ABONNEZ-VOUS A MA NEWSLETTER : CLIQUEZ ICI
Chaque semaine, vous recevrez des infos, des bons plans, des astuces, des liens vers des discussions utiles et intéressantes...

mardi 30 août 2016

L'investissement paresseux - Partie 2 : comment ?



Dans la première partie, j'ai expliqué pourquoi nous, les paramédicaux libéraux, avions tout intérêt à nous constituer un patrimoine. Il peut être constitué d'immobilier et de valeurs mobilières. Même si vous n'avez jamais acheté quoi que ce soit à la bourse, vous investissez probablement déjà sur des actions et des obligations :
  • de manière directe, si vous avez une assurance vie classique, Madelin ou PERP et que vous placez vos apports sur le fonds en euros du contrat, parce que le capital y est garanti : ces fonds sont constitués d'obligations d'Etat (notamment la dette de la France), d'obligations d'entreprises et d'une petite poche d'actions ;
  • de manière indirecte : au 31/12/2014, la CARPIMKO possédait un patrimoine de 3,5 milliards d'euros, constitué pour 50% d'obligations, 40% d'actions et de convertibles, 9% d'immobilier et 1% de liquidités (cf son bulletin de décembre 2015).
Sur le long terme, c'est bien connu, les actions offrent un bon rendement. Le tout est d'avoir l'estomac bien accroché pour supporter leur impressionnante volatilité. Mais après tout, entre 1992 et 98, les prix de l'immobilier ont perdu 41% à Paris, selon l'indice des notaires. Pourtant, les Parisiens n'ont pas tous décidé de devenir locataires ou de vivre dans des tentes.

Si l'on admet la nécessité d'une prise de risque à l'heure actuelle, une question épineuse demeure : comment s'y prendre ? C'est ici qu'intervient l'idée de la gestion passive, inventée en 1976 par John Bogle, mais qui a pris un énorme essor dans les années 2000 aux Etats-Unis. On peut la résumer en quelques points :

Inutile de sélectionner les entreprises soi-même

Le particulier n'a généralement pas les connaissances économiques qui lui permettent de compter sur autre chose que la chance. Vous avez peut-être déjà écouté un ami qui avait réussi un coup sur telle ou telle action. Mais qu'en était-il des pertes qu'il avait subies sur les autres ?

Les SICAV et FCP subissent trop de frais

Nous pouvons faire confiance à des gérants professionnels pour sélectionner les valeurs à notre place. C'est d'ailleurs un passage imposé dans l'assurance vie, où on peut acheter des fonds, mais pas des actions de telle ou telle entreprise. Le problème, ce sont les frais : 2% de l'encours en moyenne. Il faut bien payer le travail des gérants. Pourtant, les SICAV et FCP suivent à peu près l'évolution du marché, alors qu'il faudrait qu'ils fassent le marché + 2%. A cela viennent s'ajouter les frais d'entrée et de gestion de la compagnie d'assurance ou de la banque. Sur le long terme, toutes ces dépenses érodent très fortement le rendement. Certaines années, elles l'anéantissent.

Il faut acheter des trackers (appelés aussi ETF)

Les trackers sont des fonds à très bas coût (généralement 0,1 à 0,4%) qui ne cherchent pas à faire mieux que le marché, mais qui cherchent à le suivre le plus fidèlement possible. Il en existe de plus en plus. Certains suivent le CAC 40 bien connu, d'autres l'indice de Francfort, l'indice européen, l'indice mondial, l'indice des pays émergents, etc... Pour être diversifié et donc réduire les risques, il faut brasser large en s'intéressant au monde entier. On peut acheter un unique tracker sur l'indice mondial MSCI World (par exemple celui-ci) et y mettre de l'argent tous les mois, quelles que soient les conditions économiques : on connaît l'intérêt de l'investissement lissé dans le temps. Si l'on veut affiner le concept, on peut remplacer l'unique tracker mondial par une petite sélection portant sur l'Europe, les USA, les pays émergents, les petites entreprises et même l'immobilier. Ce site indépendant propose gratuitement de petites listes de trackers en fonction des besoins de chacun, après avoir posé une série de questions. Mais que l'on investisse sur un seul tracker mondial ou sur une petite liste, la gestion passive consiste à s'y tenir et à ne pas trop écouter les actualités économiques.

