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mercredi 2 décembre 2020

Assurance vie vs PER : le combat du moment


Depuis un an, les conseillers financiers mettent en avant le plan épargne retraite (PER), qui a remplacé les contrats Madelin retraite.

Mais avons-nous intérêt à souscrire un PER ? Une assurance vie classique ne serait-elle pas plus judicieuse ?

Pour se décider, il faut bien comprendre les points communs et les différences entre ces deux enveloppes fiscales.

Si vous voulez aller au fond des choses, j'ai expliqué le fonctionnement du PER en long, en large et en travers dans ma formation en ligne sur le PER :
https://guillaumelefebvre.podia.com/le-guide-pratique-du-per-comprendre-ce-nouveau-couteau-suisse-de-l-epargne

Quant à la formation sur l'assurance vie, le pré-lancement de la formation est terminé. Il me reste un module à enregistrer avant la publication de la version finale.

Mais on peut résumer les choses ici, sans explorer tous les détails.

Comme toujours, je ne prétends pas vous dire quel placement il vous faut : je ne suis pas conseiller en gestion de patrimoine. Je cherche juste à vous présenter les deux dispositifs pour que vous puissiez y réfléchir sereinement, sans subir la pression et le jargon d'un commercial.

Commençons par les points communs : 

  • Le PER et l'assurance vie sont des sortes d'étagères à épices financières. On peut y loger des actions, des obligations, de l'immobilier, des ETF (fonds spéciaux qui s'alignent sur un indice boursier, avec très peu de frais).
  • Les deux dispositifs proposent un fonds en euros, réglementé et (relativement) sécurisé, contenant principalement de la dette d'Etat et d'entreprises. Les Français aiment beaucoup le fonds en euros parce que les actions ont une mauvaise réputation : risque, capitalisme vorace sans âme, etc. Le fonds en euros, c'est la tranquillité. C'est aussi la garantie d'un rendement anémique : les taux ont beaucoup baissé.
  • Dans les deux dispositifs, on peut récupérer son argent ou le transformer en rente viagère.
  • Les contrats avec peu de frais se trouvent en ligne.

Passons aux différences : 

  • Le PER emprisonne votre argent. Vous ne pouvez pas le sortir à votre guise. Le but, c'est le long terme. Hormis un gros pépin de vie, vous sortirez pour acheter votre résidence principale et/ou au moment de votre retraite. En assurance vie, vous pouvez faire un rachat ou demander des avances sans attendre d'acheter votre maison, ni attendre 67 ans. Vous pouvez même sortir des sous pendant les 8 ans où la fiscalité est moins sympathique. Ca c'est une sacrée différence : l'assurance vie, c'est la liberté.
  • Pour vous inciter à épargner sur le long terme, le PER dégaine son bazooka fiscal : vos apports sont déductibles jusqu'à un certain plafond. Si vous êtes dans la tranche à 30 % et que vous mettez 1000 € sur votre PER, vous paierez 300 € d'impôts en moins. Rien de tel en assurance vie.
  • Revers de la médaille : si vous avez déduit vos apports dans le PER, au moment où vous reprendrez l'argent, l'Etat vous taxera. En assurance vie, le paradis fiscal est justement sur la sortie : aucun impôt sur le capital, et très peu sur les intérêts (voir ici). En fait le PER vous permet un transfert de vos impôts d'aujourd'hui vers vos impôts de plus tard. Donc c'est vraiment intéressant pour vous si vous êtes dans les tranches à 30 ou 41 %, voire 45, et que vous pensez descendre d'une tranche au moment de votre retraite. Dans ce cas-là, l'Etat français y perdra. Donc vous y gagnerez.
  • Notez que dans le PER, vous pouvez refuser de déduire vos apports. Dans ce cas, vous ne serez pas imposé sur le capital au moment de la sortie. Ca peut être judicieux si vous êtes non imposable, voire dans la tranche à 11%, et si vous pensez y rester quand vous serez en retraite. Mais du coup, ça vous remet dans une situation proche de l'assurance vie, sans la liberté de sortir à votre guise. L'avantage de la prison volontaire, c'est qu'elle vous évitera la tentation. A vous de voir si vous vous faites confiance.

Alors comment choisir ?


Réponse du Normand que je suis : on peut ouvrir les deux et y apporter de l'argent quand on veut. Par exemple, quand on a une excellente année, on peut aller vers le PER pour éviter un coup de matraque fiscal. Et revenir sur l'assurance vie ensuite si l'année est moins bonne.

