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lundi 26 janvier 2015

Combien gagne un orthophoniste ?




J'avais écrit un billet sur le même thème il y a 4 ans : 
http://orthogestion.blogspot.fr/2009/05/etat-des-lieux-1-les-orthophonistes.html

Voici des données plus récentes, qui figureront également dans le PDF de mise à jour des Clés de la Réussite.



L’acte moyen est passé à AMO 12,1 en 2013. La moyenne des honoraires des adhérents de l’AGAO a atteint 54 443 €. En 10 ans, ce chiffre a augmenté de 14%. L’inflation, elle, a été de 18%.


Non seulement la recette ne suit pas l’inflation, mais en plus, les charges s’alourdissent : depuis 2003, elles sont passées de 43 à 46% de la recette.


Sur la même période, le bénéfice n’a donc pu augmenter que de 8%, passant de 27 135 à 29 430 € ; soit 2 453 € par mois. Les orthophonistes ne parviennent pas à compenser l’impressionnant décrochage de l’AMO en travaillant davantage. Ils se paupérisent doucement : 10% de pouvoir d’achat ont encore été perdus en 10 ans.


Notons que ce calcul n’inclut pas l’augmentation des impôts personnels : impôt sur le revenu, taxe foncière (sur l'habitation) et taxe d’habitation, qui viennent encore réduire le revenu réellement disponible.

Nous venons d'avoir une année de répit grâce à l'arrêt de l'inflation. C'est mauvais signe pour l'économie atone du pays, mais c'est une pause bienvenue pour nous. Espérons toutefois que nous n'entrerons pas dans la déflation : les caisses pourraient alors être tentées d'abaisser l'AMO, comme elles le font pour les radiologues. Ceux d'entre nous qui remboursent des crédits seraient étranglés financièrement, parce que leurs mensualités ne baisseraient pas.


(sources : FNO, AGAO, INSEE)

lundi 19 janvier 2015

Orthoscribe : 1 an sans comptes rendus à la maison !






Cela fait maintenant un an que j'utilise Orthoscribe, le générateur de comptes rendus de bilans orthophoniques. Ce logiciel, encensé par les uns et décrié par les autres, laisse difficilement indifférent. Retour sur 12 mois d'utilisation intensive.

Pour ceux qui ne l'auraient pas vu fonctionner, le logiciel se présente ainsi lors de son ouverture (cliquez sur les images pour les agrandir) :



Les icônes de gauche (Anamnèses, Tests, Modèles) permettent de personnaliser le logiciel selon ses envies. C'est loin d'être un carcan. Dans la partie Tests, on sélectionne ceux que l'on possède. Outre ceux qui sont proposés par défaut, il est possible d'en ajouter. Des collègues se sont attelés à cette tâche et ont gentiment diffusé sur Facebook les fichiers qu'ils ont ainsi créés, par exemple pour le test ECOSSE.

Quand on clique sur le bouton vert "Créer un dossier", on choisit s'il s'agit d'un bilan initial ou de renouvellement. Dans le second cas, le logiciel permet de chercher dans la liste des patients déjà enregistrés. Je n'ai pas encore trop exploré cette partie qui a récemment fait son apparition et qui a demandé un important travail aux développeurs.

L'anamnèse se présente de cette manière :







Ces 8 écrans peuvent être remplis par l'orthophoniste. Un questionnaire peut aussi être envoyé à la famille du patient avec un code d'accès, pour qu'elle le pré-remplisse en ligne. Quand c'est fait, un email est envoyé à l'orthophoniste, avec le questionnaire rempli. Un double-clic sur ce fichier ouvre Orthoscribe, qui intègre les données au dossier du patient. Lors de la génération du compte rendu, il utilisera toutes ces données pour compiler le texte de l'anamnèse (attention aux erreurs d'orthographe des patients). Pour l'instant, je ne me suis pas résolu à poser des questions aux patients avant de les connaître. Ceux qui le font apprécient le gain de temps lors de l'entretien : le tour d'horizon étant déjà effectué, cela leur permet d'insister sur les points qui méritent d'être approfondis.