Il faut une poche d'obligations, moins volatiles

Il est généralement conseillé d'assurer ses arrières en plaçant une partie des sommes investies en-dehors des actions, et notamment sur des obligations. En France, les fonds en euros des assurances vie peuvent assumer cette mission. Plus on prend de l'âge, plus il est conseillé de désinvestir les actions pour gonfler la partie obligations. On lit parfois en Amérique que la juste proportion d'actions doit être de 100 - son âge (donc 80% à 20 ans, 30% à 70 ans). Warren Buffet conseille même 90% en actions, comme nous l'avons vu dans le post précédent. A chacun de décider quelle part de risque il est prêt à supporter sans broncher.

Il faut loger les trackers sur un PEA et les obligations sur une assurance vie

Au début du quinquennat, notre gouvernement a quasiment tué le compte titres ordinaire en le matraquant fiscalement. Heureusement, cette mesure idéologique n'a atteint ni le PEA, ni l'assurance vie. J'ai expliqué ici le principe de ces enveloppes fiscales, ainsi que celui du PEA-PME.  Le PEA est tout indiqué pour les trackers, parce qu'il supporte moins de frais et offre beaucoup plus de choix que l'assurance vie. Cerise sur le gâteau : dans un PEA, on peut avoir des trackers qui suivent des indices non européens ! L'épargnant français a donc accès à l'ensemble de la performance mondiale sans être accablé d'impôts. C'est complètement impossible avec des actions en direct ou avec des SICAV.
La chasse aux frais, encore et toujours, implique le choix du PEA et de l'assurance vie chez des courtiers en ligne réputés appartenant à de grandes compagnies (ex : Boursorama appartient à la Société Générale, Fortunéo au Crédit Mutuel Arkéa).
Il faut donc alimenter le PEA et l'assurance vie en parallèle et rééquilibrer au fur et à mesure pour respecter la répartition que l'on s'est fixée au départ. C'est la seule activité d'analyse à effectuer. Elle prend juste quelques minutes par mois. Cela n'a rien à voir avec le temps que peut passer un vrai boursicoteur sur ses investissements.

Le pire ennemi n'est pas la finance, c'est soi-même 


Le particulier est souvent celui qui achète et vend au mauvais moment. Nous baignons dans un océan d'informations plus ou moins stressantes. Il est facile de prendre peur (ça m'est arrivé) et de prendre de mauvaises décisions. Le plus compliqué, dans la gestion passive, est de se forcer à rester passif sans tenir compte des événements, parce qu'on vise le long terme. Je vous recommande cet article d'Edouard Petit, consacré à ce sujet.

4 sites, 2 livres, 1 forum

Si vous voulez en savoir plus sur la gestion passive, voici  quelques sites indispensables :
Il existe beaucoup de saines lectures en anglais, notamment les nombreuses analyses de chez Vanguard. Mais s'il faut se limiter à 2 livres :
  • The Simple Path to Wealth de JL Collins, en anglais
  • Epargnant 3.0 d'Edouard Petit, en français : 106 pages de bonne vulgarisation du concept, vraiment bien rédigées. Une bonne partie de cet article est le produit de ma digestion de son livre.
Enfin, un forum français, qui parle souvent de gestion passive (entre autres) : Devenir Rentier.

Dans la prochaine partie, j'expliquerai concrètement comment j'ai sélectionné et acheté une poignée de trackers pour tester cette méthode.

Avertissement d'usage : comme tout ce qui figure sur ce blog, cette série d'articles ne reflète que mes choix de paramédical (donc non professionnel de la finance) qui tente de se constituer une protection ; vous seul êtes responsable de vos choix.

vendredi 26 août 2016

L'investissement paresseux - Partie 1 : pourquoi ?



