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vendredi 29 août 2008

Assurances Prévoyance : qu'en penser ?



Les auxiliaires médicaux libéraux sont nettement moins bien protégés que les salariés, en cas d'arrêt de travail pour maladie ou accident (voir à ce sujet mon billet de lundi dernier). Les assureurs et les mutuelles proposent des assurances contre ce risque. Citons par exemple Generali, Aviva, AXA et son association AGIPI, ou la MACSF. Argument choc en faveur de ces contrats : ils sont déductibles de l'impôt sur le revenu (mais pas de l'URSSAF ni de la CARPIMKO), dans le cadre de la loi Madelin. La case BU de la déclaration 2035 est prévue pour ça. On peut aussi y reporter sa complémentaire santé et l'épargne retraite effectuée en loi Madelin.

Les prestations proposées s'avèrent diverses :
  • Versement d'indemnités journalières avant les 90 jours de carence de la CARPIMKO. On peut passer la franchise de 90 à 30, 15 ou 0 jour.
  • Versement d'indemnités journalières entre le 90ème et le 365ème jours, donc en complément de celles de la CARPIMKO, qui s'élèvent à 43,89 € par jour, soit 1316,70 € par mois seulement.
  • Remboursement des seuls frais professionnels : indemnités journalières permettant de régler les frais généraux : loyers, taxes, assurances professionnelles, charges...
  • Capital invalidité : il permet de financer une reconversion ou de procéder aux différents aménagements qui améliorent de nouvelles conditions de vie. En fonction du taux d'invalidité, on ne touche qu'un pourcentage variable du capital souscrit à l'origine. ATTENTION, on peut être inapte à exercer sa profession, sans percevoir la rente invalidité de la CARPIMKO, tout simplement parce qu'elle considère qu'on peut très bien changer de métier.
  • Rente d'invalidité : elle complète la rente invalidité de la CARPIMKO (997,50 € par mois) pour maintenir votre niveau de vie. Son montant est calculé en fonction du taux d'invalidité. Selon le choix à l'adhésion, elle peut être versée jusqu'à 60 ou 65 ans, ou même prolongée au-delà de 65 ans par un complément viager.
  • Risque décès : on peut souscrire des garanties permettant un capital décès versé aux proches, une rente éducation pour les enfants ou une rente pour le conjoint.
Faut-il absolument souscrire ce type de contrat ? S'ils étaient peu onéreux, tout le monde se devrait d'en avoir un. Le souci, c'est que pour obtenir des garanties qui mettent réellement à l'abri du besoin, il faut cotiser énormément. Si votre aversion au risque est forte, il vaut mieux en souscrire un durant toute votre carrière. Durant les premières années suivant l'installation, c'est aussi préférable : on n'a pas encore la réserve financière suffisante pour supporter un gros pépin.

Au-délà des premières années, il faut bien séparer deux risques très différents :

  • L'interruption passagère d'activité (ex : jambe cassée). Là, une trésorerie de 15000 ou 20000 euros, placée à 4% sur un livret A et un livret d'épargne durable, permet de passer le cap. Si on travaille beaucoup durant les premières années, cette trésorerie s'obtient sans peine.
  • L'invalidité définitive. Sur ce plan, investir dans l'immobilier (en direct et en SCPI) est une solution. En cas d'invalidité totale, les assurances des prêts rembourseront les crédits à votre place et vous continuerez à encaisser les loyers. Il faut avoir acheté plusieurs biens pour que ce raisonnement tienne, bien sûr. Je précise que c'est tout à fait réaliste, sans être héritier d'une grande famille : votre serviteur l'a fait, en commençant avec 0 euro. Le tout est de commencer tôt. A 60 ans, ces investissements vous permettront aussi de compenser l'impéritie de la CARPIMKO. Bien entendu, dans les conditions actuelles du marché immobilier, on peut se donner quelques années (mais pas trop) avant de se jeter à l'eau.

