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vendredi 13 décembre 2019

Retraites : la FNO s'énerve



La Fédération Nationale des Orthophonistes (FNO) a publié hier soir un communiqué de presse intéressant :


Le titre, comme vous le voyez :

Réforme des retraites : négocier, ce n’est pas accepter !


Mais si vous regardez bien l'adresse internet de ce communiqué, le titre initial était :

Réforme des retraites : de l'inquiétude légitime à la désinformation - Stop !


On sent bien l'énervement qui les a saisis avant d'écrire ce texte. Pas contre le gouvernement, mais contre les collègues. Il est vrai que depuis l'annonce de M. Philippe, mercredi midi, le silence de la FNO commençait à lui attirer des remarques peu amènes, d'autant que d'autres syndicats avaient réagi. Vous trouverez le texte d'Alizé (syndicat de kinés pas encore représentatif) ici, avec cette conclusion claire : 

"Notre position en l’état actuelle des choses est que trop d’incertitudes demeurent et que la hausse de cotisation que cette réforme met à la charge de notre profession est inacceptable. Comme nous l’avons annoncé nous sommes en train de préparer une consultation destinée aux kinésithérapeutes. Sur les bases de notre analyse et des résultats de la consultation nous annoncerons dans quelques jours les actions que nous envisageons."

Le syndicat Convergence Infirmière s'est exprimé ici, avec une position encore plus braquée :

"Cette allocution du Premier ministre laisse encore de nombreuses zones d’ombre mais apporte des éclairages qui sont inacceptables. Nous appelons donc à la mobilisation début 2020 dans le cadre du collectif « SOS retraites ». Une date de manifestation sera prochainement communiquée. Les spécificités des infirmières libérales doivent être prises en compte et cette réforme doit être largement revue. Face à une réforme inique qui met en danger notre profession, nous ne reculerons pas."

Lassée de lire ce qu'elle appelle de la "désinformation", la FNO a donc fini par publier un texte qui cherchait à nous rassurer sur ses objectifs, sur sa vigilance, sur son féminisme et sur son esprit combattif. 



J'y ai relevé plusieurs phrases significatives :

"L’inquiétude générée par l’incertitude liée à la réforme des retraites engagée par le gouvernement est légitime et elle atteint actuellement son paroxysme dans une frénésie qui fait dire tout et son contraire !"

C'est probablement le passage où le mot "désinformation" devait se trouver à l'origine. Le ton et la ponctuation montrent le degré d'énervement que le bureau de la FNO a atteint. Ceux qui s'inquiétaient de son silence sont forcément des frénétiques, à défaut de pratiquer la désinformation puisque ce mot ne subsiste que dans l'URL.


[La FNO] "n’a pas attendu les mouvements et les grandes déclarations de ces derniers jours pour agir !"

Même remarque : on sent les auteurs piqués au vif. Ca peut se comprendre. Et c'est moins condescendant que la phrase précédente.


"la spécificité sociologique de notre profession entraîne un effet d’injustice criante concernant notre bas niveau de rémunération tant en libéral qu’en salariat."

Ca, c'est forcément une allusion à notre féminisation outrancière. Je ne vois pas où se trouve l'injustice criante en libéral, puisque nous sommes libres de travailler autant que nous le souhaitons. L'AMO est le même pour tous. Les caisses n'ont pas imposé des quotas de patients plus bas aux femmes. C'est pourtant un élément de langage qui revient souvent dans les communiqués de la FNO, depuis quelques anné.e.s.


 
"Les équipes de la CARPIMKO [...] connaissent depuis bien longtemps les échéances démographiques et économiques auxquelles il faudra faire face dans les années futures.

Démographiques, ok. Economiques, c’est étrange : nous ne savons même pas si la Sécurité sociale, et donc l'orthophonie libérale, existeront encore dans trente ans sous la forme que nous leur connaissons. Qui aurait pu prédire que les retraités grecs allaient perdre 30 % sur leurs pensions entre 2010 et 2015 ? La retraite par répartition n'est pas plus sûre que la capitalisation, dans un pays qui se moque éperdument de son endettement. C'est évidemment le cas de la France, une des nations les plus mal gérées de l'OCDE. On peut donc dire que les équipes de la CARPIMKO s'intéressent aux échéances économiques éventuelles. Mais prétendre connaître l'avenir économique, c'est s'attribuer un super-pouvoir. Ca peut rendre le lecteur pour le moins... dubitatif.