Viennent ensuite le choix des tests utilisés et la saisie des données chiffrées. Pour la BALE et les 4 premiers Exalang (3 à 15 ans), les données quantitatives peuvent être directement importées. Il n'y a donc pas besoin de les saisir à la main.


Toutes ces étapes ne prennent que quelques minutes. C'est alors qu'arrive l'instant magique : vous cliquez sur "Créer le compte rendu" et vous vous retrouvez dans Word ou Open Office avec un texte et des graphiques agréables à regarder ! Il ne reste plus qu'à ajouter les informations qualitatives, le diagnostic et le projet thérapeutique.




D'une manière générale, ce logiciel m'a permis de regagner une qualité de vie que je n'avais pas connue depuis 1994. Je suis à jour dans mes comptes rendus. Et surtout, je les écris au cabinet, au lieu de ruiner mes soirées tout en me sentant coupable devant la pile de ceux qui restent à faire. Pour moi, le gain de temps se trouve dans la création de l'ossature, autour de laquelle je n'ai plus que la chair (le qualitatif) à mettre. Je peux même rédiger bribes par bribes, dès que j'ai quelques minutes : un patient en retard, un autre aux toilettes, etc. Parfois, en pratiquant de cette manière, un compte rendu me prend une demi-journée, mais il n'est plus à faire à la maison ! J'optimise donc les 12 heures passées au cabinet grâce à Orthoscribe.

Ce matin, j'ai communiqué quelques idées d'améliorations au sympathique Frédéric Boisselier, après 12 mois de progression du logiciel :

- Quand le logiciel reprend le titre d'une rubrique dans une phrase générée automatiquement, il faudrait retirer la majuscule (ex : "Assemblage"). On voit trop le copié-collé.
- Concernant le bilan de renouvellement, on n'a pas toujours les données du bilan initial dans Orthoscribe. J'aimerais que le logiciel me permette juste d'afficher "bilan de renouvellement" dans le titre, au lieu de me demander où se trouve le précédent bilan. C'était d'ailleurs le cas avant qu'Orthoscribe se mette à gérer le bilan de renouvellement.
- J'ai vraiment hâte que la neurologie soit gérée.
- J'aimerais que le Zareki et le dernier Exalang Lyfac soient mieux intégrés. Concernant Lyfac, une importation automatique comme celle des autres Exalang serait sympathique.

Si vous avez d'autres idées, l'équipe les écoutera : elle se montre très à l'écoute, depuis le début. C'est l'avantage des petites structures souples.

Orthoscribe, on aime ou on n'aime pas. Certains n'y voient aucun gain de temps. D'autres y voient le triomphe du chiffre sur le sens clinique. Moi, j'aime. J'ai donc décidé de souscrire une deuxième année. C'est comme tout outil : tout dépend de ce que nous en faisons. Si nous nous contentons d'envoyer au médecin l'ossature générée sans inclure de données qualitatives, nous ne méritons pas notre AMO 24. Mais si nous continuons à exercer pleinement notre métier, Orthoscribe peut nous rendre la vie plus belle. Même ma femme aime ce logiciel : elle ne passe plus deux soirs par semaine en ayant l'impression d'être célibataire.

vendredi 16 janvier 2015

Accessibilité : résumé de la situation



L’année 2014 aura été erratique mais décisive, concernant les normes d’accessibilité de nos cabinets imposées par la loi du 11/02/05. Le risque pénal a été maintenu : le non-respect des obligations d'accessibilité reste passible d'une amende maximale de 45000 € (225 000 € pour une SCM ou une SCI) et de 6 mois d'emprisonnement en cas de récidive. On ne peut qu’être pantois devant le silence des syndicats sur cette menace de ruine et d’emprisonnement. Parallèlement, le gouvernement a décidé de nous donner quasiment 4 ans de plus que prévu pour adapter nos cabinets (mais toujours à nos frais).
Vous trouverez ici le dernier décret, datant du 8/12/14, qui a assoupli certaines normes :

Ici, une foire aux questions très lisible, de la MACSF :



