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mardi 25 novembre 2014

CARPIMKO : +200 %, mais nous étions prévenus



La CARPIMKO possède 3 régimes de retraite pour les paramédicaux conventionnés :

- le régime de base, géré par la CNAVPL qui fédère 10 caisses de professionnels libéraux
- le régime complémentaire, géré par la CARPIMKO elle-même
- l'avantage social vieillesse, au rendement divisé par 6 en 2008 (voir ici), géré par la CARPIMKO mais dont les modalités de fonctionnement dépendent de la convention avec l'UNCAM.

La CARPIMKO s'est beaucoup insurgée contre les dernières réformes du régime de base, contre lesquelles elle a voté. Elle a même créé un site participatif dédié, après avoir un temps menacé de quitter la CNAVPL : http://www.conseilcarpimko.com/la-reforme-en-question/
Finalement, tout est rentré dans l'ordre et nous avons eu une jolie augmentation de 17% des deux cotisations du régime de base, comme prévu. La transition s'est achevée cette année, en attendant la prochaine "réforme".

L'avantage social vieillesse étant devenu une peau de chagrin, intéressons-nous aujourd'hui à l'évolution du régime complémentaire, d'autant que c'est sur lui que la CARPIMKO a la plus grande autonomie. Voici quelques données intéressantes :

  • Il y a 20 ans, la cotisation était complètement indépendante du revenu. Elle était de 2616 F, soit 399 €. Si l'on inclut l'inflation, cela fait 537 € (source : INSEE). Si l'on suit juste la même évolution que celle de l'AMO, cela fait 492 €. Feignons d'ignorer le fait que l'AMO a été décroché de l'inflation et conservons 537 € comme référence.
  • Cette cotisation existe toujours. Elle est même très vaillante, puisqu'elle s'élève cette année à 1392 €. Elle a donc été multipliée par 2,6.
  • En 1996, il a été décidé de lui adjoindre une taxe proportionnelle : la CARPIMKO s'est mise à prélever 3% des revenus dépassant un certain montant. Cette année, le seuil se situe à 25 246 €, ce qui concerne beaucoup de monde. Au total,  un paramédical ayant un bénéfice de 30 000 € aurait réglé 537 € il y a 20 ans, en euros constants. Cette année il paie 1535 €, donc quasiment le triple !  
Comparons à présent les droits acquis avec ces deux montants :
  • Il y a 20 ans, pour ses 537 €, le paramédical obtenait 8 points à 95,68 F, soit 157 € actuels. 
  • Aujourd'hui, celui qui gagne 30 000 € obtient 8,82 points à 19,24 €, soit 170 € (hypothétiques, en attendant de futures réformes). Il a donc gagné 8,3 % de droits à la retraite, qu'il s'est offerts avec une cotisation triplée.
J'ai écrit à la CARPIMKO pour lui demander comment une telle dérive avait été rendue possible. Voici sa réponse :

"[...] l'augmentation constatée de la cotisation du Régime Complémentaire est liée à la baisse programmée du taux de rendement de ce régime, menée depuis l'année 1994.

En effet, les projections effectuées ayant démontré la nécessité de diminuer ce taux afin d'assurer la pérennité financière du régime, le conseil d'administration a décidé de le ramener progressivement de 30 % en 1993 à celui pratiqué par les autres régimes similaires ; actuellement, ce rendement est de 11,07 %.

Les affiliés de la CARPIMKO ont été informés de cette mesure par l'intermédiaire des bulletins de la Caisse.[...]"

Autrement dit, tout est normal. La CARPIMKO peut tripler une cotisation à partir du moment où elle prévient les gens, même si leurs lettres-clés sont gelées. L'effort est demandé aux seuls actifs, à qui l'on promet une retraite maintenue. Mais après le choc de l'automne 2008, plus aucune promesse de retraite n'est crédible. La seule chose tangible, c'est le fait que nous cotiserons toujours davantage pour les retraités actuels qui ont connu une situation de rêve en comparaison de la nôtre.

mercredi 8 octobre 2014

DPC : l'Etat prend acte de la ruine



Il y a quasiment un an, j'avais évoqué les difficultés financières de l'OGDPC :

http://orthophonie-et-patrimoine.blogspot.fr/2013/10/le-dpc-manque-dargent-preparez-votre.html

Depuis lors, les choses ne se sont pas arrangées. Il est clair que l'OGDPC ne pourra pas financer la formation de tout le monde. L'Etat vient d'en prendre acte en publiant un nouveau décret :

http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000029552409&dateTexte=&categorieLien=id

Délectons-nous de la techno-langue de bois un instant : l'objet de ce décret est l' "amélioration de la régulation budgétaire de l'organisme gestionnaire du développement professionnel continu (OGDPC)." Qu'est-ce qu'une amélioration ? Dans le cas présent, c'est une baisse de la participation de l'OGDPC, qui ne financera plus nos formations, mais y concourra. Ce dernier verbe apparaît deux fois dans le décret paru aujourd'hui. On améliore les choses en les dégradant...