"La FNO est en première ligne sur ces sujets depuis des années et a toujours défendu une gestion prudente pour favoriser une juste répartition de l’effort entre les générations"

La valeur du point de nos trois régimes de retraite augmente tous les ans pour les retraités. Les cotisations augmentent tous les ans pour les actifs, indépendamment des lettres-clés. Est-ce cela, une juste répartition de l'effort entre les générations ? Les baby-boomers ont eu tous les privilèges (dont la retraite à 60 ans qu'ils se sont octroyée en 1981), en les faisant financer par les générations suivantes. La répartition de l'effort est donc foncièrement injuste.


 
"L’augmentation des cotisations envisagée est bien entendu au cœur de nos préoccupations"

Cette phrase s'avère beaucoup plus molle que celle d'Alizé sur le même sujet (voir plus haut). Ca m'inquiète.


"Sans complaisance, la FNO rejettera toute proposition qui risque de faire basculer la profession vers une paupérisation progressive et sournoise"

C’est pourtant ce qui se passe depuis le milieu des années 1980 : l'AMO a perdu 42 % de pouvoir d'achat comme je l'ai montré dans un récent article (à lire ici). La FNO se voit contrainte de négocier tous les cinq ans une petite revalorisation, alors que l'inflation, c'est tous les ans. La paupérisation progressive et sournoise est notre lot quotidien. Nos seules échappatoires restent l'augmentation de notre activité et la création de revenus annexes. Je ne dis pas qu'elle pourrait obtenir davantage. Mais au bout de trente-cinq ans, il serait tout de même temps d'acter l'existence de notre paupérisation progressive et sournoise, sans l'attribuer à la rareté du merveilleux chromosome Y...


[La FNO] "n’acceptera pas de lâcher la proie pour l’ombre d’une hypothétique augmentation de nos revenus en contrepartie d’une hausse de nos cotisations."

Ca, c'est un revirement. Au début de l'année, elle parlait de compensation par une hausse de l'AMO et de l'ASV, puis principalement par l'ASV (le régime de retraite des praticiens conventionnés). Mais depuis juillet, M. Delevoye nous loge à la même enseigne que tous les travailleurs indépendants, avec une baisse forfaitaire de l'assiette de la CSG. Autrement dit, on ne voit rien de spécifique pour les paramédicaux pour l'instant.


"l’objectif pour la FNO étant de parvenir à une compensation de l’augmentation des cotisations tout en maintenant des pensions versées qui permettent aux retraités d’appréhender sereinement leur avenir."

On est donc toujours dans l’acceptation du principe de l’augmentation, avec des compensations qu’on pourra nous ôter ensuite en arguant par exemple du fait que la baisse de la CSG lèse l'Assurance  Maladie. Quant au maintien d’une pension qui rend serein : à l’heure actuelle, la CARPIMKO me prédit un revenu divisé par 3.  Finalement, la position la plus sereine, c'est de considérer que les cotisations retraite sont juste un impôt qui finance les baby boomers. Et s'organiser autrement, soit en capitalisant, soit en prévoyant de ne jamais partir en retraite.


"pour arriver à 28,12%, les orthophonistes libéraux n’auraient pas à débourser plus de leur poche que ce n’est le cas actuellement. C’est un point sur lequel nous ne cèderons en rien"

Cette phrase fait plaisir à lire, mais elle soulève deux questions :

  • Quid des orthophonistes libéraux qui dépassent la limite de la tranche à 28,12 % (ceux qui gagnent plus de 40 000 € par an) ? Le rapport Delevoye s'en prend à eux de manière frontale, en augmentant beaucoup plus leur cotisation que celle des autres comme je l'ai montré ici. Personne n'en parle, y compris la FNO. Est-ce un signe avant-coureur de lâchage de ces collègues qui n'ont qu'un seul tort, celui de recevoir beaucoup de patients et de prendre peu de vacances ? Serait-ce juste, solidaire et équitable de s'en prendre encore et toujours à ceux qui sont les éternels perdants des réformes ?
  • Pourquoi envisager l'idée même du passage à 28,12 % ? Pourquoi les indépendants devraient-ils cotiser comme des salariés du privé, aidés par leur employeur ? Pourquoi laisser l'Etat nationaliser les retraites et nous empêcher de cotiser dans le PER qu'il vient lui-même de créer, de manière surréaliste ? Pourquoi ne pas revendiquer la création de trois grands régimes (salariés, fonctionnaires, indépendants), comme le proposent plusieurs économistes ? En définitive, pourquoi accepter de se laisser entraîner sur le terrain que ce gouvernement illogique a choisi ?