En fait le PER est très souvent recommandé par les conseillers quand on est au moins dans la tranche marginale à 30 %. Dans les tranches hautes, en fait, vous investissez vos impôts et ils génèrent des intérêts qui se cumulent pendant des dizaines d'années.

Pour savoir dans quelle tranche vous êtes :

https://www.francetransactions.com/impots/calcul-tmi-2020.html

Quand on est non imposable ou dans la TMI à 11 %, les bons conseillers recommandent plutôt l'assurance vie classique. Inutile de se priver de liberté pour un gain fiscal minime ou inexistant. D'autant que le PER vous engage pour des dizaines d'années alors que vous n'avez aucune visibilité économique sur le long terme. L'argent en prison, c'est quand même un principe problématique. Alors si vous y avez par grand intérêt, pourquoi se contraindre ?

Une niche fiscale temporaire

Je finirai cet article en mentionnant une disposition pro-PER de la loi Pacte.

 

Tout rachat réalisé sur un contrat d’assurance vie de plus de 8 ans fera l’objet d’un abattement fiscal doublé, à condition que les sommes soient réinvesties dans un PER et que le rachat soit effectué au moins 5 ans avant le départ en retraite.

Si ce bon plan vous intéresse, vous avez jusqu'au 1er janvier 2023 pour en profiter.




mercredi 4 novembre 2020

Pénibilité : vraiment ?

 

 

Vous le savez maintenant : j'aime me faire du mal. Tous les ans, j'épluche attentivement le bulletin de la CARPIMKO.

Il y a toujours des choses intéressantes et amusantes dedans. Souvent, j'y trouve aussi des sources d'énervement. Attention, ce bulletin est mauvais pour vos artères. C'est un ascenseur émotionnel.

 

Premier énervement : le rappel de notre captivité.

Depuis plusieurs années, dès la page 2, le bulletin nous rappelle que nous sommes obligés d'être clients de la CARPIMKO. Quoi que dise l'Europe sur la liberté de s'assurer où on veut. On s'assoit sans vergogne sur la liberté.

 

Deuxième énervement : une hausse déguisée.

Regardez le haut de la page 3.

 

En résumé : sous 41 136 €, le régime de base nous taxe à 10,1 %. Au-dessus, c'est 1,87 %.

Le problème, c'est que tous les ans, cette frontière entre enfer et paradis monte. L'an dernier, elle était à 40 524 €. L'année d'avant : 39 732 €.

Autrement dit : tous les ans, des euros taxés à 1,87 % deviennent des euros taxés à 10,1 %. Même pas besoin d'augmenter les taux ! Il suffit de laisser l'enfer grignoter le paradis en silence. Pratique. Heureusement que nos lettres-clés augmentent aussi tous les ans !


Mais relativisons : ces turpitudes ne sont rien à côté de la vague scélérate des 28 % qui aurait déferlé sur nous, si le coronavirus ne nous en avait pas protégés. A quelque chose, malheur est bon. Pour l'instant, on ne nous casse pas un genou en nous tendant une béquille en mousse (la baisse de la CSG potentiellement inconstitutionnelle). Tout ça reste dans les limbes.

Alors faisons comme Madame François en page 2 : arborons une tenue estivale en novembre et sourions.

 

Oui sourions, d'autant qu'il y a aussi toujours quelque chose d'amusant dans ce bulletin.

Cette fois, c'est l'affaire de la pénibilité.

La CARPIMKO a payé au cabinet Stimulus une étude sur la pénibilité. Les auxiliaires médicaux ont été "nombreux" à y répondre (cf page 2). On ne sait pas combien, ni si ce sont les plus concernés qui ont répondu.

La FNO elle-même nous avait appelés à y participer au début de l'été :
https://fno.fr/actualites/pratiques-professionnelles/carpimko-enquete-penibilite/

La CARPIMKO nous écrit que cette étude n'est toujours pas terminée, 4 mois après. Si elle finit par paraître, il faudra la lire pour savoir si elle est représentative des auxiliaires médicaux qui trouvent leur métier pénible, ou si elle est représentative de tous les auxiliaires médicaux.

But : permettre à nos syndicats "de négocier d'éventuelles avancées sur le sujet, dans le cadre de la réforme des retraites si cette dernière refait surface ou dans un autre cadre".

Donc avant même la parution de l'enquête, la CARPIMKO entérine l'idée de la pénibilité des métiers paramédicaux en libéral.