jeudi 28 août 2008

La parabole de la crevette

J'ai brossé un sombre tableau depuis la création de ce blog. Sombre, mais non moins réel. Les auxiliaires médicaux exercent des métiers passionnants, mais de moins en moins rémunérateurs, sans en avoir toujours une conscience claire. Fort heureusement, les banquiers ne le savent pas non plus : ils nous classent parmi les gens à revenus quasiment assuré. Les petits calculs auxquels je me suis livré sur la dégénérescence l'AMO et de la CARPIMKO m'ont sidéré. Comme beaucoup d'entre nous, je sentais bien qu'hier était mieux qu'aujourd'hui, lui-même mieux que demain. Mon père, orthophoniste depuis 1972, m'en avait averti : il a senti le vent tourner vers 1983-84. Mais les chiffres qui ressortent de mes calculs font froid dans le dos, non ?

La situation n'en est pas encore arrivée à faire fuir les gens. J'en préviens tout de même tous mes stagiaires, depuis des années, pour qu'ils sachent où ils mettent les pieds. Ils entrent dans une profession qui n'aime pas trop parler d'argent (difficile de revendiquer dans ces conditions), qui vit encore bien par rapport au reste de la population, mais dont les revenus se délitent doucement. On peut compenser en travaillant plus, jusqu'au jour où on ne voit plus ses enfants grandir et où le conjoint devient un colocataire, s'il est toujours là.

Dans ces conditions, on peut adopter deux postures :
  • Imiter la crevette dans une casserole : tant que l'eau est froide, tout va bien. Puis c'est tiède, ça reste supportable (situation actuelle des auxiliaires médicaux), c'est même presque agréable. La crevette pourrait encore sauter hors de la casserole, mais n'en ressent pas le besoin. Puis c'est chaud, ça fait très mal, la douleur devient paralysante. Enfin, c'est bouillant et la crevette est morte.
  • Réagir, puisqu'on est prévenu de ce qui va advenir dans les décennies à venir.
Réagir, oui, mais comment ? Voici plusieurs objectifs successifs, qui feront l'objet de billets détaillés ici :
  • Commencer par se constituer de la trésorerie, pour les éventuels coups durs ou les maternités. Les deux premières années d'exercice s'y prêtent bien, puisque la pression du fisc et des charges sociales est encore faible. 15 000 euros de trésorerie constituent déjà une somme qui permet de mieux dormir la nuit.
  • Décider entre achat et location de ses locaux professionnels, mais aussi de sa résidence principale.
  • Elaborer une stratégie de placement à long terme, en choisissant parmi tout ce qui s'offre à nos yeux ébahis : assurances Madelin et PERP ; immobilier en direct ou en SCPI, défiscalisant ou non (lois Borloo, Robien, Malraux, Demessine, Girardin, LMP, LMNP, monuments historiques) ; parts dans des terres agricoles, vignobles, forêts ; assurance-vie multi-supports ; bourse (PEA ou compte-titre normal) ; investissements défiscalisants dans le cinéma, l'innovation, les fonds régionnaux, les PME

mercredi 27 août 2008

Dossier retraite : 4) La comparaison qui fait mal



Cet article a été mis à jour en 2016

Reprenons notre exemple d’un auxiliaire médical gagnant 50 000 euros. En 1990, il aurait payé en tout 15 888 francs, soit 3 256 euros actuels, inflation comprise (source : INSEE). Au lieu de cela, voici ce qu'il paie en 2008 :

Régime invalidité-décès : 646 €
Régime de retraite de base : 2723 €
Régime de retraite complémentaire : 1735 €
Régime des praticiens conventionnés : 78 €
Total : 5182 €


En 18 ans, la CARPIMKO a donc pu augmenter sa cotisation de 59%, en euros constants, sans que cela soulève la moindre polémique !?! Si nos lettres-clés avaient pris 59%, on pourrait comprendre, mais elles n'ont cessé de perdre de leur valeur, en euros constants (-30% depuis 1983, voir mon billet du 1/08/08).