"la FNO choisirait avec ses administrateurs une autre voie d’expression."

Autrement dit, toujours aucune consultation de la base, contrairement à ce qu'Alizé envisage. C'est bien dommage.

Haut les cœurs : la messe n'est pas encore dite. C'est la première fois de ma vie que j'espère voir la CGT parvenir à ses fins. 


En attendant, nous sommes bien obligés de faire confiance à nos représentants, dont le dévouement pour le bien commun n'est plus à démontrer. Je persiste à espérer que nous ne soyons pas à l'abri de bonnes nouvelles.

mardi 10 décembre 2019

[Nouvelle formation en ligne] La compta c'est facile !




Ma première formation en ligne, "Sécurisez votre avenir", a rencontré un succès auquel je ne m'attendais pas. A ce jour, 297 personnes l'ont regardée.

Après Sécurisez votre avenir, j'ai envisagé deux possibilités :
  • Approfondir chacun des sujet abordés la première fois, en leur consacrant une formation entière. Une sur l'immobilier, une sur la défiscalisation, une sur les actions, une sur l'assurance vie, une sur le PER, etc.
  • Explorer ce qui se passe en amont, en faisant une formation en ligne sur la compta.
Inconvénient de la seconde idée : beaucoup d'entre vous ont déjà décidé de faire ou de ne pas faire leur compta eux-mêmes. Si vous avez opté pour un comptable, vous n'avez pas besoin d'une formation pour apprendre à faire son boulot, a priori. Et si vous faites déjà votre compta, eh bien... vous savez la faire, donc vous n'avez pas besoin non plus d'une formation sur ce thème.

Par conséquent, j'ai décidé d'enregistrer une formation...

sur la compta.


Mon but n'est pas de convaincre ceux qui ont un comptable de l'abandonner. Chacun fait comme il veut.

Mais si vous hésitez à en prendre un, si vous en avez un mais que vous cherchez à reprendre vos affaires en main, si vous débutez, si vous trouvez ça compliqué, ou encore si vous terminez vos études actuellement, alors c'est fait pour vous.

Les petits sondages que j'ai récemment mis en ligne sur le groupe des Clés de la Réussite (merci à tous les participants) m'ont convaincu de plusieurs choses : 
  • Un comptable, c'est cher. Même avec une réduction d'impôt, c'est plus cher que gratuit.
  • Beaucoup d'entre nous restent prêts à faire la compta eux-mêmes.
  • Ca reste une corvée, mais une corvée surmontable.
Pourquoi s'embêter à apprendre la comptabilité ?



Parce que nous, les paramédicaux indépendants, nous avons un privilège : nous avons une compta très simple. Pas de TVA, pas de notions d'actif et de passif. Des additions et des soustractions toutes simples, que nous ne calculons même pas nous-mêmes. C'est le logiciel qui le fait.

Nous pouvons donc gérer nos propres affaires de A à Z. Je vous disais dans ma formation précédente que l'objectif était de mener notre barque. En faisant notre compta nous-mêmes, nous savons tout sur notre activité. Nous en possédons tous les leviers.

Comment t'y prends-tu pour nous montrer ça en quelques heures de vidéo ?

Je filme mon écran. Je montre un tableau blanc comme dans la formation précédente, bien sûr. Mais je vous montre aussi concrètement :
  • comment j'entre tel ou tel type d'écriture manuellement dans mon logiciel de gestion de patientèle (applicable avec n'importe quel logiciel de ce type), comme si vous regardiez par-dessus mon épaule
  • comment j'automatise les écritures : j'en rêvais déjà dans les années 90
  • comment je gère les immobilisations, les amortissements
  • comment fonctionne le site d'une AGA pour créer sa 2035
  • comment ramener le coût de l'AGA à 3 € par mois
  • comment décider entre Micro-BNC et 2035
  • comment faire la 2042 et simuler son impôt
  • comment comprendre le prélèvement à la source.
Au total, cette formation gravit l'ensemble de l'escalier qui va de la première écriture comptable de janvier à la régularisation de prélèvement à la source, à la fin de l'année suivante. On peut voir ça aussi comme un marathon de deux ans expliqué et résumé en quelques heures de vidéo.

