui servent le plus.

DSGA, c'est la partie conventionnée de votre bénéfice :
BNC (case CP de la 2035 + DSAS) x recettes conventionnées (case DSAV) / total des recettes (cases AA + AF). Source  : FMF. Ancienne case O.
 
DSAT : recettes (honoraires bruts) versées directement par des IME, CMPP, CAMSP et autres établissements qui nous compliquent la vie avec la double prise en charge. Il faut être conventionné avec eux et appliquer  les tarifs normaux de la sécu, sinon c'est du revenu non conventionné et ça ne va pas dans cette case. C'est l'ancienne case Q, mais en recettes alors qu'à l'époque c'était du bénéfice.

DSFA : revenus exonérés à réintégrer si vous en avez : case CI de la 2035, pour les médecins. Et aussi les exonérations ZRR et ZFU. Ancienne case G. Attention, l'AGAO tient un autre discours. Consultez votre AGA si ça vous concerne...

DSBA : les sommes déjà soumises aux cotisations sociales. Par exemple des droits d'auteur. 
 
DSAS :  IJ CPAM (ancienne case L de Net-Entreprises), pour éviter une double taxation.

DSCS : totalité des recettes brutes : AG dans la 2035. Ancienne case W.
 
DSCA : charges sociales obligatoires : BT dans la 2035. Cette case sert à calculer la CSG, parce que cet impôt taxe les cotisations sociales. Ancienne case J.

DSEA : Madelin + PER : BZ + BU dans la 2035. Ancienne case K.

DSAR : DSEA x recettes conventionnées (DSAV) / total des recettes (DSCS). Ancienne case OF.

Associés-gérants : je laisse courir parce que si vous êtes concerné(e), vous avez sûrement un comptable.

DSAV : recette conventionnée. Ancienne case R pré-remplie par le relevé SNIR. La FNO disait de la corriger si besoin.

DSAW : dépassements d'honoraires. Ancienne case S pré-remplie par le relevé SNIR. La FNO disait aussi de la corriger si besoin.


Passons maintenant au cas des collègues en Micro-BNC :

 
En l'absence de déclaration 2035, la source est dans la 2042 elle-même :

DSGA : 5HP + (5HQ x 0,66). Si vous avez des revenus non conventionnés, il faut les enlever de cette case.
 
DSAT : recettes (honoraires bruts) versées directement par des IME, CMPP, CAMSP et autres établissements qui nous compliquent la vie avec la double prise en charge. Il faut être conventionné avec eux et appliquer  les tarifs normaux de la sécu, sinon c'est du revenu non conventionné et ça ne va pas dans cette case.

DSFA : 5HP (source FMF).

DSBA : les bénéfices (honoraires x 0,66) déjà soumises aux cotisations sociales. Par exemple les droits d'auteur. 
 
DSAS :  0 (source : FMF).

DSCS : 5HP / 0,66 + 5HQ
 
DSCA : Cotisations CARPIMKO + URSSAF -  CURPS - CFP - CSG - CRDS.

DSEA : 0.

DSAR : 0.
 
Associés-gérants : je laisse courir parce que si vous êtes concerné(e), vous avez sûrement un comptable.

DSAV : recette conventionnée. Ancienne case R pré-remplie par le relevé SNIR. La FNO disait de la corriger si besoin.

DSAW : dépassements d'honoraires. Ancienne case S pré-remplie par le relevé SNIR. La FNO disait aussi de la corriger si besoin.

La suite ne concerne pas les lecteurs de ce blog, donc je laisse courir aussi.

 

Ouf ! Vous avez gagné... le droit de rejouer l'an prochain.

Au final, on retrouve la plupart de ses petits quand on est habitué à l'ancienne déclaration.

Une chose m'inquiète : c'est la case DSAT, qui demande une recette alors qu'avant on raisonnait sur un bénéfice. Je vérifierai si l'URSSAF applique les bonnes formules quand je recevrai mon avis de ponction au début de l'été.

mardi 18 avril 2023

"Ce jour où je me suis senti riche"

 
"Ce jour où je me suis senti riche", c'est le titre un peu provocateur d'une série de l'été dans les Echos. C'était en 2020, entre deux confinements. Le journal a tracé plusieurs portraits dont celui de Maëlle, une étudiante en orthophonie qui travaillait chez McDonald's. Elle est probablement diplômée à présent. Elle peut être fière de ce qu'elle a accompli en toute indépendance.

Magie des réseaux sociaux : cet article des Echos aura attendu trois ans avant d'être relayé sur le groupe Facebook des Clés de la Réussite. Le passage qui a le plus fait réagir les collègues a été celui où Maëlle disait qu'elle espérait gagner 3 500 € par mois à 35 ans. 

De plus en plus de collègues pensent que c'est impossible. Elles craignent d'être cantonnées autour du revenu médian français (2187 € d'après ce site) malgré leur bac +5.

Cet article vous est dédié si vous le croyez aussi. Je vais vous montrer que non seulement Maëlle avait raison, mais qu'elle peut largement aller au-delà si elle le souhaite, sans travailler comme une bagnarde. L'orthophonie libérale n'est pas encore une voie de garage. 

 

Ne nous leurrons pas : il y a de quoi déprimer à l'heure actuelle.


 
Quelques motifs, pris au hasard :

  • Le groupe des reconversions fourmille de messages de collègues qui ne se reconnaissent plus dans le métier tel qu'il est. On y voit aussi souvent des posts d'ex-collègues qui disent à quel point elles sont heureuses à présent.
  • Le groupe sur le burn-out fait peur.
  • La FNO s'est sentie contrainte de signer deux accords sans hausse de l'AMO : les avenants 16 et 19. En même temps, quel matamore peut prétendre qu'il aurait obtenu autre chose ?
  • Les caisses ne négocient qu'une fois tous les cinq ans sans qu'on sache pourquoi.
  • L'inflation a fait son grand retour depuis la fin de 2021. Ma formation sur le sujet, 117 antidotes contre l'inflation, a d'ailleurs été prise par 214 collègues. Ca montre une inquiétude légitime. Nous sommes pris en étau.
  • Le forfait FAMI (la prime à la télétransmission) a du plomb dans l'aile : les caisses l'utilisent pour nous forcer à entrer dans une CPTS ou une maison de santé. Et pourtant, le compérage reste interdit. Allez comprendre...
  • La Carpimko n'arrête pas d'augmenter ses ponctions, comme si nous pouvions les répercuter sur nos tarifs.
  • L'UNAPL, un regroupement de syndicats de professions libérales dont la FNO est membre, a revendiqué et obtenu l'instauration de notre 14ème charge sociale. Je n'en reviens toujours pas. Elle a beau jeu, à présent, d'alerter le gouvernement sur les effets de l'inflation...
  • Le gouvernement nous prend pour de dangereux criminels récidivistes, avec son extrapolation des indus et la suppression de la participation des caisses à nos charges sociales en cas de fraude qu'il considère comme avérée. Le président Sarkozy avait supprimé la double peine, mais on la réinstaure pour les professionnels de santé.
  • Notre nomenclature devient une usine à gaz, même si elle n'a pas encore atteint le niveau de complexité tragi-comique de celle des infirmiers.
  • Les AGA, même devenues facultatives, prétendent examiner notre "sincérité" et notre "conformité". Personne ne s'offusque de cette terminologie.
  • On nous a créé des normes sur nos comptes rendus, sur nos locaux (ex : le fameux WC-hall de gare), puis sur nos échanges informatiques. Du coup, je suis revenu au compte rendu sur papier. La norme étatique, c'est une passion française bien-pensante et sclérosante. Ces deux qualificatifs vont souvent de pair, d'ailleurs.

Ok, tout cela ressemble à une pente savonneuse. Tout se passe comme si les pouvoirs publics profitaient de notre amour du métier pour faire de nous les paramédicaux les plus rentables d'Europe, tout en nous assaillant de tracasseries bureaucratiques.