Notez que ce texte n'exclut pas l'instauration d'une taxe qui viendrait compenser le manque de participation de l'OGDPC.

Voilà qui ne va pas inciter les récalcitrants à s'inscrire à une formation DPC, d'autant qu'on n'a pas encore entendu parler d'application des sanctions prévues par la loi. Si on supprime les incitations et qu'on n'instaure pas la peur du gendarme, on détruit le dispositif qu'on voulait imposer. Ce n'est pas moi qui m'en plaindrai.


Merci à Evi, modo d'Orthogestion,  pour cette info

jeudi 24 juillet 2014

Logicmax is "mooving"


Logicmax est bien connu chez les paramédicaux : c'est l'un des principaux éditeurs de logiciels de gestion de cabinet. La société fêtera ses 20 ans l'an prochain. Chez les orthophonistes, Orthomax s'est imposé chez les adeptes du Macintosh, puisqu'il était sans concurrence. Mais sa copie conforme existe aussi sur Windows. Ce choix m'a d'ailleurs permis de changer deux fois de système d'exploitation au cabinet.

Mais que ce soit sur Mac OS ou Windows, l'interface du logiciel était restée peu ou prou la même depuis que nous l'avions installé, en juin 2000. Le moteur interne avait été réécrit lors de la sortie de la version 9, mais c'était resté transparent pour l'utilisateur. Les deux principales améliorations visibles furent l'intégration (obligatoire) du cahier des charges 1.40 qui permettait de pratiquer le tiers-payant avec les complémentaires santé, puis la synchronisation des données avec l'iPhone, l'iPad et Android.

Logicmax aurait pu se reposer sur ses lauriers et vivre de la maintenance : une fois que les clients sont captés, ils partent rarement à la concurrence. Mais s'ils ne le font pas, c'est souvent pour ne pas changer leurs habitudes et parce que ce ne sont pas des geeks. C'est tout le dilemme d'un éditeur : quand il refond l'interface, il risque de dérouter ceux de ses utilisateurs qui sont peu intéressés par la découverte de nouveaux outils informatiques.

La société a tout de même pris ce risque, considérant qu'au milieu des années 2010, il était anormal d'utiliser une interface des années 1990. Elle a embauché des informaticiens qui travaillent sur ce projet depuis de longs mois. Et... mettons fin au suspense, voici le résultat, Orthomax Moov (cliquez sur les images pour les agrandir) :



Le logiciel s'ouvre sur l'onglet "Infos", que Logicmax enrichira de contenus professionnels variés. Le fond boisé est juste le mien, c'est personnalisable. J'aime l'ambiance "chalet des Alpes" : un avant-goût des vacances ;-)

L'interface a indéniablement pris un sacré coup de jeune. Elle fonctionne maintenant par onglets. Les enchevêtrements de fenêtres ont disparu. Ce système permet d'ouvrir plusieurs dossiers de patients à la fois : sur la première capture d'écran, j'en ai ouvert quatre. Il est possible de les fermer tous d'un coup pour faire le ménage.

Autre point appréciable : on accède à la facturation depuis presque tous les écrans, ce qui représente un gain de temps.

Dans la partie comptabilité, j'ai été bluffé par l'importation directe des relevés de banque informatisés. Quel gain de temps, notamment pour les dépenses !

La prise en main est intuitive et extrêmement rapide. Après avoir converti ma base de données de la version 9 vers la version Moov, Logicmax a pris la main sur mon ordinateur pour installer le logiciel, puis m'a fait une démonstration pendant une heure. Rien de plus n'a été nécessaire, j'ai été immédiatement opérationnel. On sent que l'évolution a été pensée.