Concrètement, voici la marche à suivre pour nos « établissements recevant du public » (ERP) de 5ème catégorie :

- Il faut procéder à un diagnostic d’accessibilité, soit avec une entreprise spécialisée, soit soi-même. Les aménagements obligatoires sont bien résumés dans ce PDF auquel les syndicats ont collaboré (dans tous les sens du terme) :
Ici, une vidéo de l’URPS des médecins libéraux de Bretagne :

- Si le cabinet, ou au moins une partie, était aux normes au 31/12/14, il faut l’attester avant le 1/03/15. Vous trouverez ici un modèle d’attestation, diffusé par l’Etat :
Cette attestation doit être transmise par le propriétaire et/ou le locataire, selon les dispositions du bail. Il faut l’envoyer en recommandé à la préfecture. Si la commune a plus de 5 000 habitants, il faut aussi l’envoyer à la commission communale pour l’accessibilité.

- Si le cabinet n’était pas aux normes au 31/12/14, il faut déposer en mairie un « agenda d’accessibilité programmée » (Ad’AP) avant le 27/09/15. L’Etat nous aide à effectuer cette démarche avec ce site : http://accessibilite.gouv.fr/
Cet agenda déclare les travaux que nous comptons effectuer pour nous plier à la loi. Nous pouvons y inclure des demandes de dérogation de 4 types : pour impossibilité technique avérée, pour impact sur l’activité économique de l’établissement, pour contraintes liées à la conservation du patrimoine, et/ou pour refus par l’assemblée générale des copropriétaires des travaux de mise en accessibilité.
L’Ad’AP sera examiné par une commission consultative départementale de sécurité et d’accessibilité. Puis le préfet décidera s’il l’entérine. Il aura 4 mois pour le faire. L’absence de réponse vaudra accord, sauf si une dérogation a été demandée. Ensuite, il restera 3 ans pour effectuer les travaux.


Dernier élément : qui paie ces frais dispendieux imposés par l'Etat ? le locataire ou le propriétaire ? La MACSF nous dit que tout dépend du bail :

« La loi ne précise pas qui entre le locataire et le propriétaire doit payer les travaux de mise en accessibilité. Il convient donc de se référer au bail pour vérifier si le bail ne comporte pas une clause expresse, claire et précise mettant ces travaux à la charge du locataire. Dans l'affirmative, les travaux vous incombent. Dans la négative, le bailleur devra faire réaliser ces travaux au titre de son obligation de délivrance. »

Pauvre propriétaire : s'il pensait avoir trouvé, pour une fois, un locataire fiable qui ne lui causerait pas trop de soucis, c'est raté.

mardi 25 novembre 2014

CARPIMKO : +200 %, mais nous étions prévenus



La CARPIMKO possède 3 régimes de retraite pour les paramédicaux conventionnés :

- le régime de base, géré par la CNAVPL qui fédère 10 caisses de professionnels libéraux
- le régime complémentaire, géré par la CARPIMKO elle-même
- l'avantage social vieillesse, au rendement divisé par 6 en 2008 (voir ici), géré par la CARPIMKO mais dont les modalités de fonctionnement dépendent de la convention avec l'UNCAM.

La CARPIMKO s'est beaucoup insurgée contre les dernières réformes du régime de base, contre lesquelles elle a voté. Elle a même créé un site participatif dédié, après avoir un temps menacé de quitter la CNAVPL : http://www.conseilcarpimko.com/la-reforme-en-question/
Finalement, tout est rentré dans l'ordre et nous avons eu une jolie augmentation de 17% des deux cotisations du régime de base, comme prévu. La transition s'est achevée cette année, en attendant la prochaine "réforme".

