ABONNEZ-VOUS A MA NEWSLETTER : CLIQUEZ ICI
Chaque semaine, vous recevrez des infos, des bons plans, des astuces, des liens vers des discussions utiles et intéressantes...

vendredi 28 juin 2024

Comprendre son avis Carpimko

 
 
 

"Je n’y comprends rien comme d’habitude, à part que je vais payer plus."

 
Cette phrase d'une collègue m'a marqué cette semaine. Elle évoquait son avis de Carpimko. Alors je me suis dit que j'allais faire un tuto pour traduire cet avis en français courant. Merci à la collègue qui m'a confié son avis 2024 : je n'ai pas le mien parce que je pense remplir ma déclaration ce soir.

Vous pouvez stocker ce tuto pour l'an prochain. Et si vous comprenez déjà tout à votre avis de Carpimko, vous pouvez passer sans hésiter à la section suivante de ce mail.

Commençons par une vue d'ensemble :


On voit qu'il y a 4 régimes :
  • Régime de base : 2 cotisations en haut, 2 cotisations plus bas parce que c'est le seul régime qui pratique des acomptes (ce qu'ils appellent "régime de base provisionnel) et des régularisations, comme à l'Urssaf et avec l'impôt sur le revenu.
  • Régime complémentaire : 2 cotisations.
  • Avantage social vieillesse : idem
  • Régime invalidité décès : 1 seule cotisation, qui a pris +19 % sans coup férir cette année.
Donc 4 régimes, 7 cotisations, 16 lignes.


Trop tard, je continue.
 
C'est parti pour le "ligne par ligne", ou au moins "paragraphe par paragraphe" :


 
Ici la Carpimko estime que la collègue va gagner 40 964 € cette année (bénéfice + assurances Madelin + PER), comme l'an dernier. Le régime de base va lui prendre
8,23 % + 1,87 % de ce revenu, donc 3 371 + 766 €
.


 
Rien à voir avec le régime de base, mais ça fait mal quand même. Pour ce régime, la Carpimko annonce d'abord qu'elle prend 2 176 € à la collègue. C'est le même prix pour tous. Ensuite elle prend 3 % de tout ce qui dépasse 25 246 € dans le revenu 2023.
Pour la collègue : (40964 - 25246) x 3 % = 471 €.



 
Là c'est moins cher. Ce régime est réservé aux revenus conventionnés parce que la sécu y cotise plus que nous. Mais les montants sont si bas que ça aboutit à des clopinettes à 67 ans, contrairement à ce qui se passe à la CARMF pour nos seigneurs et maîtres les médecins. Facture : 219 € pour tous, puis 0,16 % du revenu de 2022 (44 €).



 
Simple, basique : 1 022 € pour tous. Le cap des 1000 € a été irrémédiablement franchi cette année avec la hausse de 19 %.



 
On pourrait s'arrêter là. Mais ce serait trop simple, on risquerait d'avoir compris ! En fait les histoires d'acomptes et de régularisation viennent compliquer les choses.



 
Cette partie n'a rien à voir avec les autres. Elle mériterait d'être encadrée, imprimée en vers, entourée d'espaces, enfin à part. Mais là aussi, ce serait trop facile à lire. Allez je vous mets la suite en rouge.
Ces 5 lignes concernent le régime de base de l'an dernier. Maintenant que la Carpimko connaît le revenu de la collègue, elle constate qu'en fait il manquait 881 €. Elle a plus travaillé en 2023 qu'en 2022, donc on vient lui rechercher 10,1 % du surplus
(8,23 % + 1,87 %).
 



Ici on additionne le total de 2024 (calculé plus haut) avec la régularisation 2023 :
8069 + 881 = 8 950 €. Il manque "s'il vous plaît".



 
Ici, on rappelle à la collègue qu'elle a déjà payé 3 275 € depuis janvier 2024. Donc elle doit encore 8 950 - 3 275 = 5 675 €, qui vont être étalés jusqu'en novembre sur l'échéancier du haut de la page 2.