Bien sûr, je continuerai à vous donner des tuyaux ici, comme je le fais depuis 2008.

Simplement, dans mes formations, je rassemble des années de données que j'ai collectées et mises à jour. Et je vous les transmets en bloc, en les mettant en perspective. L'un n'empêche pas l'autre. Vous pouvez évidemment vous cantonner aux contenus gratuits. Je publierai aussi probablement d'autres vidéos sur Youtube, comme celle sur les chèques vacances que j'ai mise en ligne il y a quelque temps.

Alors la compta, c'est facile, vraiment ?




Oui. J'espère vous en convaincre. L'idée est vraiment de vous permettre de fluidifier les choses pour que vous puissiez tenir tous les leviers de votre activité.

N'hésitez pas à jeter un coup d’œil sur la page où je vous donne tous les détails sur cette seconde formation ! Je vous y explique l'idée générale, le détail des 8 vidéos, et comment y accéder autant de fois que vous voudrez.

Cliquez ici pour en savoir plus.

mardi 12 novembre 2019

Faut-il souscrire un PER ?



Jusqu'au 1er octobre 2019, l’épargne retraite déductible des impôts, c’était pour nous le contrat de retraite Madelin (déductible dans la déclaration 2035) et le PERP (plan d'épargne retraite populaire, déductible dans la 2042). Je vous ai décrit ces dispositifs ici et ici.

Les plafonds de ces deux dispositifs étaient un peu différents, les modes de sortie aussi : sortie à 100% en rente imposable en Madelin, alors qu'il était possible de retirer 20% en capital pour le PERP lors du départ en retraite. Mais en gros, le principe, c’était qu’on déduisait ses versements pendant sa carrière, et qu’au moment de la retraite on avait une rente viagère imposable.

Quoi de neuf ?



Depuis le 1er octobre 2019, la loi Pacte de Bruno Le Maire a instauré un troisième larron, qui va remplacer les deux premiers : le PER (plan d'épargne retraite). On peut encore ouvrir un contrat Madelin ou un PERP jusqu’au 1er octobre 2020. Ensuite il ne restera que le PER. La loi a créé deux types de PER pour les entreprises, et un pour nous, les travailleurs indépendants : le PER individuel. On voit déjà apparaître les sigles "PERIN" et "PERI".

Ca sert à quoi ?
L'objectif du PER reste inchangé : épargner pour se constituer un complément de retraite, à côté de la CARPIMKO ou du régime général si la réforme Delevoye passe (hypothèse redoutable).
Mais cette fois, on unifie les dispositifs. Ceux des fonctionnaires, ceux des salariés du privé, et les nôtres vont tous devenir des PER. Cela correspond bien à l’évolution de la société, où on a des chances de changer de statut plusieurs fois pendant sa carrière. La réforme Delevoye cherche à unifier la retraite obligatoire, la loi Pacte a déjà unifié la retraite facultative. En ce sens, il y a une forme de cohérence. Le problème, c'est que la réforme Delevoye va tellement augmenter les cotisations obligatoires de certains d'entre nous, que le PER restera hors d'atteinte. Et là, il n'y a plus de cohérence du tout. Mais bon, la cohérence gouvernementale n'est pas l'objet de cet article.


La déductibilité de nos cotisations retraite facultatives reste inchangée dans le PER, par rapport au Madelin retraite : 10 % des revenus annuels dans la limite de 8 plafonds annuels de la sécurité sociale (PASS), majoré de 15 % pour la part de revenu comprise entre 1 et 8 PASS. Notez que le PASS est à  40 524 € cette année, et possiblement 41 088 € l’an prochain.

Mais du coup, qu'est-ce qui change ?
Mais le PER se veut plus attractif que le Madelin et le PERP. Plus attractif car plus flexible, moins contraignant. Le Madelin est une prison volontaire. Il faut épargner, une fois qu’on a signé. On n’en sort qu’en prenant sa retraite, en le mettant en réduction… ou en mourant.