L'avantage social vieillesse étant devenu une peau de chagrin, intéressons-nous aujourd'hui à l'évolution du régime complémentaire, d'autant que c'est sur lui que la CARPIMKO a la plus grande autonomie. Voici quelques données intéressantes :

  • Il y a 20 ans, la cotisation était complètement indépendante du revenu. Elle était de 2616 F, soit 399 €. Si l'on inclut l'inflation, cela fait 537 € (source : INSEE). Si l'on suit juste la même évolution que celle de l'AMO, cela fait 492 €. Feignons d'ignorer le fait que l'AMO a été décroché de l'inflation et conservons 537 € comme référence.
  • Cette cotisation existe toujours. Elle est même très vaillante, puisqu'elle s'élève cette année à 1392 €. Elle a donc été multipliée par 2,6.
  • En 1996, il a été décidé de lui adjoindre une taxe proportionnelle : la CARPIMKO s'est mise à prélever 3% des revenus dépassant un certain montant. Cette année, le seuil se situe à 25 246 €, ce qui concerne beaucoup de monde. Au total,  un paramédical ayant un bénéfice de 30 000 € aurait réglé 537 € il y a 20 ans, en euros constants. Cette année il paie 1535 €, donc quasiment le triple !  
Comparons à présent les droits acquis avec ces deux montants :
  • Il y a 20 ans, pour ses 537 €, le paramédical obtenait 8 points à 95,68 F, soit 157 € actuels. 
  • Aujourd'hui, celui qui gagne 30 000 € obtient 8,82 points à 19,24 €, soit 170 € (hypothétiques, en attendant de futures réformes). Il a donc gagné 8,3 % de droits à la retraite, qu'il s'est offerts avec une cotisation triplée.
J'ai écrit à la CARPIMKO pour lui demander comment une telle dérive avait été rendue possible. Voici sa réponse :

"[...] l'augmentation constatée de la cotisation du Régime Complémentaire est liée à la baisse programmée du taux de rendement de ce régime, menée depuis l'année 1994.

En effet, les projections effectuées ayant démontré la nécessité de diminuer ce taux afin d'assurer la pérennité financière du régime, le conseil d'administration a décidé de le ramener progressivement de 30 % en 1993 à celui pratiqué par les autres régimes similaires ; actuellement, ce rendement est de 11,07 %.

Les affiliés de la CARPIMKO ont été informés de cette mesure par l'intermédiaire des bulletins de la Caisse.[...]"

Autrement dit, tout est normal. La CARPIMKO peut tripler une cotisation à partir du moment où elle prévient les gens, même si leurs lettres-clés sont gelées. L'effort est demandé aux seuls actifs, à qui l'on promet une retraite maintenue. Mais après le choc de l'automne 2008, plus aucune promesse de retraite n'est crédible. La seule chose tangible, c'est le fait que nous cotiserons toujours davantage pour les retraités actuels qui ont connu une situation de rêve en comparaison de la nôtre.

mercredi 8 octobre 2014

DPC : l'Etat prend acte de la ruine



Il y a quasiment un an, j'avais évoqué les difficultés financières de l'OGDPC :

http://orthophonie-et-patrimoine.blogspot.fr/2013/10/le-dpc-manque-dargent-preparez-votre.html

Depuis lors, les choses ne se sont pas arrangées. Il est clair que l'OGDPC ne pourra pas financer la formation de tout le monde. L'Etat vient d'en prendre acte en publiant un nouveau décret :

http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000029552409&dateTexte=&categorieLien=id

Délectons-nous de la techno-langue de bois un instant : l'objet de ce décret est l' "amélioration de la régulation budgétaire de l'organisme gestionnaire du développement professionnel continu (OGDPC)." Qu'est-ce qu'une amélioration ? Dans le cas présent, c'est une baisse de la participation de l'OGDPC, qui ne financera plus nos formations, mais y concourra. Ce dernier verbe apparaît deux fois dans le décret paru aujourd'hui. On améliore les choses en les dégradant...

Notez que ce texte n'exclut pas l'instauration d'une taxe qui viendrait compenser le manque de participation de l'OGDPC.

Voilà qui ne va pas inciter les récalcitrants à s'inscrire à une formation DPC, d'autant qu'on n'a pas encore entendu parler d'application des sanctions prévues par la loi. Si on supprime les incitations et qu'on n'instaure pas la peur du gendarme, on détruit le dispositif qu'on voulait imposer. Ce n'est pas moi qui m'en plaindrai.


Merci à Evi, modo d'Orthogestion,  pour cette info