Je commencerai cet article par une évidence : en France, les paramédicaux libéraux sont contraints de fabriquer leur propre protection sociale. Si le conventionnement nous assure une couverture maladie identique à celle des salariés, il en va tout autrement en ce qui concerne les arrêts de travail et la retraite. C'est dû aux faiblesses de la CARPIMKO : 90 jours de carence, montants versés risibles, etc. Jusque là, je ne vous apprends rien. Sur les réseaux sociaux, on commence d'ailleurs à voir de jeunes collègues qui écrivent qu'ils n'auront pas de retraite, au train où les choses se délitent, réforme après réforme.

Est-ce un mal ou un bien ? Nombreux sont ceux qui y voient un scandale. Je l'ai longtemps pensé aussi : pourquoi le pays protège-t-il mieux les salariés, sans parler des privilèges sidérants des fonctionnaires (ex : 0 jour de carence, faible baisse de revenu lors du départ en retraite, absentéisme sidérant mais toléré) ?

Je pense à présent qu'il faut en prendre son parti : les rapports de force étant ce qu'ils sont, il est inutile de chercher à améliorer nos droits. Allons même plus loin : notre mauvaise protection est une chance. Une chance de s'extraire du système qui infantilise nos concitoyens depuis 1945 et leur évite d'acquérir une culture économique. Une chance de découvrir le monde tel qu'il fonctionne réellement, loin des utopies. Autrement dit, une chance d'être de vrais travailleurs indépendants. Considérons la CARPIMKO comme un don désintéressé à nos aînés, voire éventuellement comme un petit socle qui nous paiera quelques dépenses quand nous aurons 75 ans. Et regardons ce que nous offre le vaste monde économique.

Beaucoup de collègues l'ont déjà compris et se sont penchés sur les assurances prévoyance et retraite Madelin, créées pour nous en 1994 par l'ex-chantre du libéralisme. J'ai déjà expliqué ici et ici ce que j'en pensais. Une autre option consiste à travailler suffisamment pour se mettre en mesure de constituer un patrimoine immobilier et boursier. La partie immobilière, en direct ou en SCPI, tente aussi beaucoup de gens. Elle permet de bénéficier de l'effet de levier du crédit, que j'avais décrit ici. L'assurance du prêt permet aussi d'envisager plus sereinement le risque de maladie grave. L'immobilier reste à mes yeux une bonne solution d'amorçage, quand on part de rien. Le risque locatif est à craindre, mais le choix des SCPI permet de le mutualiser, d'autant qu'elles savent se diversifier. Immorente, par exemple, a commencé à acheter des locaux à l'étranger, mais aussi des campings. Je possède un petit bout de tout ceci, alors que je n'aurais jamais acheté un camping tout seul, ni un local commercial en Allemagne.

Mais comme chacun sait, il faut éviter de mettre tous ses œufs dans le même panier. L'immobilier, même en SCPI, ne doit pas être l'alpha et l'oméga d'un patrimoine raisonnable. Cela implique des achats de valeurs mobilières (actions, obligations). Une approche prudente les cantonne souvent au fonds en euros d'une assurance-vie classique ou Madelin : il rapporte plus que le livret A et le capital est garanti. Le problème, c'est qu'avec la baisse des taux d'intérêt, le rendement des fonds en euros fond lui aussi. Si l'on y ajoute les frais que prennent beaucoup de compagnies et le hold-up légal organisé le 14 juillet dernier par le gouvernement, on obtient un placement qui ne présente plus grand intérêt pendant la phase de constitution du patrimoine. Il faut maintenant se résoudre à intégrer le risque dans notre équation.

Les particuliers ont montré un bref engouement envers les actions lors des privatisations de 1986. A l'époque, TF1 tenait une rubrique boursière digne de ce nom chaque midi ! Elle ne se contentait pas de dire qu'il faisait chaud en été et froid en hiver. Mais les krachs boursiers de 1987, 2001 et 2008 ont douché ce bel enthousiasme et TF1 s'est repliée sur ce qui intéresse les gens, selon elle. Pourtant, sur le long terme, les actions restent un excellent placement, surtout si l'on intègre les dividendes dans le calcul.