 

Et pourtant, nous avons tous eu un jour où nous nous sommes sentis riches, comme disent les Echos.

Le mien fut le 2 novembre 1992. L'année des derniers JO en France. J'avoue que ça remonte un peu.

Ce matin-là, je montai dans ma fidèle Lada Samara. Je ne me rendis pas à Albertville mais à Bolbec, une charmante cité normande. J'avais 22 ans et je m'apprêtais à mettre mes pieds dans les pantoufles de la titulaire que j'allais remplacer pendant cinq mois (avant d'aller apprendre à tuer mes semblables pendant dix mois pour la gloire de la France).

Après six ans d'études dont quatre en orthophonie, je découvris l'opulence en une matinée : en deux séances, j'avais déjà gagné de quoi faire le plein de la Lada !

J'ai ensuite accumulé de quoi vivre confortablement pendant le service militaire. Puis à mon retour, j'ai rapidement eu de quoi acheter une longère normande avec 7000 m2 de terrain. Elle valait le prix actuel d'une Peugeot 408 : 45 000 €.

A l'époque, l'AMO commençait déjà à devenir anémique puisqu'il ne suivait plus l'inflation depuis 1983. Mais cela ne se sentait pas encore trop. 

Bien sûr, les frères Rap'tout (Urssaf, Carpimko et fisc) m'ont rapidement repéré. Mais la Carpimko ne connaissait pas encore les petits soucis d'hormone de satiété qui sont devenus les siens par la suite. Quant à la CSG, elle prenait 1,1 % de mon revenu, et non 9,7 comme aujourd'hui. En contrepartie, d'autres cotisations de l'Urssaf, notamment les allocations familiales et l'assurance maladie, étaient plus élevées qu'aujourd'hui.


Retour en 2023


Aujourd'hui encore, quand on passe subitement du budget d'un étudiant à celui d'un orthophoniste libéral, il y a de quoi avoir le vertige et d'en être reconnaissant envers le pays qui rend ça possible ; d'autant qu'on ne subit pas les frais d'un kiné ou d'un dentiste.

Aujourd'hui, on ressent aussi toujours autant les bienfaits de l'exercice libéral :

  • La sécu n'est pas un supérieur hiérarchique dictatorial.
  • On travaille comme on veut et quand on veut.
  • Nous avons une vie, contrairement à beaucoup de cadres. Nous pouvons laisser le travail au cabinet.
  • Nous restons des auxiliaires médicaux, mais les médecins nous font généralement confiance.

 

Il y a aussi des choses qui ont évolué dans le bon sens :

  • On n'a plus besoin d'écrire au médecin toutes les 20 séances, alors que c'était le cas quand j'ai commencé.
  • La comptabilité est quasiment devenue une formalité depuis qu'on peut importer ses relevés de banque dans un logiciel comme Orthomax et générer les écritures. Il y a même des sites payants comme Indy pour aller encore plus loin dans l'automatisation.
  • Les réseaux sociaux font qu'on n'est plus seul devant le moindre problème clinique ou administratif.
  • Le matériel gratuit est devenu pléthorique en deux temps : d'abord quand Bill a ouvert Pontt, puis avec le confinement et la légalisation de la téléorthophonie.
  • La liste d'attente peut être mise à distance grâce à des sites peu onéreux.

 

Nous avons même échappé au pire.


Bien sûr, le pire aurait été un déconventionnement partiel ou total de nos soins. Mais même sans aller jusque là, nous avons échappé aux quotas qui étaient dans l'air à la fin des années 90. Les caisses auraient aimé plafonner nos recettes pour réduire leurs déficits.

Finalement, nous avons eu le suivi individuel (voir cet article où j'en ai parlé), avec des critères suffisamment bien tournés pour que ça ne ressemble pas à des quotas. Cette quasi-victoire reste le principal fait d'armes de nos syndicats depuis quarante ans.

