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jeudi 8 décembre 2022

Ma lettre au Père Noël

 

Depuis quelques années j'écris ma lettre au Père Noël. Mes parents n'ont pas voulu que j'y croie quand j'en avais l'âge. Alors je me rattrape :


Cher Père Noël,

Les auxiliaires médicaux ont été bien sages, cette année encore.

Nous n'avons pas fait grève. Nous n'avons pas jeté de soupe à la tomate sur la Joconde, ni même sur les tableaux flous du musée d'Orsay. Nous n'avons pas bloqué les péages d'autoroutes. Nous n'avons pas envoyé de tweets hystériques (pléonasme) ou de cartes postales à notre jeune président, ni à ses séides.

Mieux : nous avons accepté des points non négociables... dans des négociations. La prime à la télétransmission inclut maintenant la réunionite, par exemple. Et puis nos lettres-clés restent gelées, bien sûr.

Pourtant, je dois t'avertir, cher Père Noël : tu n'es plus seul sur ton marché. Fais bien attention à toi.

M. Fatome, le chef de la sécu, a voulu te concurrencer cette année. Pour les orthophonistes, il a ENFIN augmenté la séance de langage écrit dont le tarif avait perdu 43 % de pouvoir d'achat depuis les années 80 (voir ici). Il a aussi rendu les tarifs des séances de groupes moins risibles, mais pas ceux des domiciles. Et puis dans sa grande bonté, il a étendu le mini-forfait FOH de 50 € aux enfants ayant eu un AVC.

En même temps, il ne prenait pas un gros risque avec cette dernière mesure. Sur le coup, il voulait la limiter à la rééducation de blondinets chaussant du 47 et demi, sous réserve qu'ils aient une fossette au menton. Mais la FNO s'est montrée ferme, pour le plus grand bien des collègues qui soignent les petites brunes chaussant du 35.

L'Etat français lui-même, qui essaie de te concurrencer depuis la fin des Trente Glorieuses, nous a gâtés cette année : nous seulement il a quasiment supprimé la taxe d'habitation, baissé l'essence et mis EDF dans la mouise pour notre plus grand bien, mais en plus il a supprimé la redevance télé, sans pour autant fermer le service public audiovisuel, alors que ça aurait été la conséquence logique ! Un sacré tour de force. Elise Lucet va pouvoir continuer à démontrer à quel point les auxiliaires médicaux sont des gens malhonnêtes (voir ici).

Malgré tout, ces Pères Noël de substitution ont trouvé leurs limites : les primes et les boucliers en tous genres vont soigneusement éviter les classes moyennes à partir du 1er janvier. Il faut cibler les plus nécessiteux, c'est bien normal. Alors pour nous, il ne restera qu'un Père Noël. Le vrai, le seul, l'unique. Toi.

Les médecins voudraient que ce soit tous les jours Noël : ils revendiquent une augmentation de 100%. Mais nous, les modestes auxiliaires, nous savons bien que tes lutins risquent de manquer d'électricité et que tu es victime de la hausse délirante du gaz due au comportement peu amène du méchant Vladimir.

Ton usine de cadeaux ne peut donc plus satisfaire tout le monde. Déjà en 2017, la consultation des généralistes avait pris 9 % alors que nous avions accepté le gel de l'AMO, de l'AMK, de l'AMI et de l'AMY.

Alors cette année, pour permettre ton développement durable et pour laisser une chance aux médecins de prendre une fois de plus ce que nous leur laissons (ils méritent amplement notre solidarité admirative, après tant d'années d'études), je ne te demanderai que trois cadeaux :

1) Une réforme des retraites qui laisse vivre la CARPIMKO. Tu sais, Père Noël, elle s'en prend déjà assez comme ça aux actifs. Inutile d'en rajouter.

2) Une négociation conventionnelle par an. Le faux Père Noël étatique a imposé des négociations annuelles aux entreprises moyennes et importantes, mais il a demandé au faux Père Noël Sécu de ne faire ça qu'une fois tous les 5 ans.

3) Nous rendre plus agiles en réduisant les normes, les lois et les nomenclatures qui nous transforment en vigies administratives et nous détournent du soin.

Tu vois, Père Noël, je ne te demande pas grand-chose. Juste de quoi nous permettre d'être résilients, agiles et focalisés sur nos patients.

 
Ton Guillaume qui t'attendra avec confiance dans la nuit du 24.
 
 

lundi 28 novembre 2022

Payez-vous encore des allocs ?


Certains auxiliaires médicaux libéraux paient une cotisation aux allocations familiales. C'est l'URSSAF qui la prélève.

Les pouvoirs publics ont longtemps joué avec cette charge sociale. Un coup ils lui ôtaient 0,15 %, un coup ils exonéraient les médecins mais pas nous, un coup ils en mettaient une partie dans la CSG, un coup ils exonéraient ceux qui exerçaient en zone très sous-dotée, avant d'arrêter de le faire...

Et finalement, en 2017, le président actuel a décidé de transférer ce qui restait vers la CSG pour beaucoup d'entre nous. Mais pas pour tous ! Certains ont continué à payer des allocs à part, en plus de la CSG augmentée.

En fait, la politique familiale française est devenue un impôt progressif : les gens aisés, qui font peu d'enfants, paient pour les gens moins favorisés qui fabriquent nos futurs compatriotes et pour ceux qui peinent à se loger.


Alors payez-vous encore des allocs, ou faites-vous partie des heureux exonérés ?

Le moyen le plus simple de le savoir est d'aller sur le site de l'URSSAF : onglet compte / situation de compte / échéancier.

Regardez la ligne AF sur votre dernière échéance : vous saurez si vous payez des allocs actuellement.

Si vous voulez une vue globale sur ce que vous payez cette année, vous pouvez aller dans compte / tableau de bord / accéder au tableau de bord, puis afficher la "notification 3 en 1". 

Sur la page 4, vous trouverez le détail de votre ponction Urssaf pour l'année en cours. Là aussi, c'est la première ligne qui vous dira si vous faites partie des généreux donateurs.


Comment prévoir ?

Pour prévoir, il faut comprendre. Alors voici la situation en 2022 :

  • Vous ne payez rien si votre revenu (bénéfice + PER + assurances Madelin) est inférieur à 45 250 €.
  • Vous payez plein pot (3,1 %) si votre revenu dépasse 57 590 €.
  • Entre les deux, votre taux de ponction progresse doucement de 0 à 3,1%.  

Première constatation : beaucoup d'auxiliaires médicaux échappent à la cotisation aux allocs. Notez que les médecins de secteur 1 y échappent plus que nous (voir ici), mais ça a toujours été l'un de leurs privilèges. Les syndicats d'auxiliaires médicaux n'ont jamais réussi à s'attaquer à cette inégalité de traitement. Le Conseil d'Etat a retoqué leur tentative de recours il y a une trentaine d'années.

Deuxième évidence : la progressivité de la cotisation aux allocs est pire que celle de l'impôt sur le revenu. Quand vous entrez dans la zone de revenus taxée, vous payez dès le premier euro gagné ! Il y a donc une inégalité devant les charges sociales, qui n'inquiète personne. Mais qui cherche à comprendre les barèmes de charges sociales, à part quelques masochistes ?

Troisième constat : la zone intermédiaire (entre 45 250 et 57 590 €) n'est pas simple à calculer, puisque le taux de la ponction varie.

Je me suis donc amusé à fabriquer un petit tableau qui calcule votre taux exact si vous êtes dans la zone intermédiaire. Si vous êtes en régime Micro-BNC, ce tableau vous concerne si votre recette se situe entre 68 561 et 72 600 €.

Vous trouverez ce tableau dans les fichiers du groupe des Clés de la Réussite (ici).

 

Et en 2023 ?

Les bornes à 45 250 et de 57 590 € sont indexées sur un indice artificiel : le plafond annuel de la sécurité sociale (PASS). J'ai noté sa valeur de 2022 dans le tableau.

Le Bulletin officiel de la sécurité sociale a indiqué le 10 octobre 2022 que ce PASS allait augmenter de 6,9 % au 1er janvier 2023. Donc les deux bornes vont se relever d'autant : elles devraient se situer autour de 48 372 et 61 564 €, respectivement.

De nouveaux auxiliaires médicaux vont donc arrêter de cotiser aux allocations familiales. Ils continueront un peu à le faire dans leur CSG, mais ce sera tout.


Le sweet spot va bondir

Le sweet spot des auxiliaires médicaux, c'est la gamme de revenus qui subit le moins de charges sociales.

Ca commence quand la Carpimko vous laisse quasiment tranquille (revenu > 41 136 € actuellement, le seuil du bonheur). Ca se termine quand l'Urssaf commence à vous faire payer des allocations familiales (45 250 €). C'est donc étroit.

L'entrée et la sortie du sweet spot sont indexées sur le PASS. Donc l'an prochain, pour être moins taxé, il faudra se situer entre 43 974 et 48 372 € de revenu (bénéfice + PER + Madelin). J'ai appliqué bêtement +6,9 % mais nous connaîtrons les valeurs exactes vers la mi-décembre.

Autrement dit, le sweet spot devient de plus en plus inaccessible pour les auxiliaires médicaux aux lettres-clés gelées ; en tout cas pour ceux qui gagnent le moins : les orthophonistes, les orthoptistes et les kinés qui ne prennent qu'un patient à la fois.

Mais au moins, concernant les allocations familiales, une chose est acquise : ce seront de plus en plus les gens aisés qui financeront les autres.

De toute manière, les trois branches de la sécu (maladie, famille, retraite) ne sont plus vraiment des régimes assurantiels depuis longtemps... Nous sommes passés d'un système très bismarkien à un système plutôt beveridgien (voir ici).

mercredi 26 octobre 2022

Comment (et pourquoi) dégager 1000 € de capacité d'épargne ?

 


Mille euros disponibles par mois : pourquoi ? comment ? Ça représente quel effort de travail ?

Ce sont des questions complexes parce qu'on n'a pas tous la même fiscalité, ni les mêmes frais de fonctionnement. Cela dit, on peut quand même chercher à avoir des ordres de grandeur. C'est ce que cet article va vous apporter.

 

Mais d'abord, pourquoi chercher à investir 1000 € par mois ?



Nous, les travailleurs indépendants, nous sommes moins bien protégés que les salariés. Nous cotisons moins qu'eux. En retour, notre protection sociale s'avère nettement moins bonne sur plusieurs plans :

  • congé maternité
  • indemnités journalières en cas de maladie
  • chômage (pas trop grave)
  • retraite

A partir de 2850 € nets après impôt, un salarié célibataire travaille plus pour la France que pour lui. Il coûte 6000 € à son entreprise (source : Guillaume Poitrinal, patron de Woodeum, dans l'émission Les Experts de BFM Business). 

Nous en sommes loin, comme le montre le simulateur de l'URSSAF :

J'ai mis 950 € de dépenses pro hors charges sociales parce que c'est ce que je dépense ici, dans une ville moyenne.
 Il y a pire en grande ville, il y a mieux en pleine campagne.

 

Ce tableau est trompeur : on pourrait croire que l'équivalent des 6000 € du salarié est à 5410 € pour nous. Ca ne ferait que 590 € en notre faveur. 

En fait c'est beaucoup mieux parce qu'il ne faut pas tenir compte des 950 € de dépenses liées au cabinet : les dépenses de l'entreprise (loyer, véhicules, factures, etc) n'entrent pas non plus dans le raisonnement de M. Poitrinal concernant les salariés.

Il faut donc comparer les 6000 € de superbrut du salarié avec 5410 - 950 = 4460 €. Notre avantage n'est donc pas de 590 €, mais de 1540 € par mois. C'est énorme !

En résumé : nous sommes nettement moins taxés que les salariés. Nous n'occupons pas une niche fiscale comme celle des journalistes, mais une niche sociale : notre cabinet n'a pas à verser pour nous l'équivalent des charges sociales patronales.

Dans ces conditions, nous pouvons vivre de deux manières :

 

  • Pilule bleue : profiter de notre niche sociale, en atténuant éventuellement le danger grâce à une prévoyance Madelin et à un petit plan épargne retraite (PER) ou une assurance vie investie essentiellement sur des fonds sans risque. Puis dire qu'on ne peut pas épargner davantage sans vivre comme un moine ; et compter sur le conjoint qui ne sera peut-être pas toujours là.
  • Pilule rouge : définir une stratégie pour optimiser notre avantage et créer une auto-protection. Une auto-protection contre les baisses de revenus, qu'elles soient liées aux aléas de la vie, à l'inflation, aux tarifs gelés ou au départ en retraite.

 

1000 € disponibles par mois : un objectif illusoire ?

NON ! Et je vais vous le prouver.

Reprenons le simulateur de l'URSSAF et regardons quel effort de travail doit produire une orthophoniste célibataire sans enfants (c'est encore plus rapide si elle a des enfants) pour augmenter son revenu disponible de 1000 €.

Je ne voudrais pas vous endormir avec une ribambelle de captures d'écran. Alors je synthétise l'essentiel des résultats du simulateur dans ce tableau :

 Le nombre d'actes mensuel correspond à la cotation moyenne des orthophonistes, d'après les relevés d'activité individuels de la sécu : AMO 13. Ca devrait monter encore grâce à l'avenant 19.
Le nombre d'actes par semaine n'est pas une simple division par 4 du nombre mensuel. Je l'ai annualisé, puis divisé par 45 semaines (5 semaines de congés + les jours fériés et quelques ponts).

Par exemple, pour dégager 1000 € de capacité d'auto-protection quand on gagne à 3000 € après impôts, il faut passer de 46 à 62 actes par semaine ; et donc probablement avec certaines semaines à 70 pour encaisser les semaines de vacances scolaires.

En moyenne, il faut donc 16 patients de plus. Une journée. C'est d'ailleurs exactement ce que j'ai fait quand j'ai réalisé que je fonçais dans le mur avec ma petite assurance vie : je suis passé de 4 à 5 jours de travail par semaine et j'ai dégagé 1000 € par mois que je n'ai pas dépensés, mais que j'ai investis.

Il me reste tout de même deux jours de farniente par semaine. Mes grands-parents n'avaient que le dimanche pour les uns, le lundi pour les autres.

Farniente humide, dimanche dernier


Que faire de ces 1000 € ?

Mille euros nets d'impôt par mois permettent déjà une stratégie significative, loin des mesurettes qui vous attireraient des déconvenues le jour venu.

Votre stratégie évoluera au fil du temps en fonction de vos besoins, de votre appétence au risque et de vos connaissances (tout s'apprend). Vous pouvez faire les choses de manière séquentielle, ou vous transformer en Vishnou en vous diversifiant d'emblée.

A 30 ans, par exemple, vous n'avez pas les études de vos enfants à financer. Et vous n'avez pas encore trop souffert du gel de l'AMO. Mais vous pouvez chercher à acheter une résidence principale pour vous mettre à l'abri d'un loyer à verser pendant vos vieux jours.

A 50 ans, en revanche, vous sentez tout le poids du gel de l'AMO (et de son décrochage avant son gel total). Vous avez peut-être les études des enfants à financer, ou leur installation à aider. Et vous commencez à songer à sécuriser vos avoir pour ne pas partir en retraite pendant un krach financier ou immobilier.

25 ans, 30-50 ans, 50-67 ans, puis retraite : quel besoins, quelles stratégies ? C'est tout l'objet de ma dernière formation en ligne : "Jeux et stratégie" (70 € au lieu de 90 jusqu'au 28/10/22).


Je vous y donne les outils qui permettent d'établir votre diagnostic, puis d'agir en faisant appel aux professionnels quand il le faut. Mais avant cela, il faut découvrir l'énorme éventail des possibilités qui s'offrent à vous.

L'Etat nous traite en adultes partiellement responsables, alors qu'il a infantilisé les salariés en leur confisquant le choix de leur protection sociale. Il est étonnant qu'un salarié à 2850 € accepte de travailler davantage pour l'Etat que pour lui. Bien sûr, on l'endort en lui parlant de salaire différé.

Il ne faudrait pas qu'il se révolte. Mais il y a tellement de redistribution dans les charges sociales (notamment de la part des actifs vers les baby boomers qui se sont voté des privilèges exorbitants) qu'il s'agit bel et bien de dispositifs solidaires proches de l'impôt sur le revenu.

A notre petit niveau, nous le voyons bien quand nous regardons les bilans de la CARPIMKO : une partie importante de nos cotisations sort pour financer les retraités d'autres professions. Les vieux notaires, par exemple.

Quant à l'URSSAF, elle nous prélève des allocations familiales même si nous n'avons ni enfants, ni APL. Elle nous ponctionne aussi une cotisation au chômage (dans la CSG), dont nous n'avons pas besoin. Sans parler de sa CFP qui finance les formations labellisées "FIF-PL", même si nous nous formons avec le DPC et nos lectures. Le concept de salaire différé est donc au minimum un abus de langage ; au pire : une escroquerie intellectuelle.

Profitons donc pleinement de la liberté qu'on nous laisse ! C'est l'un des grands bonheurs de l'exercice libéral. 



mardi 6 septembre 2022

CARPIMKO vs Bercy vs URSSAF

 


Cette semaine, Bruno Le Maire a annoncé que le barème de l'impôt sur le revenu augmenterait d'environ 5% l'an prochain.

https://www.moneyvox.fr/impot/actualites/89791/impot-sur-le-revenu-les-tranches-du-bareme-revalorisees-de-5-une-bonne-nouvelle-pour-vous

Paradoxalement, c'est une hausse qui fait plaisir. Surtout dans les professions aux tarifs généralement gelés, comme les métiers paramédicaux.

En fait, quand les frontières des tranches d'imposition montent alors que votre revenu stagne, votre impôt baisse. Les tranches faiblement taxées prennent plus de place que l'année d'avant.

Jusque là, on peut se dire que c'est une mesure de justice. Quand tout augmente sauf nous, il est équitable que nous payions moins d'impôts.

Quel beau pays nous avons là !


 

Malheureusement, ce n'est pas si simple.

Les paramédicaux français subissent la pression de trois types de taxmen : le fisc, l'URSSAF et la CARPIMKO.

Il est donc intéressant de considérer le bilan global de la ponction, et non juste celui du fisc.

Éliminons l'URSSAF du raisonnement : six de ses sept cotisations sont proportionnelles. La 7ème, c'est la contribution à la formation professionnelle (CFP), qui augmente de deux ou trois euros par an. Donc à revenu égal, la ponction ne change quasiment pas.

 

Comparons plutôt le fisc et la CARPIMKO. 

Là, ça tangue davantage.


Puisque nous n'avons pas encore les chiffres officiels de 2023, j'ai comparé les ponctions de 2021 et de 2022. J'ai juste ajouté 2023 pour le fisc, en grisé, pour vous donner une idée de sa baisse. Mais le barème exact sera dans la loi de finances. Quant à la CARPIMKO, nous ne saurons ce qu'elle nous prendra qu'à la fin janvier.

Cantonnons-nous donc à la transition entre 2021 et 2022, qui a été décidée avant le grand retour de l'inflation. Là j'ai toutes les données. Je les ai rassemblées dans ce tableau :


Un paramédical libéral célibataire qui gagne 30 000 € tous les ans (en travaillant de plus en plus pour compenser la hausse de ses charges) a vu une baisse de 84 € de son impôt sur le revenu cette année.

Problème : la CARPIMKO lui a pris 185 € de plus.

La faiblesse des montants est due à la petite inflation de l'an dernier. Mais le principe est là : la CARPIMKO a évolué 2,2 fois plus vite que le fisc, alors même que son régime de base n'a pas changé. Nous sommes donc dans la situation d'un marin qui a une belle brèche dans sa coque mais qui n'a qu'une petit écope pour résoudre le problème.

Il sera intéressant de refaire ces calculs à la fin janvier, quand nous aurons le barème 2023 de la CARPIMKO.

En attendant, nous pouvons résumer l'évolution de nos trois taxmen :

  • L'URSSAF est neutre, sauf quand nos syndicats nous inventent une nouvelle taxe comme l'an dernier.
  • Le fisc tient compte de l'inflation et allège sa pression sur ceux qui ont des revenus gelés.
  • La CARPIMKO, qui est pourtant celle qui connaît le mieux nos problématiques, nous ponctionne de plus en plus.


 

 Deux lots de consolation non négligeables :

  • Cette hausse est déductible.
  • La CARPIMKO conserve un système dégressif qui encourage au travail, contrairement au fisc qui nous pousse à soigner le moins de patients possible. Actuellement, la pression de la CARPIMKO s'écroule quand on dépasse 41 136 € de bénéfice annuel : le régime de base ne prend que 1,87 % de tout ce qui dépasse cette frontière, contre 10,1 % de tout ce qu'il y a en-dessous. Notez que la frontière, indexée sur le plafond annuel de la sécurité sociale (PASS), va malheureusement évoluer dans le mauvais sens en 2023...

mardi 26 juillet 2022

Fin partielle de la DAP : les questions que cela soulève

 

Un petit choc de simplification a eu lieu dimanche dernier, le 24/07/22. La demande d'accord préalable n'est plus nécessaire à la suite d'un bilan orthophonique initial !

La DAP, anciennement DEP, était une source de mystère jusqu'alors. Une fois que vous aviez terminé votre bilan, vous deviez l'envoyer à la sécu. Dans les nombreux départements arriérés où elle n'était pas dématérialisée (exemple pris au hasard : la Seine-Maritime), vous deviez deviner à quelle vitesse la Poste allait la faire transiter : vous n'aviez pas le droit de rééduquer le patient pendant quinze jours,  à partir de la date de réception de la DAP.

La FNO se félicite de cette nouvelle "très attendue par l'ensemble de la profession" dans ce communiqué :
https://www.fno.fr/vous-etes/vie-professionnelle/la-dap-initiale-cest-termine/

Vous trouverez l'extrait du Journal officiel de dimanche ici :
https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000046083024

Une liberté accordée sans renforcement des contrôles ni garde-fous, c'est rarissime en France. A tel point que c'est étonnant. Mais savourons l'instant. La FNO, qui ne voit pas le mal partout, dit que c'est simplement une marque de confiance de la CNAM envers nous. Gageons que les autres auxiliaires médicaux ne vont pas tarder à s'en émouvoir.

 

Cas du bilan de renouvellement

Vous l'avez compris : si la DAP et le délai de quinze jours sont supprimés suite au bilan initial, ils perdurent suite à un bilan de renouvellement. La FNO et les caisses ne disent pas pourquoi.

Si vous êtes dans un département vintage, vous allez pouvoir continuer à jouer à Mme Irma avec la Poste, d'autant qu'elle va supprimer son timbre rouge :

https://www.francetvinfo.fr/societe/debats/timbre-marianne/la-poste-annonce-la-suppression-du-timbre-rouge-au-1er-janvier-2023_5269738.html


Cas du premier renouvellement sans bilan

Reste la question du premier renouvellement, par exemple au bout de 30 séances de rééducation du langage écrit.

Là, c'est flou. 


La FNO dit que la décision des caisse supprime la DAP "pour toutes les prescriptions initiales". Le texte officiel dit aussi : "En cas de bilan pour le renouvellement des séances, l'orthophoniste établit une demande d'accord préalable."

Jusque là, tout va bien : on peut en déduire qu'au premier renouvellement (sans bilan), la DAP est aussi supprimée.

Mais plus bas, le texte officiel comporte ce titre de rubrique :
"Rééducation individuelle ou nécessitant des techniques de groupe (accord préalable pour les renouvellements)".

Il faudra donc une clarification sur ce point. Dans le doute, on peut encore envoyer une DAP et attendre quinze jours après sa réception... Ce n'est pas grave, puisque nous faisons ça depuis longtemps. Notez qu'il fut un temps où il fallait attendre dix jours après l'envoi, et non quinze jours après la réception. C'était à l'époque des petites DEP au format A5. 


Est-ce dangereux ?


 
On peut se poser la question, puisqu'un accord donné est une forme d'engagement de paiement de la part des caisses.

A la fin de son communiqué, la FNO cherche à nous rassurer :

"La DAP sert à demander à la Caisse son accord pour le paiement de nos actes en série mais elle n'engage pas la Caisse pour le paiement intégral des actes puisqu’elle peut à tout moment réévaluer sa prise en charge."

Ce à quoi Patrick Pérignon (ex-vice président de la FNO) objecte :

"La caisse peut effectivement notifier un refus en cours de série, mais dans ce cas elle paie/rembourse les actes jusque la notification de refus.
La suppression de la DAP supprime-t-elle de fait cette possibilité qu'avait la caisse de rejeter la DAP ? La caisse peut-elle continuer à dire "stop" en cours de série ? Personnellement je pense que oui.
Par ailleurs, combien d'orthophonistes ont eu un rejet de DAP en cours de série d'actes? A comparer au nombre d'orthophonistes qui se sont référés à la DAP pour contester une demande d'indu, ou un non paiement/remboursement d'actes et ont obtenu gain de cause."

Dangereux ou pas, c'est fait, de toute manière. Que nous nous réjouissions ou pas, cela n'a pas d'importance. Le cadre légal a changé. On n'y peut rien, donc il faut s'y adapter.


Faut-il arrêter la DAP initiale dès aujourd'hui ?

La FNO, optimiste, dit que oui, puisque c'est paru au JO. Elle a eu une confirmation des caisses hier (25/07/22).

Personnellement, je vais attendre au moins la rentrée. Je doute que tout le monde soit au courant dans les 102 CPAM de France et de Navarre. Sans parler des caisses exotiques : MSA, SNCF, Armée, EDF...

Et puis jouer à Mme Irma, c'est tellement plaisant !


lundi 20 juin 2022

Inflation et AMO gelé : comment s'adapter ?

 

L'inflation est au cœur de ce blog depuis 2008. Pendant toutes ces années, j'en ai parlé comme d'un cancer insidieux qui rongeait l'orthophonie, en s'attaquant d'abord aux collègues des grandes villes et à ceux qui n'avaient pas la possibilité de travailler davantage pour compenser.

Jusqu'à l'an dernier, la hausse des prix nous ôtait 1 ou 2 % de pouvoir d'achat par an, sauf les rares années où les caisses proposaient une petite enveloppe à la FNO. Mais cette obole survenait juste deux fois par décennie. Les deux dernières fois, les avenants ont soigneusement évité l'AMO. Ils n'ont donc pas concerné tout le monde de la même manière.

L'an dernier, j'ai cherché à estimer (ici) notre érosion sans me limiter à celle de l'AMO : je suis arrivé à une fourchette de 13 à 25 % de perte entre 1983 et 2021.

Pendant ces années de cancer insidieux, nous nous rassurions en nous disant que nous n'étions pas les plus à plaindre, que c'était la triste évolution de l'ensemble de la population (ce qui était faux) et qu'il fallait être deux pour négocier. C'étaient les arguments les plus répandus sur les réseaux sociaux orthophoniques.

Bon an mal an, nous essuyions nos -1 à -2 % de pouvoir d'achat sans broncher. Nous ne nous apercevions du problème qu'en considérant de longues périodes. De toute manière, qu'aurions-nous pu faire ? 


Et puis la vraie inflation est revenue.


Pas besoin de regarder une longue période, à présent : tous les mois, on nous annonce un demi-point de plus. Le mois dernier, la France se situait à 5,2 % d'inflation. Les ruineux boucliers mis en place sur l'énergie abaissent artificiellement ce chiffre d'environ 2 %. D'ailleurs, l'Allemagne est à 7,9 %, l'Espagne à 8,7. L'Estonie détient le record de la zone euro avec 20 %

Un exemple concret de répercussion sur nos vies : ce week-end, j'ai voulu savoir où en était le sac de 15 kg de granulés de bois. J'avais payé les derniers 4,50 € au milieu de l'hiver. Eh bien... Bricomarché m'annonce 5,90 €, soit une hausse de 31 %. Mais même à ce prix, la demande est si forte qu'ils n'en ont plus.


Que se passe-t-il ?

La hausse des prix a été amorcée l'an dernier par des pénuries de matières premières, des confinements en Asie, un réveil de la consommation après la pandémie et une politique très accommodante des banques centrales et des États. 

Demande forte + pénurie = hausse des prix.

C'était logique. Et puis la guerre d'Ukraine a dopé le mouvement. C'est une inflation importée, avec une part d'anticipations spéculatives. Nous la devons essentiellement au prix des matières premières et de l'énergie. C'est ce qui fait qu'un citadin sans voiture, qui vit dans un bâtiment récent, se sent moins impacté qu'un rural qui loge dans une passoire thermique. 

Même problème au cabinet, d'ailleurs. Nos tarifs sont un T-shirt à taille unique (le SMIC en est un autre), alors que nous ne subissons pas tous les mêmes contraintes.


Est-ce que cette tempête va durer ?

Les économistes ont mis beaucoup de temps à s'accorder sur l'existence-même du problème. A présent, certains voient venir un pic dans les mois qui viennent, suivi d'un maintien des prix à un plafond haut. D'autres disent que le cours des matières premières peut chuter subitement. C'est souvent arrivé. Le ministre des Finances, lui, dit qu'on sortira du pic à la fin de 2023

Alphonse Allais disait : "Il ne faut jamais faire de projets, surtout en ce qui concerne l'avenir."

Alors... nous verrons bien. 

Ce qui est probable, c'est la suppression des boucliers français qui protègent tout le monde ; et leur remplacement par des dispositifs qui cibleront les Français les plus nécessiteux (NDLR : donc... pas nous). Ca coûtera moins cher, tout en permettant d'être plus généreux avec ceux qui en ont le plus besoin.

Les 18 centimes de baisse des taxes sur les carburants, notamment, devraient disparaître progressivement au quatrième trimestre. Concernant l'électricité (et le gaz), il arrivera un moment où les fournisseurs n'en pourront plus. Dans certains pays européens, les factures ont doublé. Ici, on force EDF à prendre les hausses dans son bilan sans les répercuter aux clients, alors qu'elle est déjà mal en point.

Pendant ce temps, les salaires indexés (donc proches du SMIC), les pensions de retraite et les minima sociaux vont suivre le mouvement.

 

Et les orthophonistes libéraux ?


Ca risque de picoter à l'automne, quand les aides larges seront supprimées.

Heureusement, ça coïncidera avec les premières hausses de tarifs de l'avenant 19, qui devraient survenir à la Toussaint. Les suivantes nous toucheront en juillet 2023. Et puis... ce seront 4 ans de vide, avant les négociations de 2027. 

Il faut espérer que l'inflation revienne à 1 ou 2% dans un an. Finalement, un cancer à évolution lente, c'est mieux que la thrombose actuelle.

 

Que faire si nous passons plusieurs années entre 5 et 10 % ?

Plusieurs idées (voir aussi cet article) : 

  • Espérer que les caisses acceptent de remettre en cause leur mur du silence avant 2027. Je ne miserai pas là-dessus, sauf peut-être pour les médecins. Mais les auxiliaires médicaux resteront toujours la cinquième roue du carrosse.
  • Espérer que l'URSSAF et la CARPIMKO réduisent leur facture pour compenser. Ne riez pas.
  • Travailler plus pour gagner plus : il n'y a pas de plafond de rentabilité, mais juste un plafond de fatigue et un plafond de tolérance de nos proches.
  • Orienter sa pratique vers les cotations hautes.
  • Déménager dans une zone où tout est moins cher, pour se sentir mieux dans le T-shirt à taille unique.
  • Devenir frugal(e), tant sur le plan perso que sur le plan pro : Slowortho vous y aidera.
  • Comprimer tous les frais : assurances, abonnements en tous genres, AGA, comptable éventuel ; tenir un tableau pour surveiller leurs évolutions de tarifs.
  • Formations : utiliser le DPC au maximum.
  • Lutter contre l'absentéisme.
  • S'associer pour partager les frais.
  • Rouler à l'e85 ou à l'électricité. Je fais les deux.
  • Utiliser au maximum l'économie collaborative. Il y a vraiment une mine d'or là-dedans.
  • Acheter principalement des promotions et du déstockage. Ca fausse l'idée du vrai prix des choses, mais tant que l'AMO sera gelé, ce sera à faire. Quand je fais mes courses, je n'achète pas de la nourriture, j'achète des promotions avant tout. Ensuite on regarde comment en faire des plats. Et on stocke beaucoup, hors frais (ex : 6 kg de café le week-end dernier).
  • Pour les achats technologiques : toujours commencer par Dealabs.
  • Développer une activité secondaire, si possible indépendante du temps passé (c'est un peu ce que j'ai fait avec mes formations en streaming). Vous trouverez 63 idées d'activités dans cette vidéo d'André Dubois :


 

Il faudra aussi protéger son épargne de l'inflation. Ca mériterait un article entier. Mais voici quelques pistes glanées dans mes lectures depuis quelques semaines :

  • L'immobilier est souvent cité parmi les boucliers anti-inflation, parce que les loyers sont indexés. Encore faut-il encaisser ces loyers... et en France, on change les indices quand les locataires commencent à tiquer. On peut donc imaginer que le gouvernement réduise la part de l'inflation dans l'indice de révision des loyers (IRL).
  • Quant aux SCPI, elles dépendront d'une éventuelle récession, puisque c'est de l'immobilier professionnel. Avant d'acheter, il faut regarder comment elles ont traversé les crises de 1992 et de 2008. Attention aussi à la fiscalité !
  • La bourse n'a pas encore atteint les niveaux planchers qui justifieraient des achats massifs, d'après ce que j'ai entendu et lu ce week-end. Et surtout, si vous y allez quand même, investissez de manière progressive, fractionnée, pour lisser votre cours d'achat.
  • On n'a aucune visibilité sur les cryptos. Ca tangue fortement : le Bitcoin vient de passer sous les 20 000 €. Coinbase licencie 1100 employés.
  • L'once d'or se porte mieux, comme toujours quand l'incertitude domine. Vous pouvez en acheter avec des ETF, notamment.
  • Vous pouvez vous diversifier en achetant des ETF sur les matières premières, de la forêt-papier, des produits structurés.
  • Gardez de l'argent immédiatement disponible pour profiter d'éventuelles bonnes affaires. "Cash is king", comme on dit dans la Silicon Valley.

Deux liens intéressants dans ce domaine :

https://outsmart.fr/video/comment-se-proteger-de-linflation/

https://avenuedesinvestisseurs.fr/inflation-comment-proteger-son-epargne/


Bien sûr, aucune des idées de cet article ne vaudra une indexation de l'AMO sur l'inflation. 

Dans les années 1970, quand les prix prenaient 10 à 15 % par an, nos tarifs suivaient. Le décrochage a commencé en 1983. Quelques années plus tard, les caisses ont inventé les cinq ans de silence, puis le gel des lettres-clés. L'AMO est parti pour 15 ans à 2,50 €.

2022-2027 : nous avons devant nous cinq ans de méditation, loin du fracas. Mais dans le tracas.

Quant à moi, chaque jeudi dans ma newsletter (laissez votre mail ici), je continuerai à vous transmettre les infos et les conseils que je glanerai auprès des experts et que j'adapterai à notre situation particulière. Il ne s'agit pas de se laisser dériver dans cette tempête. Surtout, ne sombrons pas dans la léthargie !

lundi 2 mai 2022

CARPIMKO : mon amie de 30 ans - On fait le bilan !

 


C'est souvent en regardant les évolutions sur le long terme qu'on identifie les tendances de fond.

En début d'année, quand la CARPIMKO publie son barème, je vous fais souvent part du pourcentage de hausse que cela représente. Mais je le fais d'une année sur l'autre. Aujourd'hui, je vais le faire sur 30 ans grâce à un papier que j'ai retrouvé dans mes archives.