Bien des gens sont convaincus de l'intérêt des actions, mais il est difficile de se jeter à l'eau quand on ne sait pas nager. J'ai déjà évoqué ici (et dans les Clés de la Réussite) les SICAV et les FCP, qui permettent de déléguer la gestion des actions à des gérants dont c'est le métier. Pour défiscaliser les gains, on peut loger ces fonds dans une assurance-vie classique ou Madelin, mais aussi dans un PEA. Les frais de gestion peuvent être limités en ouvrant ces contrats sur le web (ex : Fortuneo, Boursorama). Ce concept comporte cependant plusieurs limites, qui constituent autant de freins :
  • La liste des fonds disponibles est gigantesque, surtout sur les contrats en ligne. De leur côté, les banques et les assurances commercialisent des contrats à faible choix, mais avec un rendement souvent moyen et des frais démentiels. Il faut bien payer leur réseau d'agences.
  • Cela demande tout de même un apprentissage, donc du temps, même si ce n'est rien en regard des boursicoteurs actifs qui achètent et vendent des actions tous les jours.
  • Les performances passées des fonds ne préjugent pas de leur avenir. Bien au contraire, il arrive souvent qu'un fonds qui a sur-performé pendant deux ans finisse par sous-performer l'année suivante, rejoignant ainsi la moyenne.
  • Les épargnants particuliers investissent souvent à contre-temps. Il n'est pas facile de garder ses fonds, voire d'en racheter, quand la bourse perd subitement 50% et que les médias annoncent la fin du capitalisme en insistant bien sur les faillites qui se succèdent.
C'est là où intervient une idée que j'ai découverte récemment, bien qu'elle existe depuis longtemps aux Etats-Unis où l'ensemble de la population se trouve dans notre situation peu sûre : la gestion passive. Les Américains l'appellent "lazy investing", investissement paresseux ! J'ai décidé que ma protection sociale allait marcher sur une jambe immobilière et une jambe paresseuse.

Pourquoi "paresseux" ? Parce qu'il ne faut y consacrer qu'une minute par mois, tant c'est simple, et qu'il n'y a pas besoin de se former. Warren Buffet, qui a pourtant réussi en sélectionnant ses actions année après année, confirme en ces termes l'intérêt de la gestion passive pour les particuliers :
« Mon conseil ne peut pas être plus simple : mettre 10% de son portefeuille en obligation d’Etat et 90% sur un fonds indiciel sur le SP500 à très faible coût. Je pense que les résultats à long terme seront meilleurs que pour les investisseurs s’appuyant sur des gestionnaires de fonds à frais élevés »
Autrement dit, il suffirait de mettre chaque mois 10% sur un fonds en euros et 90% sur un fonds qui reproduit l'évolution d'un indice boursier regroupant 500 grandes entreprises américaines, sans réfléchir davantage. On peut généraliser le concept en disant qu'il suffit de suivre un indice mondial, et non juste américain. Faire cela chaque mois (ou trimestre) permet de lisser le prix d'achat et d'acheter plus de parts quand la bourse baisse.

Le principe est tentant, non ?

Dans les parties suivantes, j'entrerai dans le concret en expliquant ce qu'est un fonds indiciel, comment le choisir et comment l'acheter. Je vous en indiquerai aussi quelques-uns, souvent conseillés pour leur solidité et la faiblesse de leurs frais de gestion. En attendant, la vidéo suivante vous donnera un bon résumé de ce concept fait pour les paresseux tels que votre serviteur :


Avertissement d'usage : comme tout ce qui figure sur ce blog, cette série d'articles ne reflète que mes choix de paramédical (donc non professionnel de la finance) qui tente de se constituer une protection ; vous seul êtes responsable de vos choix.