Il faut espérer que cette dérive cesse, mais rien ne permet d’en être sûr. Par définition, cette Caisse Autonome (le C et le A de CARPIMKO) n’est pas indépendante, donc elle n’a pas les mains libres, ce qui relativise l’élection de ses administrateurs. Par exemple, c’est l’Etat qui fixera à l’avenir par décret les cotisations et les prestations du régime des praticiens conventionnés. La CARPIMKO affirme elle-même dans son bulletin de mars 2007 qu’elle n’apportera qu’un « appui technique » : elle avoue son impuissance. D’autre part, ses cotisations sont obligatoires, donc elle ne court aucun risque de voir ses adhérents partir à la concurrence. Elle puise autant qu’elle veut dans nos bénéfices. Et comme on le voit, elle ne s'en prive pas.

Dossier retraite : 3) Le régime des praticiens conventionnés

La cotisation à ce 3ème régime de retraite de la CARPIMKO est forfaitaire (78 € en 2008), indexée pour l’instant sur les lettres-clés des auxiliaires médicaux. La CNAM cotise aussi à ce régime pour le praticien : elle verse les 2/3 du montant. Une année de cotisation forfaitaire donne 44 parts. La part vaut 2,60 € en 2008.

Dans les conditions actuelles, 40 ans de cotisations procurent 40 x 44 x 2,60 € = 4576 € par an (381 € par mois).

Malheureusement, le régime des praticiens conventionnés, très avantageux à l'heure actuelle, va être réformé. La Sécurité Sociale souhaite arrêter d'en payer les 2/3. A l'origine, cet avantage était une contrepartie du conventionnement, et donc de l'acceptation de se voir fixer ses tarifs (AMO, AMI, AMK). La Fédération Nationale des Orthophonistes utilise encore cet argument, d'ailleurs, dans ses revendications. Mais personne ne se conventionne pour obtenir cet avantage : on se conventionne pour avoir des patients et donc de quoi vivre, tout simplement. Cet argument ne tient plus. Par ailleurs, il est difficile de présenter cet avantage comme un acquis social immuable : les gens d'EDF et de la SNCF savent que les acquis sociaux sont faits pour disparaître...

Pour clore cette étude des 3 régimes et voir quelle retraite propose la CARPIMKO à l'heure actuelle, additionnons :
Régime de base : 805 € par mois
Régime complémentaire : 816 €
Régime des praticiens conventionnés : 381 €

Dans les conditions actuelles, notre praticien qui gagne 50 000 € par an va donc passer brutalement de 4 162 € à 2 002 € par mois. Moins de la moitié... Plusieurs données incitent à penser que sa situation réelle sera même pire :

  • La durée de cotisation risque fort d’être allongée à 42 ans, voire plus, pour obtenir le droit à une retraite à taux plein.
  • De nombreuses femmes interrompent leur carrière ou ralentissent fortement leur activité pour des raisons familiales. Elles diminuent donc leur nombre de points acquis.
  • Beaucoup de cotisants souhaitent partir à 60 ans, 62 maximum, alors qu’ils ont commencé à exercer entre 23 et 25 ans. La CARPIMKO leur imposera donc des pénalités. Elle ne pénalise pas ceux qui partent à 60 ans en ayant cotisé 40 ans. Or, les études d’orthophonie durent 4 ans. Il faut donc avoir obtenu le baccalauréat à 16 ans pour avoir une retraite à taux plein à 60 ans. Si la durée exigée passe à 42 ans, il faudra avoir eu le bac à 14 ans ! La CARPIMKO aime les surdoués…