Pour mémoire, la CARPIMKO nous prélève 7 cotisations :

  • 2 pour le régime de base, qui sont les mêmes pour toutes les professions libérales sauf les avocats
  • 2 pour le régime complémentaire, en forte hausse tous les ans
  • 2 pour le régime des praticiens conventionnés
  • 1 pour le régime invalidité-décès, en forte hausse cette année

Voici l'état des lieux que m'avait envoyé la CARPIMKO en 1992 :


A l'époque, le système nous poussait clairement à travailler : quel que soit notre revenu, le total était de 16 220 F, soit 2 473 €, ou 3 697 € actuels (source : https://www.insee.fr/fr/information/2417794).

Nous pouvions cotiser davantage si nous le souhaitions, en optant pour les "classes" C à F. Mais c'était facultatif. 

Je m'étais bien gardé de faire confiance à la CARPIMKO en lui donnant volontairement une partie de mes revenus. Le livre blanc de Michel Rocard (voir ici) était paru l'année précédente. 

 

 

M. Rocard montrait bien que le système de retraite par répartition allait au-devant de grands dangers à cause de l'évolution démographique du pays et de son apathie économique.

Malheureusement, quelques mois plus tard, le facultatif est devenu obligatoire. Puis chaque régime a été réformé, au fur et à mesure ; avec à chaque fois une aggravation des conditions pour les cotisants. Mais l'honneur était sauf : on ne baissait pas les pensions des retraités. La solidarité intergénérationnelle fonctionne à sens unique.

Où en sommes-nous, 30 ans plus tard ?

J'ai voulu le savoir précisément.

Puisque la cotisation est maintenant liée aux revenus, j'ai cherché à savoir quelle évolution nous subissions à 30 000, 45 000 et 60 000 € de bénéfice :


Comme vous le voyez dans la ligne rouge, l'augmentation va de +63 % à +129 %, même en tenant compte de l'inflation !

Chaque hausse annuelle reste peu lisible : elle est noyée dans le système des régularisations. Et surtout, aucun syndicat ne s'en plaint, puisque ces corporations participent à la gestion de la CARPIMKO.

Mais sur 30 ans, la dérive est bien lisible. En comparaison, l'URSSAF s'est mieux tenue : la hausse d'une cotisation a généralement été compensée par la baisse d'une autre. A la CARPIMKO, on sait augmenter 3 ou 4 cotisations à la fois, sans la moindre contrepartie ; et tous les ans.


Mais c'est pour notre bien, non ?

Si. En théorie.

Le principe de la retraite par répartition paraît cohérent, équitable et solidaire : les jeunes paient pour les aînés. Puis à leur tour, ces jeunes devenus vieux sont financés par leurs enfants. Et ainsi de suite.

Le problème, c'est que c'est une pyramide de Ponzi légale : si vous avez 25 ans, vous savez combien de baby boomers vous devez financer. Mais une bonne partie de ceux qui devront financer VOTRE retraite ne sont même pas nés. Et on ne sait pas quelles conditions économiques ils rencontreront d'ici là. Les auxiliaires médicaux seront-ils encore conventionnés ? Tant de choses peuvent se passer.

Il n'y a donc pas beaucoup plus de sécurité dans notre système que dans la retraite par capitalisation (l'épargne).

Bien sûr,  on pourra toujours dire que les régimes par répartition ont la possibilité de s'endetter. Mais c'est immoral. Moi, j'aime mes enfants. Je n'ai pas envie de leur faire supporter mon impéritie.


D'après Patrick Artus, pour chaque euro cotisé depuis le début des années 80, un système de retraite à 100% par capitalisation aurait rapporté 21,90 € contre 1,90 € en répartition.

Cela aurait en outre financé l'économie du pays. Mais les principes généreux agissent comme le soleil sur un pare-brise : ils nous empêchent de voir la réalité. Nos syndicats font partie des gens éblouis par les grands principes.

Alors on n'en sortira pas. Longue vie à la vorace CARPIMKO !

Rendez-vous dans 30 ans...


lundi 4 avril 2022

Avenant 19 : ça fait combien ?

 

Ce midi, j'ai reçu l'Orthophoniste de mars (oui, nous sommes bien le 4 avril).

L'Orthophoniste, c'est la revue officielle de la FNO. Je la lis depuis les années 80, grâce à mon père. Ce numéro 417 est exceptionnel parce qu'il a été envoyé à toute la profession.

C'est l'occasion d'inciter les non-adhérents à rejoindre le tiers des orthophonistes qui soutiennent la FNO par leur cotisation, en leur présentant plusieurs points importants. Citons notamment :

  • le texte d'orientation qui servira de ligne directrice au prochain bureau fédéral, qui sera élu à Arles en juin ;
  • les propositions de la FNO aux candidats à la présidentielle : des dépenses nouvelles et des questions statutaires, mais pas d'avis sur les recettes permettant de financer tout ça ;
  • des recommandations de bonne pratique sur le langage écrit ;
  • le combat pour les salariés, qui continue encore et encore (c'est que le début, d'accord, d'accord) ;
  • un tour d'horizon sur les écoles d'orthophonie qu'on n'appelle plus comme ça ;
  • une réflexion éthique sur l'accès direct (sans ordonnance) dont l'expérimentation peine à démarrer, faute de décrets ;
  • un article d'Aimé Disant moins politisé que d'ordinaire, peut-être à cause de la diffusion large de ce numéro...
  • ENFIN ET SURTOUT : un dossier sur l'avenant 19.
Tout cela permet à la FNO de montrer qu'elle travaille et qu'elle mérite notre soutien ; au minimum, en adhérant. 
 
 

Au maximum, on peut soutenir la FNO en y militant, d'autant que Madame Dehêtre affirme que ses revendications sont "justes" (page 3). Je ne sais pas ce qu'elle entend par là parce que cet adjectif est polysémique. Quoi qu'il en soit, c'est probablement un sens positif. Il est peu probable que le sens soit le suivant :
Juste : aq. Qui manque d'ampleur.
"C'est un peu juste !". Guillaume Lefebvre, essayant un jeans après s'être gavé de chocolats de Pâques.

 
Chaque mois, j'écris quelques mots sur la couverture de l'Orthophoniste pour pouvoir retrouver facilement telle ou telle référence. Le mois dernier, c'était "démographie". Ce mois-ci, j'ai écrit "avenant 19". C'est quand même le gros changement de 2022-23.
 
Je vous passe les détails, puisque vous allez recevoir l'Orthophoniste de mars. Mais la conclusion (page 25) est une vraie punchline, comme on dit maintenant :

"Les seules revalorisations des actes ciblés par l'avenant 19 équivalent à un AMO à 2,90 €. En conclusion : l'ensemble des revalorisations issues des 3 avenants équivaut à une augmentation de l'AMO à 2,65 €."

Ce n'est pas très clair mais si je comprends bien, une orthophoniste qui ne pratiquerait que les cotations concernées par l'avenant 19 bénéficierait d'ici le 1/07/2023 de l'équivalent d'un passage de l'AMO de 2,50 à 2,90 € (+16%). 

Avec une patientèle classique, elle aurait plutôt l'équivalent d'un passage à 2,65 (+6%). Ce n'est qu'une moyenne, donc certains seront en-dessous et d'autres au-dessus. Les plus chanceux parviendront à une augmentation à deux chiffres. Nous n'avons pas vu ça depuis longtemps !