Tout cela reste extrêmement hypothétique, ce qui peut se comprendre. Il fallait bien commencer par quelque chose. Cela dit, je comprends mal que l'argent de nos cotisations obligatoires (donc de l'argent public) serve à financer des revendications syndicales corporatistes.

Reste à savoir comment cette idée de pénibilité sera reçue. Je peux d'ores et déjà vous donner une idée de la réaction de mes propres fils :

Vous voyez, la CARPIMKO n'amuse pas uniquement ses clients.

Il sera probablement plus difficile de faire admettre la pénibilité de l'orthophonie que celle des infirmiers ou des kinés. Et de toute manière, même si cela débouche sur de nouveaux droits, gageons qu'ils seront financés par... nous. C'est ce qui est en train de se passer avec la suppression du délai de carence de 90 jours : l'URSSAF va nous imposer une nouvelle cotisation (source : le PLFSS 2021).


Finissons par une autre blagounette dont la CARPIMKO a le secret.

En 2022, il y aura des élections pour renouveler le Conseil d'administration de la caisse.

On nous annonce que pour la première fois, le vote électronique sera instauré. La CARPIMKO est plus honnête qu'Apple : les iPhone 12 sont vendus sans chargeur pour protéger la planète, officiellement. La CARPIMKO nous fera voter par internet parce que le papier avait "un coût financier et écologique".

C'est tout de même amusant, parce que ça fait 40 ans qu'elle aurait pu y penser. Le Minitel a été commercialisé en 1980.

 

mercredi 14 octobre 2020

Faut-il "faire des frais" ?

 


Les commerciaux, qu'ils soient dans la finance ou dans la vente de matériel, aiment nous dire qu'il faut "faire des frais".

Évidemment, les frais professionnels ont un énorme avantage : ils sont déductibles.

Et comme le ras-le-bol fiscal est particulièrement répandu dans ce pays, les commerciaux espèrent nous mettre dans leur poche avec leur argument-massue.  

Acheter quelque chose en abaissant son impôt, son URSSAF et sa CARPIMKO, c'est tout de même tentant.

Imaginons que vous ayez un bénéfice de 30 000 € et que vous soyez dans la tranche marginale d'imposition à 30 %.

Si vous achetez un objet déductible à 100 €, vous obtenez une baisse des taxes suivantes :

  • Impôt sur le revenu : -30 €
  • Régime de base de la CARPIMKO : - 10,10 €
  • Régime complémentaire de la CARPIMKO : -3 €
  • Régime des praticiens conventionnés de la CARPIMKO : -0,16 €
  • CSG-CRDS : -9,70 €
  • Assurance maladie : -0,10 € si vous n'avez que du revenu conventionné
  • CURPS : -0,10 €

TOTAL : -53,16 €

Remarque : on pourrait affiner le calcul sur les années N+1 et N+2 : la baisse des charges sociales fera un peu remonter l'impôt sur le revenu. Mais sur l'année considérée, on est bien à -53,16 €.

Ce que vous avez acheté 100 € vous coûte donc 100 - 53,16 = 46,84 €.

Vous achetez quelque chose et vous baissez vos taxes de la moitié du prix !

Tentant, non ?

Vous pouvez souligner, voire exagérer votre ras-le-bol fiscal devant les commerciaux : ça leur donne l'occasion de compatir et de mettre la déduction en avant. Vous vous retrouvez ensemble face au percepteur. Embrassons-nous Folleville (euh... sauf en 2020), et défiscalisons la main dans la main !

Et là, c'est le drame, vous leur sortez le contre-argument :

"46,84 €, c'est bien. Mais c'est quand même 46,84 € que je n'aurai pas pour moi, pour ma famille, pour nos loisirs !"

Effectivement.

Faire des frais pour baisser ses impôts et ses charges sociales, c'est quand même réduire son train de vie perso, quelle que soit votre tranche d'imposition. Parce que vous ne serez jamais à 100 % de taxes.

Voilà pourquoi la phrase "Il faut faire des frais" est un sophisme. Un sophisme qui a la vie dure, mais un sophisme tout de même.

Alors bien sûr, je ne dis pas qu'il ne faut rien acheter pour le cabinet : il faut savoir investir dans le matériel et dans soi-même (en formations, en lectures, en congrès). Il faut fabriquer son bonheur professionnel. 

C'est une notion très variable selon les gens : certains collègues ressentent le besoin permanent de changer de matériel de rééducation, d'autres préfèrent le fabriquer, d'autres encore se sentent bien dans la routine.