Voici quelques assouplissements apportés par la loi Pacte :
  • On peut transférer un PER individuel vers les PER d’entreprises, et vice versa. Ce sera même gratuit au bout de 5 ans. Actuellement, on peut seulement transférer un Madelin vers un PERP, mais pas l’inverse.
  • Les contraintes de versements n’existent plus : en Madelin, on devait verser un minimum et un maximum. C’est fini. Le Trésor l’a écrit dans un courrier au Centre technique des institutions de prévoyance (CTIP).
  • Autre assouplissement : on peut récupérer ses billes pour acheter sa résidence principale ou parce qu’on a un enfant ou un conjoint invalide. C’était complètement impossible avec le Madelin. Les cas de déblocage anticipé étaient très limités, c’étaient par exemple la faillite, ou l’invalidité de l’épargnant.
  • Encore un assouplissement, et c'est celui dont on a le plus parlé : on pourra sortir du PER complètement en capital, soit en une fois, soit en plusieurs fois. La rente n’est plus une obligation. On pourra aussi dire qu’on prend une partie en capital et qu’on se fera verser le reste en rente à partir de 70 ans, par exemple.
Avec tout ça, le gouvernement espère faire passer l’encours de l’épargne retraite des Français de 230 à 300 milliards d’euros d’ici à 2022. 
Un point à savoir : la gestion pilotée est le mode de gestion par défaut du PER. Donc ce sera la compagnie d’assurance ou la banque qui géreront vos placements, avec plus de risques au début (notamment avec des actions) pour espérer doper le rendement, et moins de risques à la fin (notamment avec des obligations et du fonds en euros) ; sauf si vous demandez expressément à gérer vous-même.

On peut transférer son PERP ou son Madelin actuels vers un PER. Jusqu’au 1er octobre 2020, on a le droit d’ouvrir un PER, un PERP ou un Madelin. Après, seul le PER restera commercialisé. Mais on pourra encore transférer son PERP ou son Madelin vers un PER, ou les garder comme ça. Simplement, on ne pourra plus ouvrir un nouveau PERP ou Madelin.
Vous pouvez aussi transférer votre assurance vie classique vers un PER. Et là, l’Etat vous agite une carotte fiscale très spéciale jusqu’au 1er janvier 2023 : l’abattement fiscal est doublé ! Pour ça, il faut que le contrat d’assurance vie ait plus de 8 ans et qu’on soit au moins à 5 ans du départ en retraite.



Alors que faut-il faire ?
Il y a des avantages et des inconvénients dans chaque option. Je vous résume ici ce que j’ai lu et entendu depuis que le PER a été annoncé. Vous avez plusieurs options :
  • Se dépêcher d’ouvrir un PERP ou un Madelin avant le 1/10/20, ou garder celui qu’on a déjà : ça vous maintient dans l’ancien système, avec son côté prison. Le contrat Madelin vous tord le bras en vous obligeant à épargner, mais après tout, c’est pour votre bien. Si vous avez tendance à dépenser dès que vous le pouvez, il peut être sage de vous auto-tordre le bras. C'est aussi le principe de la tontine, dont j'ai parlé ici. Notez aussi que certains contrats actuels vont s'auto-transformer en PER. C'est le cas du Madelin de Swisslife, par exemple.
  • Transférer ses contrats actuels vers un PER : ça vous ouvre les portes vers une liberté indéniable. Évidemment, la liberté de la sortie en capital, c’est bien, mais c'est à double tranchant. Si on en abuse et qu'on mange son capital au lieu de le placer ailleurs, on peut se retrouver fort dépourvu à 85 ans quand il faut financer sa place en EHPAD alors qu’on a dépensé l’argent de son PER depuis des années.
  • Rester à l’écart de tout ça : c’est une autre option. On peut préférer fabriquer son patrimoine avec de l’assurance vie classique, un PEA et/ou de l’immobilier en direct ou en SCPI, par exemple. Je vous ai expliqué tout ça dans ma formation « sécurisez votre avenir ». Évidemment, déduire ses versements, c’est très tentant, surtout si on est dans les tranches d’imposition à 30 ou 41 %. Dans la première tranche, c’est quand même beaucoup moins attirant. Et puis le PER, c’est comme le PERP et le Madelin : des contrats qui peuvent subir des frais de gestion importants. Sur 45 ans de carrière, les frais, ça finit par ronger fortement le rendement de l’épargne. Alors que si vous mettez vous-même une somme par mois sur un tracker indicé sur le MSCI World, vous aurez beaucoup moins de frais, tout en ne gérant rien au quotidien (j'ai expliqué ça ici et ici). Le rendement sera pour vous, et non partagé entre vous et l’assureur. Simple et radical.
A vous de décider...


vendredi 8 novembre 2019

Faut-il acheter l'action Française des jeux ?