Bien sûr, tout n'est jamais tout rose : au cours des deux derniers mois où j'ai été bêta-testeur, j'ai eu quelques bogues mineures à faire remonter, ainsi que quelques erreurs de conception (ex : l'ordre des séances qui était inversé). Le tout a été corrigé. A mes yeux, la principale lacune persistante concerne les raccourcis-clavier, dont je suis friand. On peut naviguer dans les menus avec ALT comme dans presque tous les logiciels, mais j'aimerais par exemple un CTRL-W pour fermer un onglet, comme dans Firefox. Dans la liste des patients, sur la gauche, j'aimerais aussi pouvoir appuyer sur V pour aller directement aux noms qui commencent par un V, par exemple. Cette fonction existait dans la version 9, j'espère la voir revenir. Pour l'instant, la souris est reine.

Dernier point, et non des moindres : le logiciel n'a jamais planté en deux mois. Comme quoi, même sous Windows et avec une bêta-version, la stabilité existe ! Chez mon cher associé, autre aventurier du bêta-testing, c'est un Macbook sous OS 10.9 Mavericks qui fait fonctionner le logiciel. Les rares plantages qu'il rencontre sont liés au vieil adaptateur USB-port série de son antique lecteur de cartes Vitale, qui a toujours fait des siennes

Au total, on ne peut que féliciter Logicmax pour avoir osé mettre sur le marché ce produit bien agréable et intuitif. Le saut qualitatif est le même que celui que nous, les vieux, avons connu quand Windows 95 a remplacé Windows 3.1. Mais en plus, Logicmax produit un code plus fiable que celui de Microsoft.


EDIT : Logicmax présente aussi son logiciel sur ce PDF.

mercredi 4 juin 2014

SHOWTIME !



Comme je l'écrivais le 11 mars (cliquez ici), la FNO souhaite nous informer sur la loi de 2005 qui nous oblige à modifier nos cabinets à nos frais, sous peine d'aller passer 5 ans en prison et/ou de payer 75 000 € d'amende (voir ici).

A présent, notre unique syndicat représentatif va plus loin. Je le trouvais trop neutre le 11 mars, mais à présent il écrit que "les professionnels de santé ne peuvent être opposés à l'esprit de cette mesure". Je reste pourtant opposé par principe à une mesure qui nie l'idée de propriété privée. Nos murs n'appartiennent pas à l'Etat, mais il nous force à les casser nous-mêmes.

Malgré tout, il faut savoir s'amuser de tout, y compris de la faillite et de la prison. La FNO, manifestement d'humeur guillerette et badine, nous propose donc... un quizz ! Amusons-nous à tester nos connaissances et remercions les créateurs de ce casse-tête IRL :

https://fno.sharingcloud.eu/public/fno/sharingcloud/id_39733/p_show_poll/?itemID=24

La situation m'évoque Running Man ou le Prix du Danger, où le perdant du jeu risque gros. Un sacré divertissement !

mardi 6 mai 2014

Le crédit d'impôt "Formation du chef d'entreprise"



(ce post est une mise à jour de celui que j'avais écrit en 2009 sur ce sujet)

Si vous avez suivi une ou plusieurs formation(s) en 2013, il n'est pas trop tard pour affirmer que vous êtes le Boss et demander à bénéficier du crédit d'impôt pour "Formation du chef d'entreprise". Bien sûr, vous êtes chef de vous-même uniquement, mais les professionnels libéraux sont inclus dans ce dispositif depuis la loi en faveur des petites et moyennes entreprises du 2/08/2005, applicable à partir de 2006 (source : article 244 quater M du code général des impôts).

Bien entendu, vous déduisez tout de même les dépenses liées à cette formation, telles que les frais d'inscription, d'hébergement, de restauration et de déplacement (kilomètres ou frais réels). Tout ceci est imputé comme d'habitude, dans les charges de la déclaration 2035. Le crédit d'impôt dont je parle ce soir vient s'ajouter aux déductions, sans qu'il soit besoin de les réintégrer. Ce n'est pas Noël tous les jours, mais en l'occurrence, remercions nos ministres pour leur mansuétude.

Concrètement, pour bénéficier du crédit d'impôt "Formation du chef d'entreprise", vous devez utiliser l'imprimé fiscal 2079-FCE-SD. Vous pouvez le télécharger ici. Dans le cadre I-A de cet imprimé, vous entrerez votre nombre d'heures de formation sur l'année (plafonné à 40 malheureusement), que vous multiplierez par le taux horaire du SMIC : 9,43 € au 31/12/2013. Donc le crédit d'impôt ne peut excéder 40 x 9,43 = 377,20 €.

Il faut ensuite reporter le total sur la déclaration 2035, annexe B, cadre 8, case GH (merci à Bout's). Votre AGA vous demandera peut-être l'imprimé 2079-FCE-SD. Quant au fisc, il l'exige.