A moins d’accepter de réduire très brutalement son train de vie, on ne peut donc guère compter sur la CARPIMKO pour la retraite. Les praticiens libéraux qui ont un conjoint salarié peuvent bien sûr penser que la pension de l’époux(se) compensera en partie la chute massive de leur propre revenu. Mais le régime général des retraites ne va pas en s’améliorant, lui non plus. Même chose pour celui des cadres. D’autre part, le nombre de mariages se terminant par un divorce devrait inciter chaque conjoint à prévoir lui-même ses vieux jours : l’insouciance est la mère des grandes catastrophes.
Dossier Retraite : 2) le régime complémentaire de la CARPIMKO

Il y a ici une cotisation forfaitaire (992 € en 2008) qui donne 8 points de retraite et une cotisation proportionnelle (3% des revenus compris entre 25 246 et 116 179 € en 2008) qui donne 22 points maximum. Si le bénéfice est inférieur à 25 246 € , seule la cotisation forfaitaire est due. Le point de ce régime vaut 17,48 € en 2008.

Exemple : si le bénéfice de l’avant-dernière année est de 50000 €, l’orthophoniste cotisera :
992 + (50000 – 25246) x 3% = 1735 €
Cela lui donnera :
8 + 22 x (50000- 25246) / (116179-25246) = 14 points de retraite complémentaire pour cette année.

S'il engrange 14 points pendant 40 ans, le régime complémentaire lui versera donc 14 x 40 x 17,48 € = 9789 € par an, soit 816 € par mois. Un peu plus que ce qu'apporte le régime de base, alors que la cotisation au régime complémentaire est moins chère.
Comme je l'écrivais hier, vous pouvez remplacer 50000 par votre bénéfice habituel, vous verrez où vous mènent vos cotisations à l'heure actuelle.

mardi 26 août 2008

Dossier retraite :
1) Le régime de base de la CARPIMKO

La retraite obligatoire des orthophonistes est gérée par la CARPIMKO (comme l'assurance invalidité-décès). Elle est divisée en 3 régimes, tous obligatoires : le régime de base, le régime complémentaire et le régime des praticiens conventionnés. Il y a donc 3 cotisations de retraite et 3 pensions à la sortie : il est toujours simple de faire compliqué...

Régime de base :
La cotisation est proportionnelle au revenu depuis quelques années. Elle est calculée sur deux tranches. Pour 2008, les revenus entre 0 et 28 285 € sont taxés à 8,6%, donnant droit à 450 points de retraite au maximum. Les revenus entre 28 285 et 166 380 € sont taxés à 1,6%, donnant droit à 100 points maximum. Le point de ce régime vaut 0,518 € en 2008.

Exemple :
Si le bénéfice de l'avant-dernière année est de 50000 €, l'orthophoniste cotisera :
28285 x 8,6% + (50000 – 28285) x 1,6% = 2 780 €.
Cela lui donnera :
450 + 100 x (50000 – 28285) / (166380 – 28285) = 466 points de retraite pour cette année.
S'il engrange 466 points pendant 40 ans (mais 50 000 € de bénéfice durant 40 ans s'avèrent très peu probables en orthophonie), le régime de base lui versera donc 466 x 40 x 0,518 € = 9656 € par an, soit 805 € par mois. Remplacez 50000 par votre bénéfice habituel, vous verrez où vous mènent vos cotisations à l'heure actuelle.

Pour obtenir la retraite du régime de base au taux plein (nombre de points acquis x valeur du point), il faut avoir 65 ans ou avoir cotisé 160 trimestres. Si le praticien veut partir entre 60 et 65 ans sans avoir cotisé 160 trimestres, la CARPIMKO lui retire 1,25% par trimestre manquant, dans la limite de 20 trimestres (25% perdus sur la pension versée).