Simplement, l'argument de la défiscalisation n'en est pas un. Nous travaillons pour gagner notre vie, donc le but reste d'avoir un revenu, in fine. Or, les frais pro rongent ce revenu.

Il reste deux arguments pour les frais pro, qu'on lit parfois sur les groupes Facebook. Analysons-les.

Faire des frais, ça peut permettre de descendre d'une tranche d'imposition.

Si vous êtes au début de la tranche à 30 %, vous pouvez effectivement descendre dans la tranche à 11 % grâce à des frais pro. Parce que vous abaissez votre bénéfice imposable.

Ma réponse : "Et alors ?"

Quand vous êtes au début de la tranche à 30 %, la majeure partie de vos revenus sont dans la tranche à 0 et dans la tranche à 11 %. Vous n'avez qu'une partie minime de vos revenus qui sont soumis aux 30 %. C'est le principe des tranches marginales.

La preuve : si vous gagnez 30 000 € et que vous êtes dans la tranche à 30 %, vous ne payez pas 9 000 € d'impôt sur le revenu. Vous en payez beaucoup moins que ça. Le fisc vous donne d'ailleurs votre taux moyen réel sur la page du prélèvement à la source, sur son site.

Donc si vous êtes au début d'une tranche et que vos frais vous ramènent dans la tranche du dessous, vous gagnez une misère en impôts. Et de toute manière, si vous faites quelques actes de plus, patatras, vous remontez dans la tranche du dessus.

Second argument, plus solide :

Faire des frais, ça peut permettre de bénéficier de prestations sociales.

En effet, la plupart des prestations sociales et des aides en tous genres sont soumises à conditions. Faire des frais, cela peut vous ramener sous un plafond qui vous aurait exclu(e) du dispositif d'aide.

Ce système généreux, solidaire et équitable a des effets pervers : il nous incite à gagner moins.

Mais si vous êtes à la limite, ça peut être un calcul à faire. C'est le seul cas où je trouve utile de faire des frais pour faire des frais.

jeudi 3 septembre 2020

CARPIMKO : des promesses concrètes

Hier, j'ai reçu un mail qui m'incitait à aller voir les promesses de la CARPIMKO. 

Du coup j'y suis allé. Pour voir. Et ça a donné cette vidéo où je vous montre des chiffres concrets à 62 et à 67 ans. Je vous calcule aussi le net. Parce que la CARPIMKO nous fait miroiter du brut, qui n'est pas le montant qu'elle verse.

 



mardi 25 août 2020

La France a peur

 

Si vous êtes exercez un métier paramédical en libéral, vous avez peut-être encore du mal à vous remettre du confinement. Bien sûr, les infirmiers ont été surchargés. Mais les kinés, les orthoptistes, les podologues et les orthophonistes ont été nombreux à souffrir financièrement de ces deux mois d'arrêt. 

Les petites aides et le télésoin ont apporté un certain réconfort à certains, sans résoudre le problème ; d'autant que la période estivale a rapidement suivi le déconfinement, avec son habituel cortège d'annulations.

Il est intéressant de considérer le comportement du reste de la population pendant cette année sombre pour nos métiers. Cela nous donne une indication sur les problématiques qui seront les nôtres l'an prochain, quand nous aurons retrouvé des revenus classiques.

Je ne vous parlerai pas de sondages. Nous disposons déjà de beaucoup de chiffres réels, émanant de l'INSEE et d'organismes financiers comme la Fédération française de l'assurance.

Le constat est sans équivoque : la France a peur.

Les gens  thésaurisent. Ils n'ont jamais mis autant d'argent de côté. De l'argent qu'ils n'investissent pas, mais qu'ils laissent dormir :

  • 455 milliards d'euros sur les comptes courants, dont 75 milliards de plus sur les trois derniers mois.
  • 500 milliards sur le livret A et le LDDS, dont 22 de plus depuis janvier sur le livret A ; sur 10 ans, l'encours a monté de 40 %.
  • Ajoutez le fonds en euros des assurances-vie et vous arrivez entre 2300 et 2400 milliards, soit en gros le PIB de la France.

Oui, vous avez bien lu : les Français possèdent un an de richesses sur des comptes qui ne rapportent rien ou presque ! Ces montants gigantesques ne sont ni consommés, ni investis. C'est juste du principe de précaution.

 

Tous les déciles de la population ont mis de l'argent de côté en 2020, y compris le premier.

