ABONNEZ-VOUS A MA NEWSLETTER : CLIQUEZ ICI
Chaque semaine, vous recevrez des infos, des bons plans, des astuces, des liens vers des discussions utiles et intéressantes...

jeudi 14 novembre 2024

Comment défiscaliser avant le 31/12

 


C'est une question qui peut heurter ceux qui aiment les impôts (des autres). Mais l'Etat lui-même nous ouvre tout un champ des possibles pour réduire sa ponction. Ca lui permet de flécher notre argent là où ça l'intéresse.

C'est moins vrai en ce qui concerne l'Urssaf et la Carpimko, comme vous le savez. Ces deux-là sont des meules de Comté, alors que l'impôt sur le revenu est un Emmental.


Je ne vous parlerai pas ici des placements dont les gains sont défiscalisés : assurance vie, livret A, livret de développement durable, plan d'épargne logement, plan d'épargne en actions, statut de loueur en meublé non professionnel, etc. Ceux-là permettent de créer des revenus secondaires (intérêts, plus-values, dividendes, loyers) sans être matraqué par l'horrible barème progressif de l'impôt sur le revenu. C'est déjà bien.

Mais en cette fin d'année, il peut être urgent de taper plus fort sur l'impôt sur le revenu ; notamment si vous avez beaucoup travaillé. Donc focalisons-nous plutôt sur la défiscalisation qui fait réellement baisser la facture de Bercy. Voici 8 pistes concrètes.
 

1) Faire des frais pro

N'oubliez pas de déduire la moindre dépense pro. Si vous achetez des stylos pour le cabinet en faisant vos courses à Auchan, n'oubliez pas de les payer à part avec votre compte pro, par exemple. C'est plus long parce qu'on paie ses courses en deux temps, mais il n'y a aucune raison de faire un cadeau au fisc quand on vit dans un enfer fiscal. On pourrait être plus magnanime si on vivait au Luxembourg ou aux îles Caïman...

Attention, ne faites pas de frais superflus, contrairement à ce qu'on nous dit souvent : faire des frais uniquement pour faire baisser les impôts, ça ne dégage aucun argent privé qui pourrait être épargné ou dépensé pour soi.

Quand on gagne 100 € et qu'on les dépense dans une boîte Ortho Edition, on peut abaisser ses taxes de 50 €. Donc au total on a fait une dépense pro de 50 €, ce qui paraît être un bon plan. Mais si la boîte dort sur une étagère on a juste stérilisé 50 €.
 

 
Quand on gagne 100 € et qu'on les met sur le compte privé, on paie les taxes mais il reste 50 € pour dépenser ou épargner.

2) Utiliser le crédit d'impôt pour la formation professionnelle

Si vous n'avez pas encore utilisé votre quota annuel de 40 heures, vous pouvez encore prendre des formations (ex : celles de So Spitch) sur 2024. Notamment en e-learning. Le fisc vous paiera 2 x 11,88 € par heure.

Attention, ça ne fonctionne pas en Micro-BNC. Et si vous finissez le visionnage en 2025, normalement le crédit d'impôt ne sera pas celui de 2024.

3) Investir dans un Plan d'Épargne Retraite (PER)

Les versements effectués sur un PER sont déductibles de votre revenu imposable, dans certaines limites, ce qui peut réduire votre impôt tout en préparant votre retraite et/ou l'achat de votre résidence principale.

Il est assez magique d'épargner de l'argent brut, de l'argent qui n'a pas encore subi l'impôt sur le revenu. C'est complètement impossible avec l'assurance vie.


Inconvénients :

  • C'est une prison volontaire : l'argent est coincé pendant des années, voire des décennies. Impossible de le sortir si votre voiture vous lâche ou si votre enfant part étudier à Harvard, par exemple.
  • La récupération du capital est fiscalisée lors de la retraite. Même chose si vous optez pour une rente viagère. Donc le PER est un pari sur le fait de payer moins d'impôts en fin de vie.
Où faire ça : par exemple chez Linxea ou Boursobank.

4) Acheter des parts de FIP ou de FCPI


Investir dans des Fonds d'Investissement de Proximité (FIP) ou des Fonds Communs de Placement dans l'Innovation (FCPI) permet de bénéficier d'une réduction d'impôt sur le revenu. Actuellement cette réduction est de 18 % des sommes investies.

Inconvénients :
  • Placements risqués avec possibilité de perte en capital (surtout avec les FCPI)
  • Période de blocage des fonds de 5 à 10 ans.
  • Frais d'entrée et de gestion souvent élevés.
Où acheter ça : par exemple chez Meilleurtaux Placement ou à l'UFF.

