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mercredi 18 mars 2009

Loi Bachelot : une lettre ouverte




Décidément, la loi Bachelot agite le monde de la santé (voir l'article d'hier), malgré le sourire ravageur de son auteur. Le Quotidien du Médecin donne aujourd'hui des extraits d'une "lettre ouverte aux jeunes médecins qui vont choisir leur lieu d'exercice", co-signée par 182 médecins. La voici dans son intégralité :

"Cher(e)s futur(e)s confrères,
vous avez choisi d'exercer un des plus beaux métiers du monde en vous engageant dans les études de médecine. Nous serions heureux que vous puissiez poursuivre le travail entrepris par vos aînés, au service de la santé des habitants de ce pays. Il nous faut cependant être honnêtes avec vous, et vous confirmer ce que, hélas, la plupart d'entre vous ont déjà compris : l'exercice libéral de la médecine est condamné.

En effet, et même si les politiques et les technocrates qui décident de votre avenir continuent de l'ignorer, nous savons en décomptant le nombre des installations en libéral ces dernières années qu'une majorité d'entre vous choisissent un exercice salarié.

EN 2007, SUR LES 5000 NOUVEAUX INSCRITS, 499 SE SONT INSTALLES EN LIBERAL, DONT SEULEMENT 350 EN MEDECINE GENERALE. AUSSI TRISTE ET INQUIETANTE QUE SOIT CETTE TENDANCE, ELLE REVELE LES CAPACITES D'ANALYSE ET DE DIAGNOSTIC DE CEUX QUI VOUS PRECEDENT. COMMENT FAIRE AUJOURD'HUI, SEREINEMENT, LE CHOIX D'EXERCER LA MEDECINE DE VILLE ?

En effet, le mode d'exercice libéral est celui qui comporte le plus de contraintes, et n'a en réalité de libéral que le nom. Ceci est particulièrement vrai pour la médecine générale libérale, qui est la pire manière, du point de vue professionnel, de faire ce métier : horaires sans borne, paperasserie ubuesque et envahissante, augmentation permanente des tâches sans moyen pour les effectuer, rémunération ne permettant pas d'accomplir nos missions premières, HONORAIRES LES PLUS BAS DE TOUTES LES PROFESSIONS MEDICALES, harcèlement constant par les contrôles de l'assurance maladie, accusations permanentes d'incompétence et de dilapidation de l'argent "public".

Les récentes décisions prises par les députés viennent d'y ajouter une contrainte de plus, pour imposer sous peine d'amende (POUVANT ATTEINDRE PRES DE 3000 EUROS PAR AN) AUX MEDECINS INSTALLES D'ABANDONNER LEURS PATIENTS UN OU DEUX JOURS PAR SEMAINE POUR ALLER EXERCER LA OU L'INCURIE DES POLITIQUES A ORGANISE LE DESERT SANITAIRE.

Il nous faut donc, la mort dans l'âme, vous dissuader de choisir la médecine libérale.

De très nombreuses opportunités d'exercice salarié vous attendent à l'hôpital, dans les administrations (notamment la sécurité sociale), les collectivités territoriales. Choisissez-les, les postes ne manquent pas, et vous ne serez pas assez nombreux pour les pourvoir.
La manière de soigner est en train de changer dans ce pays. DEMAIN, LE REVE DES POLITIQUES, D'UNE SANTE ADMINISTREE DANS LAQUELLE CHAQUE MEDECIN SOIGNANT SERA CHAPEAUTE PAR UN MEDECIN CONTROLEUR, SERA ENFIN REALISE.

Ne soyez pas les dindons d'une farce qui dure depuis des décennies. C'est un conseil honnête de ceux qui en subissent les conséquences aujourd'hui. Nous vous souhaitons très sincèrement une carrière professionnelle satisfaisante, et compatible avec votre vie personnelle."

L'amertume est de saison. Je connais pas mal de professionnels de santé qui finissent leur carrière très déçus par l'évolution des choses. Il n'y a pas là qu'une nostalgie de leur jeunesse perdue : objectivement, tous nos métiers étaient plus agréables à exercer dans les années 60-70. Les choses ont commencé à dégénérer dans les années 80. Moins pour les médecins que pour nous, d'ailleurs. Et pourtant on les entend infiniment plus se plaindre dans les divers médias.

J'ajouterai enfin que les médecins ont une certaine liberté de choix, comme le dit la lettre ouverte : ils gagnent décemment leur vie en étant salariés. Ce n'est pas notre cas :-(

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