 

Plus que tout, il faut rassurer les jeunes sur les revenus.

Bien sûr, une heure de travail ne suffit plus à faire son plein.

 
Surtout comme ça...

Mais le revenu moyen des orthophonistes libéraux était de 2770 € avant la pandémie (source : AGAO). Après le trou d'air de 2020 et 2021, il y a des chances pour que les statistiques de 2022 montrent un certain retour à la normale.

Mieux : l'AGAO nous répartit toujours en quatre tranche de revenus. La tranche haute se situe à 4 569 € en moyenne ! 

 

Il est donc clair que vous pouvez atteindre 5 000 € si vous êtes orthophoniste

Et cela, dès le début de votre carrière puisqu'il n'y a aucune prime à l'ancienneté !


 Un rapide calcul le confirme :

  • L'AGAO nous dit que la tranche 4 n'a que 37,8 % de dépenses pro : plus on travaille, moins les charges fixes pèsent sur le revenu. 5000 € de revenu mensuel équivalent donc à une recette de 96 463 € par an.
  • Cette recette correspond à 2144 € par semaine, si on travaille 45 semaines par an (5 semaines de congés + les jours fériés).
  • 2144 € = 66 AMO 13, la cotation moyenne que montrent la plupart des relevés individuels d'activité. 

On peut donc atteindre 5000 € de bénéfice mensuel en effectuant 66 actes par semaine ouvrée. Et si on descend à un AMO 12 moyen, il faut 71 actes.

Tout cela reste excellent pour un bac +5 dans la France d'aujourd'hui. En tout cas, c'est nettement mieux que dans beaucoup d'autres professions qui subissent en plus un lien de subordination !

Bien entendu, pour atteindre ces 66 ou 71 actes, il faut avoir des semaines plus laborieuses qui compensent les semaines de basses eaux ; surtout si on reçoit une majorité d'enfants.

Mais l'essentiel est là : non seulement les 3 500 € de Maëlle sont réalistes, mais en plus on peut aller nettement plus loin si le cœur nous en dit. J'ai raisonné sur 5000, mais ce n'est qu'un seuil symbolique. 

C'est en tout cas un revenu très enviable à l'heure actuelle dans ce pays. On ne peut pas parler de richesse. Mais c'est un revenu qui permet d'aller chez Aldi sans stress. Voire même chez Carrefour, soyons fous !

Bien sûr, il y a ensuite la question de l'impôt sur le revenu. Mais quand on travaille plus, il en reste toujours plus. Et puis on peut défiscaliser. 

 

J'en ai souvent parlé ici et dans mes formations.

 

Petit disclaimer pour conclure

Loin de moi l'idée de chercher à stigmatiser les collègues qui ont trouvé les 3500 € de Maëlle irréalistes ; et encore moins la volonté de pousser les jeunes vers le burn-out. Nous n'avons pas tous les mêmes obligations familiales, la même capacité à rester sur une chaise, les mêmes frais pro et perso, les mêmes loisirs, les mêmes envies.

Mais la beauté de l'exercice libéral, c'est le choix. Et pour l'instant, ce choix, nous l'avons encore !

Surtout, si vous êtes étudiante ou jeune orthophoniste, ne croyez pas que vous avez passé cinq années chargées pour vivoter de plus en plus difficilement pendant les 43 ans qui suivront. Il est possible que ça arrive. Mais votre destin n'est pas écrit.

Vous pouvez vivre correctement en travaillant 4 jours par semaine, en terminant à 18h et en prenant 8 ou 10 semaines de congés par an. Mais vous pouvez aussi vivre TRES correctement si vous le voulez. Ca reste un métier royal, surtout hors des grandes villes (le fameux archipel français).

Bien sûr, la nature humaine étant ce qu'elle est, nous sommes plus enclins à parler du gel de l'AMO et de tout ce qui nous afflige, plutôt que des 5000 €. Mais en fait l'essentiel reste préservé, et de récents témoignages sereins du groupe des Clés le prouvent : tout reste ouvert devant vous !


vendredi 17 février 2023

Charges sociales : libéral vs salariat

 

Les professions libérales ont un avantage social que les salariés n'ont pas.