Malheureusement, il y a un autre chiffre que nous n'avons pas pu depuis longtemps : en zone euro, l'inflation moyenne est actuellement de 7,5% en rythme annuel. Je vous recommande la lecture de cet article sur le sujet :

https://investir.lesechos.fr/marches/actualites/nouveau-record-de-l-inflation-en-zone-euro-le-pire-est-a-venir-2010186.php

En France, nous ne sommes qu'à 4,5%. Ici, en pleine période électorale, l'inflation est artificiellement abaissée par les boucliers tarifaires du gouvernement sur le gaz, l'électricité et les carburants. Les négociations de la FNO auront au moins amorti le début du retour de l'inflation. C'est déjà ça : en 2017, l'avenant 16 avait été plus décevant.

L'avenant 19 permettra donc à beaucoup d'entre nous d'absorber le choc inflationniste en cours. Si la situation économique revient ensuite à la normale, nous pourrons attendre sereinement les négociations conventionnelles de 2027 (ça a lieu seulement tous les 5 ans).

En revanche, si nous entrons dans une période d'inflation durable, nous arriverons en 2027 dans un sale état.

 

Certains craignent une stagflation, comme dans les années 70 : stagnation économique + inflation. Ce serait l'idéal pour ceux qui souhaitent une transition écologique intense : pour eux, la croissance est une horrible fuite en avant. Et la hausse du prix de l'énergie est un moyen de réduire nos émissions de CO2. Mais si la sécu peine à se financer, nous serons des dommages collatéraux faciles en 2027.

Plusieurs points nous poussent vers une inflation durable, d'après les économistes :

  • notre volonté de remplacer le gaz russe par le gaz de schiste américain et le gaz qatari (le Qatar est une démocratie exemplaire, comme chacun sait) ;
  • les énergies renouvelables coûtent bien plus cher que les énergies fossiles ;
  • des matières premières essentielles sont dans les mains des Russes et des Chinois ;
  • le vieillissement de la population va créer des besoins de financement énormes, avec des conséquences sur les prélèvements sociaux et donc sur les prix finaux.
Fort heureusement, nous sommes à l'époque des surprises. Elles ne peuvent pas être toutes mauvaises, tout de même. Un exemple : le vieillissement de la population, dont je viens de vous parler, a longtemps été considéré comme un élément déflationniste. Quels économistes auront raison ? Nous en aurons peut-être une idée en 2027...

mardi 22 février 2022

L'orthophonie en a encore sous le pied


Hier matin, sur le groupe Facebook des Clés de la Réussite, j'ai posté un sujet sur l'inflation. En France, elle tourne actuellement autour de 3 % par an. En Allemagne et en Espagne, c'est le double. En Estonie, elle atteint même 12 % ! Ce pays n'est pourtant pas une contrée exotique tenue par un dictateur qui ferait n'importe quoi : c'est une démocratie de la zone euro.

Autrement dit, avec notre perte de 3 % de pouvoir d'achat en un an, nous pouvons nous estimer chanceux.

Pourtant, ce post m'a attiré le commentaire le plus amusant de la journée :

Il est vrai que depuis 2008, je ne vous abreuve pas de bonnes nouvelles tous les jours. Tout simplement parce qu'elles sont rares. Mais aujourd'hui, je voudrais m'extraire de l'étau qui se resserre sur nous. Ok, nous sommes pris entre l'inflation et le gel de nos tarifs. Nous avons appris récemment que l'AMO était parti pour 15 ans à 2,50 € en Métropole.

La tendance fait peur, mais où en sommes-nous, à l'instant t ?

En 2019 (dernière année normale), le revenu moyen des orthophonistes affiliés à l'AGAO a été de 2 598 €. J'en ai parlé dans cette vidéo :

Cette moyenne est tirée vers le bas par les collègues qui ont choisi un exercice mixte (libéral + salariat à temps partiel) et par ceux qui travaillent peu pendant une période. Par exemple, les femmes enceintes dont le revenu s'effondre pendant plusieurs mois. Dans un métier où les hommes ne représentent que 3 % de l'effectif, ce facteur ne peut être évacué.

Extrayons-nous des statistiques.

Petit calcul rapide : regardons combien gagne un orthophoniste qui reçoit 60 patients en moyenne, 45 semaines par an : en gros, 5 semaines de congés et les jours fériés.

Les relevés individuels d'activité de la sécu (une sorte de flicage instauré en 2002) nous apprennent que l'AMO moyen est à 13.

13 x 2,50 x 60 x 45 = 87 750 € de recette.

Avec une recette de cet ordre, on peut arriver à 30 % de taux de dépenses pro, comme je l'ai expliqué ici. Mais prenons 40 % pour être large :

87 740 - 40 % = 52 650 € de bénéfice, soit un revenu de 4 388 € par mois.

Avec ce revenu, on vit confortablement dans la France de 2022. On peut même songer facilement à épargner pour compenser notre protection sociale anémique. Les 3000 formations que j'ai vendues en deux ans (voir ici) montrent que beaucoup de collègues se sentent concernés.

Jouons avec les paramètres, maintenant.


Si on passe de 60 à 70 patients en moyenne, le revenu monte à 5 119 €.

Si on passe de 60 à 50 : 3 656 €.

Si on revient à 60 mais qu'on ajoute deux semaines de congés : 4 193 €.

Si on fait 45 semaines mais qu'on adore le langage écrit et que l'AMO moyen du RIA est de 11 au lieu de 13 : 3 712 €.

Dans tous les cas, l'orthophonie libérale se situe nettement au-dessus du revenu médian français, qui n'est malheureusement que de 1 940 €.

En fait, cela nous situe plutôt au salaire net médian des cadres, qui est de 4 230 €. C'est assez cohérent, puisque nous avons  bac+3 (pour la plupart des logopèdes rentrés en France) à bac+5 (pour les diplômés de ces dernières années).

Ces chiffres prouvent que l'orthophonie libérale en a encore sous le pied, grâce au travail de nos pionniers. Nous partions d'une excellente rentabilité horaire, dans les années 60-70. Ca baisse depuis le tournant de la rigueur de M. Mitterrand en 1983 et rien n'annonce un redressement, d'autant que l'inflation est de retour. Mais nous avons de beaux restes. Je n'en dirais pas autant de l'orthophonie salariée...

On peut donc sourire et se dire que les orthophonistes libéraux ne sont pas les plus à plaindre. Ok, le reste de la population bénéficie d'augmentations de salaire, contrairement à nous (ou si peu). Mais nous pouvons encore atteindre 5000 € par mois.

Quelques objections à ce joli tableau, tout de même

Les revenus que j'ai cités paraissent souvent hors d'atteinte pour beaucoup de collègues. Il y a plusieurs raisons à cela.

Objection n°1 : le taux de charges de 40 % est inaccessible dans les grandes villes, à cause du prix de l'immobilier.

C'est vrai. Nos tarifs sont un T-shirt à taille unique. Appliquer l'AMO de la Lozère dans le 16ème arrondissement de Paris, c'est comme mettre un crop-top de collégienne quand on mesure 1,80 m et qu'on pèse 120 kg (je n'ai pas d'image d'illustration, désolé). Les médecins aiment faire du dépassement d'honoraires à Paris, il y a une bonne raison à cela.

Objection n°2 : l'AMO 13 n'est qu'une moyenne.