Enfin, il faut reporter également le total dans la déclaration personnelle 2042 complémentaire, en case 8WD. Cet été, vous aurez la joie de voir apparaître le crédit d'impôt sur votre avis d'imposition !

mardi 11 mars 2014

Haute stratégie

La Fédération nationale des orthophonistes envoie actuellement à ses adhérents un email de sa vice-présidente chargée de l'exercice libéral, Mme Cardonnet. Elle y décrit de manière très neutre les décisions du Premier ministre concernant les aménagements de la loi du 11/02/05 pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées. Rappelons que cette loi fait peser un risque pénal sur une grande partie des commerces et des cabinets médicaux et paramédicaux : 45 000 € d'amende maximale et 6 mois d'emprisonnement en cas de récidive. Tout cela se passe dans l'indifférence générale, d'autant qu'il est difficile de s'attaquer à une loi qui part d'un bon sentiment. Mais dès le Jour de l'An, ceux qui n'auront pas déposé un dossier Ad’AP décrivant leurs travaux seront de grands délinquants. Pour plus de détails :


Dans le même temps, la FNO nous informe des péripéties juridiques touchant l'école d'orthophonie privée de Toulon, ouverte par le CLESI (qui vient d'être conforté par une décision de justice) :
http://portail.clesi.fr/sciences-de-la-sante-2/orthophonie/
Là, le ton change radicalement, l'heure est à la mobilisation générale : comme à la grande époque du master, la FNO retrouve son champ lexical habituel et exige la fermeture immédiate du CLESI. Après nous avoir demandé de boycotter les stagiaires de l'école Toulon (qui ne savent pas ce qu'ils font, pardonnez-leur Seigneur) pour des raisons juridiques, elle appelle à manifester vendredi à Paris, avec l'ensemble du CNPS.

Résumons-nous. D'un côté, il y a une menace mortelle décrite benoîtement, sans affect. De l'autre, il y a une forte indignation contre une université privée, alors que le numerus clausus est déjà une fiction à cause des logopèdes qui reviennent chaque année au bercail. J'avoue peiner à comprendre... Une fois que nous aurons dû mettre la clé sous la porte, les aléas du CLESI nous paraîtront bien insignifiants. Même l'AMO sera enfin le cadet de nos soucis : quel bonheur, quelle libération !

J'espère que les coefficients d'indignation seront révisés suite aux fameuses assises de l'orthophonie, qui se présentent comme un exercice de démocratie participative. Restons optimistes, il nous reste 9 mois et demi avant de devenir des délinquants.

Addendum du 12/03/14, suite à des commentaires sur Orthogestion :

Je sais bien que l'affaire du CLESI n'a rien à voir. Mais j'ai reçu 2 emails avant-hier : un sur le CLESI, envoyé par un syndicat remonté comme une pendule, et un sur les normes d'accessibilité, complètement neutre. Le contraste m'a sidéré. C'est comme si un médecin mettait le paquet contre un rhume en négligeant un cancer.

Je sais bien aussi que la loi a 9 ans. Depuis tout ce temps, je me dis que ce n'est pas possible parce qu'elle est trop décalée avec la réalité. La preuve, le Premier ministre en a pris acte le 26 février. Attendons les nouvelles normes pour agir. Ceux qui ont tout cassé pour faire des WC-halls de gare auront peut-être des regrets, du coup. Mais si les normes sont réellement assouplies, ce ne sera pas le fruit d'une mobilisation intense et indignée du seul syndicat représentatif de notre profession.

On peut aussi me dire que la critique est aisée mais que l'exercice est difficile. C'est l'argument habituel de ceux qui sont aux manettes et qui lisent des commentaires sur leur action. Je comprends qu'ils puissent être amers, d'autant qu'ils sont bénévoles. Mais si le commentaire est interdit, il faut aussi interdire les blogs et la presse en général. Au moment où la FNO se lance dans son grand exercice de démocratie directe, il est logique de chercher à faire émerger des idées sur son action et ses priorités.

vendredi 7 mars 2014

Le livret régional



La Caisse d'Epargne lance un nouveau livret bin d'cheu nous :

Voir l'article sur "Votre Argent"


Avec ça, un Normand aura la satisfaction de ne pas financer l'économie bretonne, non mais !