Vous pouvez aller voir le site www.carpimko.fr qui fournit des estimations de la retraite future. Le problème, c'est que cela projette la situation actuelle sur l'année de votre départ en retraite. Or, la CARPIMKO ne cesse d'accumuler les réformes qui dégradent son rendement. J'en reparlerai plus tard, avec une comparaison effrayante 1990 / 2008.

lundi 25 août 2008

Un point sur notre couverture sociale : 4) Régime Invalidité-Décès

Chaque orthophoniste libéral verse une cotisation forfaitaire annuelle, qu'il peut mensualiser, au régime Invalidité-Décès de la Caisse Autonome de Retraite et de Prévoyance des Infirmiers, Masseurs Kinésithérapeutes, pédicures podologues, Orthophonistes et orthoptistes (CARPIMKO). Cette année, le montant est de 646 €, pour obtenir le droit aux prestations suivantes :

  • Incapacité temporaire de travail : de 0 à 90 jours d'incapacité de travail, l'orthophoniste ne touche RIEN ! De 91 à 365 jours, l'allocation journalière est en 2008 de 43,89€, majorée de 7,98 € pour conjoint, enfants à charge ou « infirmes ». La majoration est de 15,96 € pour tierce personne à charge.
  • Invalidité partielle temporaire : à partir du 366ème jour d'incapacité supérieure ou égale à 66%, la rente d'invalidité partielle est de 5 985 € par an, sans majoration possible.
  • Invalidité totale temporaire : à partir du 366ème jour d'incapacité totale professionnelle, la rente d'invalidité totale est de 11 970 € par an. Elle est majorée de 5 985 € pour conjoint ou tierce personne, enfants ou descendants à charge ou infirmes.
  • Décès : la CARPIMKO verse une rente et un capital. La rente annuelle de survie est de 7980 € pour le conjoint. La rente annelle d'éducation des enfants est fixée à 5 985 €. Le capital décès est de 7 980 € pour le conjoint, mais de 11 970 € s'il lui reste des enfants à charge. Ce capital n'est que de 3 990 € pour une personne autre que le conjoint.

On constate donc que les protections invalidité et décès de la CARPIMKO représentent des montants qui ne permettent pas du tout de maintenir le train de vie antérieur : un orthophoniste célibataire peut passer de 50 000 € annuels à 11 970 €, donc à un revenu proche du SMIC.

Pour remédier cette situation très risquée, il existe plusieurs solutions : souscrire un contrat d'assurance couvrant ces risques (déductible en loi Madelin), se créer une trésorerie suffisante pour amortir ce choc, ou investir dans l'immobilier (en direct ou en SCPI). En cas d'invalidité totale ou de décès, les emprunts bancaires sont soldés par l'assurance du prêt et les loyers constituent un revenu.
Un point sur notre couverture sociale : 3) les Allocations Familiales

Concernant les allocations familiales, les orthophonistes reçoivent les mêmes prestations que tous les autres Français. Certaines sont versées sous condition de revenu, d'autres sans. La branche « famille » de la Sécurité sociale intervient dans 4 domaines :

  • l'accompagnement des familles dans leur vie quotidienne ;
  • l'accueil du jeune enfant ;
  • l'aide au logement ;
  • la lutte contre la précarité et le handicap.


L'ensemble de ces dépenses a représenté 62 milliards d'euros en 2005 (source : www.cnaf.fr). Je ne détaillerai pas ici les différentes prestations. Elles sont consultables sur le site internet http://www.caf.fr


Les orthophonistes cotisent à l'URSSAF pour les Allocations familiales. Le montant est de 5,4% du bénéfice de l'avant-dernière année. La CPAM ne contribue pas à cet effort, alors qu'elle le fait de manière importante envers les médecins. Trois siècles après Jean de la Fontaine, la raison du plus fort est toujours la meilleure...

Un point sur notre couverture sociale : 2) La Maternité


Les orthophonistes conventionnées peuvent percevoir deux prestations de leur CPAM : l'allocation forfaitaire de repos maternel et une indemnité journalière forfaitaire.