Si, si. Cet article va vous le démontrer.

La semaine dernière, j'ai entendu Christian Poyau, le patron de Micropole, dire que quand une boîte allemande pouvait embaucher 5 ingénieurs, sa concurrente française n'en embauchait que 3 avec le même budget (voir ici) !

La raison ? Les charges sociales gigantesques qui pèsent sur l'emploi qualifié chez nous. On a fortement favorisé l'emploi peu qualifié pour lutter contre le chômage, en diminuant les charges qui pesaient sur les bas salaires. Mais dans le même temps, on a déplafonné les cotisations sur les hauts salaires, qui sont donc devenues un outil de redistribution plutôt qu'une assurance comme on cherche à nous le faire croire.

Il n'est donc pas aisé de comparer le système des salariés et le nôtre : les exonérations, les assiettes et les barèmes diffèrent complètement. Essayons tout de même de raisonner simplement.


Pour commencer, comparons ce qui est comparable et entendons-nous sur les termes.

Le revenu net des salariés est ce qu'ils toucheraient si l'impôt sur le revenu n'existait pas. L'équivalent pour nous, c'est le bénéfice non commercial (BNC) qui figure en première page de la déclaration 2035.

Le revenu brut des salariés, c'est le net + les cotisations sociales salariales. On en parle beaucoup, mais au final c'est une fiction : le salarié touche nettement moins et le patron dépense beaucoup plus. L'équivalent pour nous, c'est BNC + Urssaf + Carpimko.

Le superbrut des salariés, c'est le net + les cotisations sociales salariales ET patronales. Nous n'avons pas vraiment d'équivalent, même si la sécu cotise un peu pour nous à l'Urssaf et à la Carpimko. Je ne peux pas inclure ça dans le raisonnement, parce que ce n'est pas de l'argent qui sort de notre compte pro. Le superbrut, lui, sort bien de la poche de l'employeur, comme le net.

On ne peut pas non plus dire que le superbrut soit l'équivalent de nos honoraires, puisque ceux-ci servent aussi aux fonctionnement du cabinet : loyer, déplacements, achats de matériel pro, formations, etc. Les entreprises ont aussi des dépenses pro qui n'entrent pas dans le calcul du superbrut.


 Je vais donc chercher à comparer le net (ce qu'on gagne) et le superbrut (net + charges sociales).

En fait, ce qui intéresse le salarié, c'est le net. Et ce qui concerne le patron, c'est le superbrut. Si le monde salarié fonctionnait comme le nôtre, les salariés toucheraient le superbrut et les salariés feraient des virements aux organismes sociaux. Ca changerait sûrement leur perception des choses.

Prenons par exemple le revenu annuel moyen des orthophonistes libéraux : 33 241 € en 2019, avec une recette de 58 270 € (source : AGAO). Je prends 2019 pour ne pas être influencé par le Covid, en attendant les statistiques de 2022 qu'on n'a pas encore.

Maintenant, passons les chiffres dans la moulinette des simulateurs de charges sociales de l'Urssaf : ici pour les salariés, ici pour les auxiliaires médicaux libéraux

Je vous synthétise tout ça dans ce tableau :

Nous payons 13 227 € de cotisations en moins ! 

Voilà pourquoi nous avons une retraite anémique, des indemnités maladie risibles, des congés maternité financièrement dangereux et quasiment aucun droit au chômage. En fait, c'est équitable.

 

Non seulement c'est juste, mais en plus c'est un privilège énorme dans ce pays où l'Etat traite les adultes comme des enfants.

Un salarié ne peut pas choisir son degré de protection sociale : ses cotisations sociales sont plus hautes que celles de la majeure partie des pays de l'OCDE, mais il n'a pas le droit de dire : "Je suis dans un métier sans risque de chômage, alors j'arrête de m'assurer contre ce risque pour augmenter mon salaire net."