Attention, ce n'est malheureusement pas un avatar du livret A. C'est un compte sur livret. J'avais décrit ce type de produit ici :

http://orthophonie-et-patrimoine.blogspot.fr/2008/09/placements-srs-mais-fiscaliss.html

Bon, évidemment, vu les taux actuels, les CSL présentent un rapport net symbolique, mais ils peuvent s'avérer judicieux pour les liquidités, quand les livrets défiscalisés sont pleins ; en attendant les gros prélèvements d'impôts ou de charges sociales par exemple.

jeudi 20 février 2014

La FNO nous sonde.




La FNO prépare des "assises de l'orthophonie" (il est vrai que nous travaillons peu debout). Elles commenceront cette année et s'achèveront l'an prochain. Si j'ai bien compris, elles sont censées servir de base à la rédaction d'un texte d'orientation qui encadrera l'action du syndicat entre 2016 et 2019. Vu sous cet angle, c'est un exercice louable de démocratie participative. Pour préparer ces assises, tous les orthophonistes sont invités à répondre à un questionnaire :
https://fno.sharingcloud.eu/public/fno/sharingcloud/id_39733/p_showPoll/?itemID=16

On y trouve des questions auxquelles personne ne pourra répondre "non", comme celles-ci :
"Selon vous, dans le cadre de l’exercice libéral, l’évolution de la convention nationale pourrait porter sur : 
  •  la simplification administrative (ex. : dématérialisation des pièces administratives…) ? [...]
  •  l’augmentation des contreparties au conventionnement (participation plus importante des caisses aux charges sociales…) ?
  • l’augmentation de l’A.M.O., I.F.D., I.K. ?"
Il manque la baisse des charges, le 100% et la dispense d'avance pour tous les patients, la retraite sans perte de revenu à partir de 5 ans d'exercice, ou encore l'arrêt de la guerre en Syrie ;-) Un autre exemple :
"Pensez-vous que l’installation de nouveaux cabinets d’orthophonie doit être davantage encouragée dans les zones très sous-dotées ?"

A l'inverse, on relève aussi des questions où l'on sait à l'avance que la majorité des sondés répondra négativement : "La détermination des zones de très sous-dotées à sur-dotées correspond-elle à votre perception du terrain ?"
"Selon vous, dans les zones sur-dotées, l’installation d’un nouvel orthophoniste doit-elle être conditionnée par l’arrêt d’activité d’un orthophoniste exerçant déjà dans cette zone ?"


Une partie très intéressante concerne le développement de l'interprofessionnalité, avec malgré tout quelques questions induisant encore la réponse : "Selon vous, le rôle et la place du patient dans la décision et le déroulement des soins sont : primordiaux / secondaires". Je suppose que ce type d'item permettra ensuite à la FNO d'affirmer qu'une majorité écrasante des orthophonistes souhaite inclure les patients dans le déroulement de leurs soins. J'imagine mal les collègues répondre qu'ils préfèrent imposer les soins et les effectuer tout seuls :-D

La partie D du questionnaire est primordiale. Elle concerne notre statut et nous éclaire sur les intentions de l'équipe qui dirige actuellement le syndicat. Les questions 22 et 23, notamment, montrent qu'une réflexion a lieu actuellement dans les hautes sphères sur le maintien de la prescription médicale, au moins en cas d'urgence et pour certaines pathologies, voire pour toutes les pathologies. A mes yeux, cette possibilité possède le charme qu'une plante carnivore peut exercer sur une mouche. S'affranchir de la tutelle des médecins peut paraître agréable, tant sur le plan pratique que pour améliorer notre égo d'auxiliaires médicaux.

Mais suspendons notre vol deux minutes avant de nous poser sur la belle plante si attirante et réfléchissons. L'obtention du grade master pour les futurs collègues ne doit pas nous monter à la tête et nous transformer en grenouilles qui veulent se faire aussi grosses que le médecin. Les pharmaciens sont docteurs, mais ils ne peuvent pas vendre des antibiotiques sans ordonnance. Le master n'est donc pas un argument solide. Par ailleurs, je doute fort que les médecins acceptent de nous laisser faire. Et je doute encore davantage que les caisses remboursent des soins non prescrits. Les caisses auraient beau jeu de dire : "Puisque vous voulez l'indépendance des psychologues, nous vous déconventionnons. Merci pour tout ce que vous avez fait depuis les années 60, bon vent et au revoir."

Vous l'aurez compris, je sors très inquiet de la lecture de ce questionnaire. Entre le statut d'auxiliaire médical et le sublime isolement sans patients, le choix est vite fait. J'espère ne pas être digéré par la plante carnivore à cause de collègues qui n'auraient pas pensé aux conséquences d'une idée tentante.