Vrai aussi. J'en ai parlé un peu plus haut. Si vous vous spécialisez dans les cotations basses qui n'ont pas la faveur des caisses et de la FNO, vous en subirez les conséquences malheureuses. A l'inverse, vous pouvez aussi choisir d'aller vers les cotations hautes en vous formant sur les domaines qui plaisent à nos dirigeants.

Objection n°3 : les patients disparaissent pendant les vacances scolaires.


Ce point est plus vrai dans les grandes villes développées que dans les zones défavorisées où les gens n'ont malheureusement pas les moyens de partir. Ici, le cabinet est loin d'être vide en été. Peu de gens partent. Les enfants qui vont en centre aéré viennent le soir. Et les collègues qui reçoivent davantage d'adultes sont moins touchés par ce problème. 

Enfin, là où l'orthophonie est un métier saisonnier, il faut raisonner comme un... saisonnier de Val d'Isère, qui ne se contente pas de 35 heures en février. Il sait qu'il mange son pain blanc, donc il l'engrange tant qu'il peut pour traverser les périodes de pain noir.

Objection n°4 : à 60 actes par semaine, je m'épuise.

Cela dépend du travail bénévole effectué à côté : paperasse de la sécu, mutuelles qui ne paient pas, préparations de séances, contacts multiples, comptabilité, rédaction de comptes rendus et de notes d'évolution, participation à des réunions ou à des actions de prévention, militantisme syndical, etc.

Mais tout s'optimise. Il existe des orthophonistes qui pratiquent 100 actes par semaine et qui le vivent bien, parce qu'ils sont organisés. Ce ne sont pas tous des margoulins qui sabotent le travail, comme on pouvait le lire souvent dans les années 2000 (à présent, ils semblent un peu plus respectés). 

J'ai basé mes calculs sur 60 actes seulement. Ca reste raisonnable : 60 demi-heures font 30 heures. Allons jusqu'à 35 si on ajoute quelques actes plus longs et un peu de travail bénévole. 35 heures, c'est peu. En Suisse, les gens travaillent 42,5 heures par semaine en moyenne.

Tout est relatif. Si on se met dans la tête qu'on gâche sa vie à la 36ème heure, on se met volontairement en état de stress.

Faut-il se satisfaire de la situation actuelle ?

La situation actuelle, ce n'est pas que l'instant t : c'est aussi la prise en étau dont je parlais au début. Les médecins voient le C augmenter à un rythme légèrement supérieur à celui de l'inflation. Les paramédicaux français, eux, sont parmi les plus rentables de l'Occident pour les assurances (sécu + mutuelles). Ils le seront de plus en plus.

Cela dit, ne tombons pas dans le misérabilisme : nous pouvons encore vivre comme des cadres et anticiper le resserrement de l'étau. Surtout à la campagne et dans les villes moyennes. A ce propos, nous avons deux bureaux libres, si vous voulez vous mettre au vert (et au bleu) :

J'ai pris cette photo vendredi après-midi, en allant travailler. Quand on exerce hors de l'enfer des grandes villes, on vit sainement, tout en vérifiant chaque jour que l'orthophonie en a encore sous le pied !

Contactez-moi pour en profiter.

mardi 25 janvier 2022

CARPIMKO : toujours plus haut, toujours plus fort !

 

 

La CARPIMKO vient de publier son barème de cotisations pour 2022 :
https://www.carpimko.com/je-suis-en-activite/mes-cotisations/mes-cotisations-sadaptent-a-mes-revenus

Ce barème remplace celui de 2021, mais j'en avais fait une capture d'écran en décembre pour pouvoir comparer. Il est toujours intéressant de voir l'évolution de nos taxes, pour comprendre les tendances et pour pouvoir argumenter quand nos représentants affirment que la CARPIMKO est bien gérée.

Voici le résultat du comparatif :


Comme vous le voyez, la CARPIMKO comporte sept charges sociales, dont trois ne bougent pas.

Le régime complémentaire poursuit sa dérive habituelle : qu'il pleuve, qu'il neige ou qu'il vente, il s'octroie grassement plusieurs pourcents d'augmentation. C'est assez aisé quand l'assuré est un client captif.

L'avantage social vieillesse (ASV), qui ne concerne que les revenus conventionnés, évolue plus que nos tarifs. Il faut dire que ce n'est pas très compliqué, puisqu'ils sont gelés. Mais l'ASV reste sous l'inflation, qui tourne autour de 3 % en rythme annuel à l'heure actuelle.

Cette année, le délire touche le régime invalidité-décès : +12,5 % ! Comme ça, sans explication. C'est sidérant. Avons-nous eu plus d'AVC ou de burn-outs, subitement ? Sommes-nous morts massivement ? Nous ne le saurons pas.

 


Au total, le tableau montre qu'à revenu égal, un collègue à 30 000 € voit une hausse globale de 3,2 % de sa cotisation, sans nouveaux droits à la retraite. Il perd 185 € au moment où 2/3 des Français perçoivent 100 € d'indemnité inflation.

La CARPIMKO se sert en silence. Rien ne l'oblige à se justifier, puisque la concurrence n'existe pas. Si nous pouvions choisir entre elle et une autre caisse française, voire européenne, gageons qu'elle communiquerait un peu plus. 

On pourrait aussi imaginer que la CARPIMKO nous laisse le choix de notre niveau de protection, avec une cotisation qui s'ajusterait en conséquence. Ca a existé jusqu'au début des années 90. Puis cette liberté a été supprimée.

 

La CARPIMKO est-elle bien gérée ?

Son bilan, publié tous les ans dans son bulletin, reste solide. En même temps, il est facile de ne pas avoir de souci d'argent quand on se sert à volonté dans le portefeuille des assurés. Nos tarifs sont gelés ? Ce n'est pas le problème de la CARPIMKO. Hop, +12,5 % sur un régime.

Nous n'avons aucun moyen de réagir. Aucun moyen de pression, puisque les syndicats des auxiliaires médicaux participent aux décisions et soutiennent ce système. Aucun d'entre eux ne va sursauter en constatant les hausses de 2022.


Il reste une possibilité : se dire que ça pourrait être pire.

 
Malgré ces entailles dans notre pouvoir d'achat, nous pouvons nous estimer heureux d'avoir échappé aux 28 % de cotisation promis par la réforme Delevoye. C'était un effet collatéral de la crise du coronavirus.

Il est clair qu'après le barnum du printemps prochain, la réforme des retraites fera surface. On le sent dans la communication des candidats. Les pays européens bien gérés, horrifiés par notre comportement de cigale, font pression dans ce sens.
 
Mais la CARPIMKO, qui ne devrait pas être concernée puisqu'elle n'est pas en déficit et ne fait pas appel à la solidarité nationale pour ses fins de mois, se laisse assimiler aux régimes spéciaux sans réagir. C'est comme si un lanceur de couteaux voyait un spectateur se mettre volontairement devant sa cible.
 
Nos syndicats, pris dans les négociations conventionnelles et autres mesures techniques (ex : le nirvana de la fin des ordonnances obligatoires), ne communiquent pas davantage sur cette menace.

Le tableau de 2023 sera donc intéressant : poursuite de la dérive ? Cataclysme des 28 % dans l'indifférence générale, assortie d'une baisse de CSG potentiellement inconstitutionnelle ?

En attendant, réjouissons-nous de la hausse de 2022. L'étau se resserre toujours sur nous, mais doucement. Pour l'instant, nous pouvons encore compenser.