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mercredi 26 octobre 2022

Comment (et pourquoi) dégager 1000 € de capacité d'épargne ?

 


Mille euros disponibles par mois : pourquoi ? comment ? Ça représente quel effort de travail ?

Ce sont des questions complexes parce qu'on n'a pas tous la même fiscalité, ni les mêmes frais de fonctionnement. Cela dit, on peut quand même chercher à avoir des ordres de grandeur. C'est ce que cet article va vous apporter.

 

Mais d'abord, pourquoi chercher à investir 1000 € par mois ?



Nous, les travailleurs indépendants, nous sommes moins bien protégés que les salariés. Nous cotisons moins qu'eux. En retour, notre protection sociale s'avère nettement moins bonne sur plusieurs plans :

  • congé maternité
  • indemnités journalières en cas de maladie
  • chômage (pas trop grave)
  • retraite

A partir de 2850 € nets après impôt, un salarié célibataire travaille plus pour la France que pour lui. Il coûte 6000 € à son entreprise (source : Guillaume Poitrinal, patron de Woodeum, dans l'émission Les Experts de BFM Business). 

Nous en sommes loin, comme le montre le simulateur de l'URSSAF :

J'ai mis 950 € de dépenses pro hors charges sociales parce que c'est ce que je dépense ici, dans une ville moyenne.
 Il y a pire en grande ville, il y a mieux en pleine campagne.

 

Ce tableau est trompeur : on pourrait croire que l'équivalent des 6000 € du salarié est à 5410 € pour nous. Ca ne ferait que 590 € en notre faveur. 

En fait c'est beaucoup mieux parce qu'il ne faut pas tenir compte des 950 € de dépenses liées au cabinet : les dépenses de l'entreprise (loyer, véhicules, factures, etc) n'entrent pas non plus dans le raisonnement de M. Poitrinal concernant les salariés.

Il faut donc comparer les 6000 € de superbrut du salarié avec 5410 - 950 = 4460 €. Notre avantage n'est donc pas de 590 €, mais de 1540 € par mois. C'est énorme !

En résumé : nous sommes nettement moins taxés que les salariés. Nous n'occupons pas une niche fiscale comme celle des journalistes, mais une niche sociale : notre cabinet n'a pas à verser pour nous l'équivalent des charges sociales patronales.

Dans ces conditions, nous pouvons vivre de deux manières :

 

  • Pilule bleue : profiter de notre niche sociale, en atténuant éventuellement le danger grâce à une prévoyance Madelin et à un petit plan épargne retraite (PER) ou une assurance vie investie essentiellement sur des fonds sans risque. Puis dire qu'on ne peut pas épargner davantage sans vivre comme un moine ; et compter sur le conjoint qui ne sera peut-être pas toujours là.
  • Pilule rouge : définir une stratégie pour optimiser notre avantage et créer une auto-protection. Une auto-protection contre les baisses de revenus, qu'elles soient liées aux aléas de la vie, à l'inflation, aux tarifs gelés ou au départ en retraite.

 

1000 € disponibles par mois : un objectif illusoire ?

NON ! Et je vais vous le prouver.

Reprenons le simulateur de l'URSSAF et regardons quel effort de travail doit produire une orthophoniste célibataire sans enfants (c'est encore plus rapide si elle a des enfants) pour augmenter son revenu disponible de 1000 €.

Je ne voudrais pas vous endormir avec une ribambelle de captures d'écran. Alors je synthétise l'essentiel des résultats du simulateur dans ce tableau :

 Le nombre d'actes mensuel correspond à la cotation moyenne des orthophonistes, d'après les relevés d'activité individuels de la sécu : AMO 13. Ca devrait monter encore grâce à l'avenant 19.
Le nombre d'actes par semaine n'est pas une simple division par 4 du nombre mensuel. Je l'ai annualisé, puis divisé par 45 semaines (5 semaines de congés + les jours fériés et quelques ponts).

Par exemple, pour dégager 1000 € de capacité d'auto-protection quand on gagne à 3000 € après impôts, il faut passer de 46 à 62 actes par semaine ; et donc probablement avec certaines semaines à 70 pour encaisser les semaines de vacances scolaires.

En moyenne, il faut donc 16 patients de plus. Une journée. C'est d'ailleurs exactement ce que j'ai fait quand j'ai réalisé que je fonçais dans le mur avec ma petite assurance vie : je suis passé de 4 à 5 jours de travail par semaine et j'ai dégagé 1000 € par mois que je n'ai pas dépensés, mais que j'ai investis.

Il me reste tout de même deux jours de farniente par semaine. Mes grands-parents n'avaient que le dimanche pour les uns, le lundi pour les autres.

Farniente humide, dimanche dernier


Que faire de ces 1000 € ?

Mille euros nets d'impôt par mois permettent déjà une stratégie significative, loin des mesurettes qui vous attireraient des déconvenues le jour venu.

Votre stratégie évoluera au fil du temps en fonction de vos besoins, de votre appétence au risque et de vos connaissances (tout s'apprend). Vous pouvez faire les choses de manière séquentielle, ou vous transformer en Vishnou en vous diversifiant d'emblée.

A 30 ans, par exemple, vous n'avez pas les études de vos enfants à financer. Et vous n'avez pas encore trop souffert du gel de l'AMO. Mais vous pouvez chercher à acheter une résidence principale pour vous mettre à l'abri d'un loyer à verser pendant vos vieux jours.

A 50 ans, en revanche, vous sentez tout le poids du gel de l'AMO (et de son décrochage avant son gel total). Vous avez peut-être les études des enfants à financer, ou leur installation à aider. Et vous commencez à songer à sécuriser vos avoir pour ne pas partir en retraite pendant un krach financier ou immobilier.

25 ans, 30-50 ans, 50-67 ans, puis retraite : quel besoins, quelles stratégies ? C'est tout l'objet de ma dernière formation en ligne : "Jeux et stratégie" (70 € au lieu de 90 jusqu'au 28/10/22).


Je vous y donne les outils qui permettent d'établir votre diagnostic, puis d'agir en faisant appel aux professionnels quand il le faut. Mais avant cela, il faut découvrir l'énorme éventail des possibilités qui s'offrent à vous.

L'Etat nous traite en adultes partiellement responsables, alors qu'il a infantilisé les salariés en leur confisquant le choix de leur protection sociale. Il est étonnant qu'un salarié à 2850 € accepte de travailler davantage pour l'Etat que pour lui. Bien sûr, on l'endort en lui parlant de salaire différé.

Il ne faudrait pas qu'il se révolte. Mais il y a tellement de redistribution dans les charges sociales (notamment de la part des actifs vers les baby boomers qui se sont voté des privilèges exorbitants) qu'il s'agit bel et bien de dispositifs solidaires proches de l'impôt sur le revenu.

A notre petit niveau, nous le voyons bien quand nous regardons les bilans de la CARPIMKO : une partie importante de nos cotisations sort pour financer les retraités d'autres professions. Les vieux notaires, par exemple.

Quant à l'URSSAF, elle nous prélève des allocations familiales même si nous n'avons ni enfants, ni APL. Elle nous ponctionne aussi une cotisation au chômage (dans la CSG), dont nous n'avons pas besoin. Sans parler de sa CFP qui finance les formations labellisées "FIF-PL", même si nous nous formons avec le DPC et nos lectures. Le concept de salaire différé est donc au minimum un abus de langage ; au pire : une escroquerie intellectuelle.

Profitons donc pleinement de la liberté qu'on nous laisse ! C'est l'un des grands bonheurs de l'exercice libéral.