5) Acheter des parts de SOFICA

Les Sociétés pour le Financement de l'Industrie Cinématographique et Audiovisuelle (SOFICA) offrent une réduction d'impôt pouvant atteindre 48 % des sommes placées, dans la limite de 18 000 € investis par an. C'est une défiscalisation très puissante, que j'ai utilisée plusieurs fois à la fin d'années fastes. J'achète mes parts grâce à l'entremise de l'Union Financière de France du Havre.


Inconvénients :
  • Placement risqué et non garanti, avec une perte en capital possible (voire probable, mais généralement inférieure aux 48 %).
  • Longue période de blocage : minimum 5 ans.
  • Marché de niche : peu de liquidité et peu de transparence.
Où acheter ça : par exemple chez Meilleurtaux Placement ou à l"UFF.

6) Le Girardin

Ca concerne l'Outre-Mer. Vous pouvez y financer des entreprises (Girardin industriel) ou la construction de logements sociaux (Girardin social). Voici une synthèse :


Avec qui faire ça : un conseiller en gestion de patrimoine ou un conseiller fiscal. Là il faut vraiment un spécialiste pour éviter les risques de redressement fiscal.

7) Investir dans les SCPI fiscales

Les Sociétés Civiles de Placement Immobilier fiscales sont des véhicules d’investissement permettant de bénéficier de lois de défiscalisation (Pinel, Denormandie, Malraux, déficit foncier) en investissant dans des biens immobiliers à travers une société de gestion. Donc pas de souci de robinet qui fuit alors que vous êtes au milieu d'un test chronométré avec un patient. La réduction d'impôt commence dès l’année de souscription et s'étale sur plusieurs années.

Les SCPI ont un ticket d’entrée relativement bas (à partir de quelques milliers d’euros), ce qui est plus accessible que l'achat d'un bien immobilier en direct.

Inconvénients :
  • L'immobilier est vraiment dans la panade en ce moment, sans visibilité quant à une résilience à venir.
  • La défiscalisation est étalée sur plusieurs années.
  • L'argent est bloqué pendant plusieurs années en attendant la dissolution de la SCPI.
  • La sortie de la SCPI (quand elle revend ses biens) peut se passer à un mauvais moment, donc dans de mauvaises conditions.
  • Le rendement locatif (dividendes perçus / argent investi) est généralement médiocre, donc c'est vraiment une opération fiscale.
Où : chez des courtiers comme celui-ci.

8) La forêt, le vin, les champs



Si vous visez le long terme, vous pouvez investir dans les groupements fonciers forestiers, ou viticoles, ou agricoles. Ca peut atteindre 18 % de réduction d'impôt. Mais l'argent est bloqué très longtemps.

Plus de renseignements ici.

Attention au plafond de 10 000 €

Pendant la dernière crise financière, le gouvernement de Nicolas Sarkozy a voulu restreindre l'utilisation de la défiscalisation. Il a donc instauré un plafond de 10 000 € par foyer fiscal, au-delà duquel les impôts ne peuvent plus baisser. Ca concerne par exemple l'emploi à domicile et la loi Pinel.

Il y a aussi des plafonds spécifiques (ex : 18 000 € pour les Sofica).
Et il existe encore des niches fiscales complètement déplafonnées, comme la loi sur les monuments historiques. Mais là on arrive dans des montants généralement inaccessibles aux auxiliaires médicaux.

jeudi 31 octobre 2024

Newsletter du 31/10/24 : les sujets pratico-pratiques de la semaine

 


Voici la liste des sujets pratiques de votre newsletter sur l'actu orthophonique et paramédicale. Pour la recevoir chaque jeudi matin, cliquez ici.

Un super post de Joffrey Trauchessec sur le DPC en 2025 :
https://www.facebook.com/groups/184304421592158/posts/8728248680530980/

SCM : n'oubliez pas de déclarer les bénéficiaires effectifs !
https://www.facebook.com/groups/184304421592158/posts/8720280611327787/

Comment trouver son n° RPPS ?
https://www.facebook.com/groups/184304421592158/posts/8741593795863135/

A quoi servent encore les AGA ?
https://www.facebook.com/groups/184304421592158/posts/8716134925075689/

Que penser du PER Papisy ?
https://www.facebook.com/groups/184304421592158/posts/8741353772553804/

Où trouver un modèle de convention avec un Ehpad ?
https://www.facebook.com/groups/184304421592158/posts/8741299345892580/

L'Urssaf et la Carpimko sont compris dans les 34 % du régime Micro-BNC :
https://www.facebook.com/groups/184304421592158/posts/8735091546513360/