Mes premiers souvenirs de privatisation remontent à 1986. A cette époque, la droite cherchait à revendre ce que la gauche avait acheté cinq ans plus tôt. Il y a eu une grande vague de privatisations que j'ai regardé passer avec envie, d'autant que j'étais complètement pour ces privatisations et que j'aurais voulu participer à ce grand élan libéral qui était en train de créer un actionnariat populaire. Mais j'avais 16 ans et mes parents n'étaient pas du genre à offrir des actions à leurs enfants pour les former à la bourse. En même temps, ils n'étaient pas les seuls.




La privatisation de la Française des jeux, c'est donc une sorte de madeleine de Proust, pour moi. D'emblée, je serais plutôt enclin à prendre ce train de privatisation, maintenant que je peux le faire. Mais faut-il manger toutes les madeleines qui passent à portée de main ?

Je ne suis ni gérant de fonds, ni investisseur professionnel, bien sûr. Alors je suis allé prendre les avis des gérants. Je vais partager avec vous ce que j'ai glané. Autant faire circuler les infos, les regrouper et vous les transmettre, si vous vous tâtez sur la Française des jeux.

Évidemment, je pars du principe que vous ne considérez pas que devenir actionnaire revient à se transformer immédiatement en Belzébuth. Je sais que c'est une opinion courante en France, mais si c'est la vôtre, vous pouvez arrêter de lire cet article. D'ailleurs, il y a probablement peu de chances pour que vous ayez commencé et je parle dans le vide !



Alors commençons par les arguments positifs que j'ai glanés.
  • L'Etat fait ce qu'il faut pour nous attirer, avec un système de bonus très intéressant. Une action offerte pour 10 achetées, si ces actions sont conservées 18 mois. 
  • Les Français jouent beaucoup, on ne voit pas pourquoi ils arrêteraient.
  • L'Etat empêchera l'entreprise de faire n'importe quoi parce qu'il gardera une minorité de blocage et parce qu'il continuera à empocher beaucoup de taxes sur les jeux (le jeu, c'est un impôt volontaire qui marche bien, comme le tabac).
  • Même si le cours baisse, la société distribuera beaucoup de dividendes à ses actionnaires : 80 % du résultat net sera distribué dès 2020. C'est beaucoup. C'est en partie dû au fait que c'est une entreprise ancienne, qui n'a pas besoin d'investissements colossaux pour se développer. Et aussi au fait que l'Etat aime percevoir des dividendes des sociétés qu'il détient. Parfois, il les pousse même à emprunter pour lui verser son dividende !
  • Donc au total c'est évidemment un placement moins sûr que le livret A, mais parmi les actions en bourse, ça reste un placement de père de famille. Une valeur de rendement, plus qu'une valeur spéculative.

Le négatif, maintenant.
  • Le cours de l'action peut quand même plonger, on ne sait pas comment la bourse va accueillir cette privatisation. Certaines privatisations ont été des ratages. Si ça arrive, il faudra s'accrocher au dividende et espérer qu'il soit régulier.
  • Les actions américaines sont sur des sommets, elles ont commencé à digérer la crise dès 2009. Les Etats-Unis vivent l'un des cycles économiques les plus longs de leur histoire, donc il est quand même plus probable qu'ils soient plus près de la prochaine récession que de la précédente. Et dès que les USA tousseront, les bourses européennes s'enrhumeront. Est-ce le bon moment pour invertir en bourse, dans ces conditions ?
  • On n'a pas encore le cours d'achat définitif. On n'a qu'une fourchette : 16,50 à 19,90 €. Il faudra en prendre pour 200 € au minimum. Acheter quelque chose sans savoir le prix, c'est un peu aventureux.
  • L'Etat conserve une minorité de blocage : j'ai dit que c'était une sorte de garantie parce que je l'ai lu, mais j'ai aussi lu et entendu que c'était une raison de ne pas acheter. L'Etat est un mauvais actionnaire. Il l'a souvent démontré. C'est logique, puisque c'est aussi un mauvais gestionnaire. Comment faire confiance à l'Etat français en tant que paravent, alors qu'il est l'un des plus mal gérés de l'OCDE ?
  • Espérer gagner de l'argent sur le jeu, c'est peu éthique. 
  • Espérer gagner de l'argent sur un impôt volontaire, c'est encore moins éthique (là c'est une remarque personnelle).
Vous l'aurez compris : je passe mon tour, comme en 1986. Mais pas pour les mêmes raisons. A vous de peser le pour et le contre, maintenant !