Pour clore cette série sur les trois principales professions paramédicales libérales (en tout cas celles dont les effectifs sont les plus fournis), voici quelques données sur les infirmiers.
- Au 31 décembre 2007, il y avait 49 778 infirmiers libéraux. Ce chiffre est légèrement supérieur à celui des kinésithérapeutes et trois fois et demie plus gros que celui des orthophonistes.
- A la différence des kinés et des orthophonistes, les infirmiers ont deux lettres-clés principales depuis 1992 : l'AMI (acte médical d'infirmier), qui vaut 3,15 € depuis un mois, et l'AIS (acte infirmier de soins) à 2,65 €.
- Vous trouverez leur nomenclature ici. Comme vous le verrez, leurs coefficients sont très bas par rapport à ceux des actes d'orthophonie, alors que l'AMI et l'AIS sont juste légèrement suppérieurs à l'AMO. Cela les conduit à un nombre d'actes effectués sans commune mesure avec le nôtre.
- Pourtant, certains actes ont une durée minimale d'une demi-heure, comme nos AMO. C'est par exemple le cas de l'AIS 3 (donc 3 x 2,65 = 7,95 €, donc 15,90 € de l'heure...).
- En 2006, cette profession a perçu 3,63 milliards d'euros d'honoraires. Un chiffre similaire à celui des kinésithérapeutes, mais six fois supérieur à celui des orthophonistes ! Nous sommes une goutte d'eau dans l'océan.
- 19,7% de cette somme est constituée de frais de déplacement et 0,1% en dépassements d'honoraires. Les majorations de nuit (9,15 € entre 20h et 23h et de 5h à 8h ; 18,30 € entre 23h et 5h), et de dimanche (8 €) ne constituent pas des dépassements d'honoraires : elles sont prévues dans les tarifs conventionnés.
- Concernant les frais de déplacement, l'IFD est à 2,30 € et le km de plaine à 0,35 €. Pour nous, c'est respectivement 1,52 € et 0,24 €. Les infirmiers ne paient peut-être pas le gazole au même prix que nous... Mais comme je l'ai déjà dit, les plus gâtés sur ce plan sont les médecins.
- Les honoraires moyens d'un infirmier étaient de 69 908 € en 2006 ; donc légèrement inférieurs à ceux d'un kiné, mais très supérieur à ceux d'un orthophoniste.
- Le bénéfice moyen d'un infirmier était de 40 000 € en 2005, donc 3 333 € par mois.
4 commentaires:
Ces comparaisons par activité ou revenu moyen pour l'ensemble d'une profession me semble toujours un peu délicates : les infirmières libérales travaillent-elles aussi peu que la _moyenne_ des orthophonistes ? Là est la question…
On ne peut pas comparer une infirmière qui bosse de 6 h à 21 h (il y en a beaucoup) avec une orthophoniste qui travaille quelques après-midi dans la semaine… (il y en a beaucoup aussi, et cela correspond plus ou moins à la moyenne, d'après les statistiques, sujet déjà évoqué sur NPLO)
Il faudrait pouvoir connaître le pourcentage de ces deux types dans leurs professions respectives avant de faire des comparaison, àmha.
Effectivement, comparaison n'est pas raison. Les infirmiers méritent amplement ce qu'ils gagnent. Si un orthophoniste veut 70 000 € de recettes, ça ne tient qu'à lui, dans la plupart des endroits.
Vous touchez là à un point sensible, qui anime régulièrement nos forums et nos listes de discussion. dès que le temps de travail est abordé, les contre-feux se tardent pas : les gens se sentent agressés et répondent qu'en LIBERAL, on est LIBRE de travailler peu.
Ajoutons à cela que durant nos études, nous voyons beaucoup de praticiens qui effectuent 40 à 60 séances par semaine, ce qui nous met dans la tête que la norme est celle-ci. On nous inculque aussi que ceux qui dépassent 80 sont des charlatans.
Comme vous le voyez, tout un état d'esprit contribue à limiter nos revenus.
bonjour,
pour cotoyer pas mal de nos collègues du paramédical (aide-soignants, kinés, infirmiers ...) la différence sur le temps de travail est réelle si l'on considère le temps effectif passé avec les patients, mais non le temps de travail total. En effet il me semble que les actes effectués par les kinés ou infirmiers sont plus répétitifs que les nôtres (rien de péjoratif dans cette remarque, juste un constat discuté avec les personnes concernées), je m'explique : prenons une prise de sang, un pansement ou une toilette pour les infirmiers : une fois ces gestes appris, la pratique suffit à les automatiser et l'infirmier n'a pas besoin de se creuser la tête pour savoir ce qu'il va faire le lendemain avec ses patients. Bien sûr chaque patient est différent et l'infirmier devra faire preuve il me semble de capacités d'adaptation et de réflexion mais l'acte en lui même reste le même. Chez les kinés il en va de même telle rééducation se fait de telle façon. Pour les orthophoniste même si les basiques restent les mêmes il me semble que les supports ainsi que les variables inter-individuelles sont bien plus importantes. Telle technique ne fonctionne pas forcément pour tel patient, il faut adapté en fonction des goûts, centre d'intérêt etc. il existe des multitudes de façon de faire. Le travail hors temps passé avec le patient s'en trouce à mon avis bien plus important ... Nous ne pouvons pas travailler autant avec la même qualité. Ces raisons font également qu'il est plus facile pour les autres paramédicaux d'enchainer les remplacements ... J'aurais du mal à confier mes patients pour une courte durée notamment, de peur qu'ils soient plus perturbés qu'autre chose par les façons de faire nouvelles de la remplaçante (je pense en disant cela surtout aux petits DO).
Il me semble que la rééducation a besoin de temps que les patients aussi et donc nous de même pour pouvoir leur offrir un soin de qualité. Les infirmiers se plaignent souvent de devoir "bacler" le côté relationnel de leur travail ...
Je finirai par remercier encore Guillaume pour ce site ...
bonne soirée à tous
j'adore les personnes qui parlent du métier des autres sans l'avoir pratiquer!parler d'automatisme dans les gestes infirmiers me fait rigoler doucement surtout avec le souvenir d'une orthophoniste qui se faisait les ongles lors des séances grassement rémunérées auprès de mon fils!!
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