  • L'allocation forfaitaire de repos maternel est destinée à compenser partiellement la diminution de l'activité professionnelle. L'orthophoniste peut la percevoir même si elle ne cesse pas son activité libérale. Son montant est égal au plafond mensuel de la Sécurité sociale (2 773 € cette année). Elle est versée en deux temps : à la fin du septième mois de grossesse et après l'accouchement.
  • L'indemnité forfaitaire journalière est versée uniquement si l'orthophoniste cesse toute activité rémunérée pendant au moins 8 semaines, dont 2 avant l'accouchement. Son montant journalier est égal à 1/60ème du plafond de la Sécurité sociale (46,22 € en 2007). Elle est versée tout au long du congé de maternité. Sa durée maximale varie en fonction du nombre d'enfants déjà à la charge de l'orthophoniste et du nombre d'enfants qu'elle attend. Elle est de 16 semaines maxi si elle attend son premier ou son second enfant. La durée du congé prénatal non prise n'est pas reportable sur le congé postnatal.

Au total, dans la plupart des cas, l'orthophoniste percevra en 16 semaines 2773 € + 16x7x46,22 € = 7949,64 €. Avec cette somme, beaucoup de praticiennes ne pourront même pas payer leurs charges et leurs remboursements de crédit. A moins qu'elles parviennent à trouver un hypothétique remplaçant ...

samedi 2 août 2008

Un point sur notre couverture sociale : 1) le risque Maladie

a) Combien paie-t-on ?

Pour financer son risque Maladie obligatoire, l'orthophoniste doit cotiser à l'URSSAF, l'Union de Recouvrement des cotisations de Sécurité Sociale et d'Allocations Familiales. Il ou elle paie 3 cotisations pour cela :

  • la Contribution Sociale Généralisée, CSG, dont le taux est de 7,5% sur les revenus professionnels + cotisations sociales, dont 5,1% seulement sont déductibles de l'impôt sur le revenu ; on paie donc des cotisations sociales sur les basées cotisations sociales déjà payées, et sans pouvoir les déduire complètement...
  • la Contribution au Remboursement de la Dette Sociale, CRDS, dont le taux est de 0,5% des revenus professionnels + cotisations sociales;
  • la Cotisation d'Assurance Maladie, dont le taux est de 9,81% du revenu tiré de l'activité conventionnée. Mais l'orthophoniste n'en paie que 0,11% : la CPAM règle 9,70% à sa place, sauf sur les éventuels dépassements d'honoraires, extrêmement rares en orthophonie.
b) Comment ce risque est-il couvert ?

  • Soins : grâce au conventionnement, nous bénéficions de la couverture maladie des salariés, concernant les soins. Nous avons même un avantage sur eux : nous pouvons déduire de notre revenu imposable nos complémentaires santé, dans le cadre de la loi Madelin.
  • Arrêt de travail : non géré par la sécurité sociale, mais par la CARPIMKO. C'est là où ça se gâte. Mais cela fera l'objet d'un prochain message, consacré à cette caisse.



vendredi 1 août 2008

Orthophonistes, orthophonistes, on vous spolie ;-)


Vous le savez tous, nos revenus dépendent de 3 lettres-clés : IFD, IK et AMO. Passons rapidement sur les frais de déplacement (IFD et IK), qui s'avèrent si misérables (1,52 € + 24 centimes par kilomètre en plaine, en retirant 4 km) par rapport aux 10 euros des médecins qu'ils ne méritent même pas que je développe.
L'AMO a été créé en 1969. Il vaut actuellement 2,40 €. Nos tarifs vont donc de 12 € (AMO 5) à 72 € (AMO 30). L'acte moyen oscille autour de 26,40 € (AMO 11). Les deux cotations stars sont AMO 10,1 et AMO 12,1.
J'ai étudié (merci Dominique) l'évolution de l'AMO. Je suis remonté pour l'instant jusqu'en 1983, où il valait 1,75 €. Il a donc pris 37% en 25 ans. Formidable, me direz-vous, nos deux syndicats ont mérité leurs cotisations ! Il y a pourtant un biais dans ce raisonnement : il ne tient pas compte de l'inflation.
1,75 € de 1983 correspondent à 3,11 € de 2007 (statistiques INSEE), au lieu des 2,40 réels. L'AMO a donc perdu 30% de pouvoir d'achat !