ChatGPT sait aussi faire des rapports d'AG de SCI :
https://www.facebook.com/groups/184304421592158/posts/8734479499907898/

SCI : qui emprunte ? Les associés ou la société ?
https://www.facebook.com/groups/184304421592158/posts/8733518763337305/

Virement à la Carpimko : faut-il cocher "récurrent" ou "unique" ?
https://www.facebook.com/groups/184304421592158/posts/8728732710482577/

Déménager le cabinet devient un parcours du combattant :
https://www.facebook.com/groups/184304421592158/posts/8728531923835989/

Hôpital de jour : double prise en charge ?
https://www.facebook.com/groups/184304421592158/posts/8728178290538019/

Crédit d'impôt formation : le SMIC passe à 11,88 € demain.
https://www.facebook.com/groups/184304421592158/posts/8727157233973458/

Assurance vie : que penser de l'AFER ?
https://finance-evolution.fr/assurance-vie-afer-avis/

Peut-on sous-louer à n'importe qui ?
https://www.facebook.com/groups/184304421592158/posts/8722366494452532/

Comment faire un reçu pour chaque redevance de collaboration perçue ?
https://www.facebook.com/groups/184304421592158/posts/8721960987826416/

Les frais bancaires sont énormes pour ceux qui sont passés du Crédit du Nord à la Société Générale :
https://www.facebook.com/groups/184304421592158/posts/8719556464733535/

lundi 28 octobre 2024

Combien gagne un orthophoniste libéral ? Version de 2024


Le Covid a porté un bon coup de canif aux revenus des orthophonistes libéraux : plongeon en 2020 malgré l'autorisation express de la téléorthophonie, rebond en 2021, puis vague Omicron en 2022. Mais où en sommes-nous à présent ? Quel revenu ? Pour quel temps de travail ?

L'AGAO, principale association de gestion des orthophonistes, nous l'annonce gaillardement : en 2023, nous avons retrouvé le niveau des années 2010 ! Le trou d'air est enfin surmonté, malgré les dérives de la Carpimko qui n'a cessé de nous mettre de nouveaux boulets aux pieds. Je ne détaillerai pas ça ici, mais on sait que les quatre régimes de notre caisse équitable et solidaire s'en prennent aux actifs sans considérer l'inflation (et encore moins nos tarifs anémiques).

L'an dernier nous avons gagné 32 920 € en moyenne, soit 2743 € par mois. C'est notre revenu, notre bénéfice. L'équivalent d'un salaire net.

En parlant de salariat

Il est intéressant de comparer nos 2743 € avec le salaire moyen français.

L'Insee vient de publier le salaire moyen du privé pour 2023 : 2735 € nets, avant impôt. Nous sommes donc des gens très moyens !


Bon, il nous manque notre revenu médian. C'est toujours plus instructif : si vous prenez la médiane au lieu de la moyenne, cela signifie que la moitié des gens gagne plus, et l'autre gagne moins. Le revenu moyen, lui, est trop tiré vers le haut par les très hauts revenus qui ne concernent pas grand-monde.

Le salaire net médian du privé est à 2183 € en équivalent  temps plein. Le SMIC progresse plus vite. Il est à 63 % du salaire médian.
 

Si vous trouvez ces 2743 € assez bas pour un bac +5

Rassurez-vous :
  • ça inclut les collègues en exercice mixte (salariat + libéral) ;
  • et aussi celles qui prennent un congé maternité, ce qui n'est pas rare dans un métier où les hommes sont plus des erreurs statistiques qu'autre chose.

 

Quel temps de travail pour gagner ça ?

Les diverses statistiques officielles françaises disent que pour gagner leurs 2735 € moyens, les salariés travaillent 36 à 38 heures par semaine en moyenne, en équivalent temps plein (voir ici). Ils sont donc un peu au-dessus des fameuses 35 heures. Rappelons en passant qu'ils peuvent avoir des heures supplémentaires défiscalisées (voir ici).

Et nous ?



C'est une véritable enquête à mener. Un défi intéressant, vous allez voir !

Commençons par regarder  si on peut estimer le temps de travail en présence du patient.

L'Assurance Maladie nous surveille de près depuis plus de vingt ans. Elle pratique un "suivi individuel" de notre activité et elle nous tient au courant des moyennes régionales, pour que nous sachions si nous sommes déviants et si nous risquons un contrôle.

Les moyennes diffèrent peu d'une région à l'autre. Nous les avons comparées sur le groupe Facebook des Clés de la Réussite il y a quelque temps pour nous en assurer. Prenons donc les dernières moyennes normandes, au hasard...