Il ne peut pas non plus choisir de diminuer son énorme cotisation retraite pour acheter des actions ou des appartements locatifs.

Nous, on nous laisse la bride sur le cou.

Et plus on travaille, plus cette liberté devient criante. Regardons ce que ça donne avec un net de 50 000 € (sans dépenser plus pour le cabinet) :


 

Que faire de cette liberté ?


Trois solutions :

  • Vivre l'instant présent, avec une protection sociale plus faible.
  • Fabriquer une auto-cotisation patronale, avec le degré de protection que NOUS décidons et en mettant l'argent là où NOUS le voulons. Ca peut même être un acte politique. Ex : choisir un investissement socialement responsable avec les bons critères ESG, plutôt qu'une action Exxon Mobil.
  • Mixer les deux solutions ci-dessus, pour ne pas vivre comme un Harpagon moderne, ni comme une cigale irresponsable.

La beauté de l'auto-cotisation patronale, c'est qu'elle peut nous amener au même degré de protection qu'un salarié en fournissant moins d'efforts !

Les opérations immobilières auto-financées existent encore. Et le rendement des actions reste très flatteur sur le long terme.

Patrick Artus, un économiste français de chez Natixis, a d'ailleurs calculé que si la France avait fait le choix du 100% capitalisation au début des années 1980, chaque euro cotisé aurait donné droit à 21,90 € de pension en capitalisation, contre 1,93 € en répartition (voir ici).

Bien sûr, le passage à la capitalisation totale n'est pas près d'arriver, pour des raisons pratiques (transition compliquée) et politiques.

Mais nous, les libéraux, nous pouvons d'ores et déjà en faire nettement plus que les salariés !

 

Le tout est de bien comprendre que notre revenu doit financer notre train de vie ET notre auto-cotisation patronale.

Puis s'organiser en conséquence, en dégageant une capacité d'épargne (c'est le thème de plusieurs de mes formations en ligne), par exemple avec la méthode des trois comptes ; et en l'investissant seul ou avec l'aide de conseillers en gestion de patrimoine.

On peut même investir cette capacité avant impôt grâce au plan d'épargne retraite (ex: les PER pas chers de Linxea ou de Meilleurtaux) ou à d'autres niches fiscales que Bercy met à notre disposition. Le choix est vaste (voir ici).

Pour augmenter sa capacité d'auto-cotisation patronale, on peut aussi chercher à réduire le travail bénévole, automatiser la paperasse sans forcément prendre un comptable (ex : en important ses relevés de banque dans un logiciel comme Orthomax) et confier la liste d'attente à des solutions comme Inzeecare ou Perfactive.

 

L'Etat français nous traite en adultes libres et responsables. 

Savourons ce privilège.

 

Les tenants de l'infantilisation des salariés disent qu'en fait, le peuple a choisi en manifestant pour obtenir le système actuel. Il aurait donc voté avec leurs pieds. J'ai entendu cet argument dans la bouche de l'économiste atterré Benjamin Coriat, par exemple. Cela revient à dire que ceux qui manifestent décident pour les autres et que les urnes ne servent à rien. 

Il y aura toujours des gens qui voudront faire le bonheur des salariés à leur place. Leur idéologie les y pousse. Espérons que nos représentants n'en arriveront jamais à de telles extrémités liberticides ! 

L'Union nationale des professions libérales, dont la FNO est membre, a donné un signal très inquiétant en militant avec succès (forcément) pour l'instauration notre 14ème charge sociale en 2021. Elle ne confisque que 0,3 % de notre revenu, mais ça peut être un doigt dans un engrenage dangereux. La CSG-CRDS a commencé à 1,1%, avant de passer progressivement aux 9,7 % actuels...

Et surtout, c'est un marqueur idéologique : nos propres représentants préfèrent la cotisation obligatoire, plutôt que la liberté de se s'auto-protéger.

Alors en attendant qu'ils obtiennent de nouvelles hausses de charges, profitons de notre liberté !