Bien sûr, on peut dire que j'oublie les évolutions de la nomenclature, qui ont surtout revalorisé le bilan (AMO 12 en 1983, puis 16, puis principalement 24). La création de l'AMO 15 fut un trompe-l'oeil, à cause du passage à 45 minutes. En une heure et demie, vous pratiquez 30 AMO (2x15), au lieu de 36 (3x12) auparavant. Les deux cotations phares, AMO 10 et AMO 12, sont royalement passées respectivement à 10,1 et 12,1.

Il n'existe aucune perspective d'alignement de l'A.M.O. sur l'indice des prix à la consommation : les indexations automatiques comportent des dangers inflationistes. Elles ont donc été progressivement supprimées depuis la fin des années 1970. Plus le temps passe, plus l'AMO décroche de l'inflation. Ajoutons que l'indice des prix grimpe à nouveau depuis cette année. Notre pouvoir d'achat va donc se réduire encore plus vite.

Pas de misérabilisme, nous ne sommes pas les plus à plaindre dans ce pays, bien sûr. Mais à force de penser que tout va bien malgré tout, on rend service aux autorités de tutelle. Les médecins s'avèrent bien plus retors que nous : ils demandent en permanence 1 € de plus par consultation, après avoir obtenu 10 € pour les domiciles, là où nous avons 10... francs. Une voiture de médecin doit consommer 6,55957 fois plus de gazole.

Bienvenue dans ce blog

L'orthophonie et le monde de l'argent sont deux domaines complètement étrangers. Ils n'obéissent pas aux mêmes codes et ne relèvent pas de la même démarche : l'orthophonie est altruiste, la recherche d'enrichissement est individualiste, même si l'on commence à voir apparaître des fonds pour le commerce équitable.

Rares sont les orthophonistes qui considèrent leur cabinet comme une micro-entreprise. Avez-vous rencontré beaucoup de collègues qui parlaient de rendement, de productivité, d'espérance de gain ? En revanche, un commerçant m'a un jour demandé quel type d'acte je préférais effectuer, puisque certains sont mieux cotés que d'autres.

Durant nos études, rien ne nous prépare à gérer un cabinet. On ne nous dit pas non plus qu'en libéral, notre protection sociale ne sera pas celle du Français salarié, qui bénéficie des cotisation patronales, en plus des siennes. Lors de notre installation, nous nous retrouvons devant deux impératifs : être capable de supporter une interruption de notre activité et préparer la retraite. Il s'agit là de deux besoins cruciaux. Mais on peut ensuite imaginer d'aller plus loin, vers l'enrichissement. Non, non, ce n'est pas un mot vulgaire : l'argent étant un moyen et non une fin, un enrichissement permet par exemple d'améliorer son train de vie, de s'offrir un congé de maternité comme n'importe quelle salariée, d'aider ses enfants puis ses petits-enfants à se lancer, de partir en retraite plus tôt...

Dès que notre cabinet est ouvert, la peinture n'a pas le temps de sécher que nous recevons déjà des appels de démarcheurs qui perturbent nos séances uniquement pour nous vendre LE produit qu'il nous faut : généralement des assurances Madelin ou de l'immobilier en loi de Robien ou Borloo. S'ajoutent à cela les pressions du banquier pour prendre son nouveau contrat d'assurance-vie ou des forfaits de service dont nous n'aurons jamais besoin. Et celles des conseillers en gestion de patrimoine qui, bien sûr, ont dans leur musette des produits « nettement supérieurs » à ceux des banques.

Le but de ce blog est de défricher un chemin possible dans cette jungle. Les plus jeunes y trouveront une voie possible, les moins jeunes pourront ajuster leurs placements, sans céder aux argumentaires bien rodés des vendeurs de chimères.