Pourtant, quand vous laissez 100 € sur un compte courant, vous n'avez plus que 99 € de pouvoir d'achat l'année d'après. Donc en fait, vous perdez de l'argent. Vous en perdez aussi avec le livret A. Le fruit de vos efforts s'érode, comme un vulgaire AMO ou AMK.

Sur les fonds en euros des assurances vie, vous êtes quasiment à l'équilibre actuellement : ni perte, ni gain. Vous n'épargnez pas.

Mais les Français ont tellement peur du risque qu'ils préfèrent ces conditions pitoyables. Ils stockent l'argent. Les entreprises le font aussi.

Certains conservent même des billets, comme au XIXe siècle : ils ne font plus confiance à personne. Ni à l'Etat, ni aux banques. Avant la crise des subprimes, 5% de la production de monnaie de la zone euro s'effectuait sous forme de billets physiques. Maintenant, on est entre 10 et 12.

L'or (la relique barbare, comme disait Keynes) a aussi repris son rôle de valeur refuge. L'once flirte avec les 2000 dollars. Il y a 50 ans, quand tout allait bien, c'était 35 dollars...

Mais pourquoi tant de défiance ?

Pourquoi les gens mettent-ils tant d'argent de côté ? Sont-ils tous devenus décroissants ?


Je tiens les données de cet article des Experts, l'émission de Nicolas Doze de BFM Business. Les émissions d'hier et d'aujourd'hui fourmillaient de chiffres édifiants. Les économistes présents (pas tous libéraux) ont eu tendance à tomber d'accord sur plusieurs explications.

D'abord, l'argent coule à flots. Nous en avons bénéficié, avec toutes ces petites primes. Les Français ne sont pas des enfants : ils savent que le retour de manivelle peut faire très mal, comme entre 2011 et 2013. Ils ont aussi vu ce qui s'est passé en Grèce. Regardez l'histoire de ce retraité :

https://www.leparisien.fr/economie/grece-ma-pension-devrait-encore-baisser-de-20-d-ici-a-2019-17-02-2018-7564962.php

Voilà un exemple concret, qui n'incite pas à aller dépenser son bas de laine dans une croisière Costa ou dans une nouvelle Twingo.

Ensuite, nous savons tous que la dernière crise a été suivie d'un matraquage fiscal. Les économistes parlent d'équivalence ricardienne. Les dépenses d'aujourd'hui, y compris le plan de relance, c'est de la dette.  Or, la dette, c'est l'impôt de demain. Donc il faut mettre les aides actuelles de côté, puisqu'on va nous les reprendre.

Notez que les taux nuls actuels poussent certains économistes optimistes à remettre en cause l'équivalence ricardienne. Il n'en demeure pas moins qu'elle est dans la tête de bien des gens. Surtout dans un pays à la fiscalité instable et démentielle, comme le nôtre. Et puis les taux bas ont beaucoup d'autres effets pervers.

Enfin, certains affirment qu'il y a des changement structurels dans notre consommation, accélérés par le confinement. Une consommation plus raisonnée, centrée sur ce qui importe. Il est un peu tôt pour en être sûr.

Faut-il céder à la sinistrose ?

Manger nos derniers chocolats en écoutant l'intégrale de Jacques Brel ?

Non, bien sûr. Et là je ne vous fournis pas une analyse (je ne suis pas économiste), mais un postulat. 

Les Français sont souvent plus pessimistes que les Afghans. Regardez l'énergie ambiante du Nouveau monde et de l'Asie émergente. La sinistrose n'est pas dans l'ADN de leurs habitants. Bonne nouvelle : elle n'est pas dans le nôtre non plus. Un état d'esprit, ça se travaille.

Les milliers de Français qui se sont rués sur la bourse en avril nous ont donné une leçon d'optimisme.

L'immobilier sous forme de SCPI tient aussi la cote en ce moment : ce placement s'avère moins volatile que les actions. A tel point que certaines SCPI vont avoir du mal à investir de manière rentable tout cet afflux d'argent. Paradoxalement, l'attrait pour ce placement pourrait donc abaisser son rendement dans les années qui viennent. 

Mais ne soyons pas négatifs, j'avais dit que je finissais sans sinistrose. Commençons par nous remettre financièrement du choc de 2020. Nous avons la chance de ne pas être menacés par le chômage. Observons ce qui se passe et ce que font les autres Français. L'an prochain, il sera temps d'arbitrer entre la thésaurisation stérile et l'investissement d'avenir.