En 2023, les orthophonistes normandes ont pratiqué 1675 actes en moyenne. La grande majorité étaient des séances de 30 minutes, mais ça comprend aussi les bilans et les séances de 45 minutes : neurologie et surdité.

Déjà, avec cet obstacle, on peut dire qu'on est bloqué. Mais ne baissons pas les bras si facilement. Tentons de nous approcher de la vérité.

L'Orthophoniste n°416 (p.12) nous apprend que les séances de neurologie représentent 23 % de notre activité. Celles de surdité (AMO 15,4 à 45 minutes minimum) sont malheureusement assimilées avec tous les handicaps (AMO 13,8 à 30 minutes minimum). Les deux font 8% de notre activité, ensemble. Deuxième obstacle. 

On peut quand même penser que l'impact des séances de surdité équivaut à celui de la tolérance sur les séances de neurologie qui peuvent descendre à 30 minutes si le patient est fatigable. Alors restons à 23 %.

Le bilan, maintenant : 7,5 % de notre activité. Estimons-le à deux heures.

Résultat : 

Séances de 45 minutes : 1675 actes x 23 % x 3/4h = 289 heures sur l'année
Bilans : 1675 actes x 7,5 % x 2h = 251 heures
Séances de 30 minutes : 1675 actes x (1-23%-7,5%) x 1/2h = 582 heures
Total annuel : 1122 heures en présence des patients.

Si on prend 6 semaines de congés (5 semaine + quelques jours fériés), on arrive à 24 heures par semaine.
Si on monte à 8 semaines de congés (ce qui est royal) : 26 heures par semaine.

24 heures par semaine pour gagner 2743 € par mois, c'est excellent !


Oui. Mais non.


Le travail gratuit ne manque pas dans notre métier : comptabilité + préparations + cotations + rédaction + coups de fil + mails + "petits courriers" + rejets + formation + repas avec des collègues + réunionite pour garder le FAMI, j'en passe et des meilleures…

Selon une étude de la FNO réalisée par Joy Rainaud en 2021, basée sur les réponses de 6635 orthophonistes, le temps administratif est en moyenne de dix heures par semaine pour les orthophonistes.

Il faudrait retrouver la méthodologie de cette étude pour savoir si des orthophonistes sans problème de temps ont répondu à l'enquête. Mais si on admet ces dix heures comme le fait la FNO, on arrive à 34 h par semaine pour gagner 2743 € par mois.

Ca reste correct : on n'est pas si loin des 35h. On peut penser que dans les faits, cela oscille entre 30 et 40 à cause des vacances scolaires et des épidémies.

Et surtout, on peut faire mieux

Le temps administratif gratuit peut être compressé et redevenir du temps de soin, ou du temps libre. L'intelligence artificielle peut par exemple nous aider à accélérer la rédaction de comptes rendus (voir ici) et la préparation des séances (voir ici).

Le temps de soin, lui, est difficilement compressible. Des  pistes existent, mais elles butent sur la déontologie. Quelques exemples :

  • Ne plus prendre en charge les AMO 15.
  • Passer tous les AMO 15,6 et 15,7 à trente minutes en profitant du flou de la nomenclature : "45 minutes ne pouvant être inférieures à 30.
  • Refuser tous les domiciles.
  • Faire des bilans courts.
  • Utiliser les premières séances pour finir les bilans, en profitant de la disparition de la demande d'accord préalable sur la première série de séances.


On peut aussi imiter les kinés qui pratiquent le dépassement d'honoraires illégal. Mais… c'est illégal.

Consacrons-nous donc en priorité sur l'optimisation du temps de travail gratuit ! Les groupes Facebook orthophoniques fourmillent d'idées là-dessus. Instagram aussi (ex : Paksaafaire, Kathleen Care Pro, Extra Ortho).

Quid de l'avenir ?

A priori les chiffres de 2024 montreront que l'avenant 20 a encore renforcé notre position, au moment où l'inflation revient entre 1 et 2 % par an. C'est un moment rare, parce qu'on voit mal pourquoi nous serions augmentés dans les années qui viennent.
 
Pendant ce temps, la Carpimko continuera à serrer son étau sur nous. La réforme du régime complémentaire qu'elle a annoncée risque de décourager le soin, en nous incitant à en faire le moins possible.

Plus que jamais, l'optimisation (légale et déontologique) sera nécessaire ! D'autant qu'il ne faut pas oublier un point capital : nous avons un revenu net similaire à celui des salariés, mais si nous voulons avoir la même protection sociale que la leur, nous devons épargner davantage.