Ensuite on lui annonce l'échéancier de 2025 qui sera forcément faux :
  • la Carpimko aggravera son barème en janvier ;
  • la collègue ne gagne pas exactement la même chose tous les ans.
Et puis la Carpimko finit en menaçant notre collègue : pénalité si elle paie par chèque, autres pénalités si elle règle en retard. Là on est loin du pays des Bisounours solidaires et bienveillants. Cependant, on ne la menace pas de lui envoyer les huissiers au cas où elle chercherait à résilier (c'est juste évident : on est en France).

Voilà. J'espère ne pas vous avoir endormi(e). Sinon je vous envoie Minouche.
 
 
Je ne vous dirai pas "en fait c'est simple, vous voyez bien". Ce système est le résultat de strates qui sont venues s'ajouter les unes aux autres entre la fin de la guerre et les années 80. Puis chaque chaque décennie a vu au moins une réforme de telle ou telle strate. Aujourd'hui, la Carpimko n'a plus rien à voir avec ce qu'elle était quand elle m'a embrigadé (en 1992).

On se retrouve avec une usine à gaz, comme à l'Urssaf et avec l'impôt sur le revenu. Je n'ai pas mis mon nez là-dedans par masochisme, mais dans l'état d'esprit de celui qui attaque un Sudoku. A la base je voulais comprendre pour coder mon appli Carpimko pour iPhone et Android (qui n'est plus mise à jour parce que des simulateurs officiels existent).


Pourquoi s'embêter avec ça ?


Question judicieuse, je me remercie de l'avoir posée (quel melon hein) : après tout, il faut payer, on n'a aucun levier contre ça. Alors pourquoi dépenser de l'énergie mentale pour chercher à comprendre ?

Déjà, je détesterais qu'on me prenne l'équivalent d'une Dacia Sandero par an sans que je sache pourquoi.


Je veux bien offrir cette merveilleuse voiture roumaine à nos anciens, mais en comprenant la mécanique, ne serait-ce que pour savoir combien on va me ponctionner si je travaille plus ou si je réduis mon activité.

Pour bien piloter sa barque, il faut aussi savoir à quel moment tombera la sanction si on décide de soigner plus de gens ou de fabriquer des revenus pro annexes. Comme on l'a vu, les quatre régimes ne se comportent pas de la même manière sur ce plan. Le plus dangereux est le régime de base, piloté par la Cnavpl dont la Carpimko est membre. Notez en passant que c'est ce régime qui finance les vieux notaires, entre autres métiers à la pyramide des âges dégradée.

Restent trois questions :
  • Est-ce que ça augmentera même si je gagne exactement la même chose que l'an dernier ? 👉 Oui, parce que les cotisations indépendantes des revenus augmentent chaque année de manière démentielle et parce qu'une grosse du régime complémentaire a été annoncée. Il faut bien financer les nouvelles dépenses que la Carpimko a mises en place cette année.
  • Faut-il faire confiance aux camarades syndicalistes qui cogèrent la Carpimko ? 👉 Oui, si on a les mêmes opinions pro-retraite par répartition qu'elles. Pour les connaître, je vous renvoie à la newsletter de jeudi dernier.
  • Que peut-on faire si on n'a pas les mêmes opinions qu'elles ? 👉 Pas grand-chose : on ne peut pas faire changer d'avis des militants. S'ils militent, c'est parce qu'ils sont sûrs d'être dans la vrai. Et quand en plus il y ajoutent des arguments moralisateurs, vous savez que c'est fichu d'avance. S'ajoute à cela le rôle des autorités de tutelles qui pensent la même chose.
Il ne nous reste que la compréhension du système, le droit de vote et l'auto-assurance. La Carpimko ne rafle pas encore toutes nos capacités d'épargne, même si elle tend à le faire. La réforme Delevoye, qui allait transformer les caisses de retraite des indépendants en Gargantua, est morte du Covid. C'était tout ce qu'elle méritait.


On peut donc encore forger un second pilier, comme disent les Suisses. C'est pour ça que je parle inlassablement du vaste éventail de solutions (immo, prévoyance, livrets, assurance vie, PEA, défiscalisation...) depuis l'ouverture de mon blog en 2008. Il faut aussi comprendre ce système-là quand on se défie du système des collègues bienveillantes qui veulent faire notre bien à notre place. Mais qui font surtout le bien des retraités actuels qui ont moins cotisé que nous.

 

Aucun commentaire: