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lundi 19 octobre 2009

Devons-nous devenir des desperados ?




Depuis l'ouverture de ce blog, j'ai eu plusieurs occasions de déplorer l'évolution scandaleuse de nos revenus. Je ne l'écrirai jamais assez : nous avons perdu 30% de pouvoir d'achat depuis le début des années 80.

Les commentaires laissés sur mon dernier post m'ont donné à réfléchir sur le thème suivant : quand la législation devient injuste, est-il moral de la contourner ? On peut réfléchir sur le principe lui-même, mais aussi sur ses conséquences dans le cas présent.

Cette question est la base du Gaullisme. Ce courant de pensée est maintenant reconnu par tout un chacun, au fur et à mesure que le temps passe. Plus généralement, les actions illégales sont jugées normales voire salvatrices quand leur auteur gagne à la fin : la victoire justifie la transgression.

C'est aussi ce qui permet aux associations d'aide aux immigrés clandestins de justifier certaines actions et de s'exclamer contre l'application des lois votées par le Parlement. Il est impossible que toutes ces personnes soient malhonnêtes. Elles agissent donc en pensant sincèrement faire le bien, ce qui prouve que légalité et moralité sont deux concepts différents.

En appliquant le raisonnement ci-dessus, certains collègues sont tentés de ne plus respecter la réglementation. Ils commencent par ne pas observer le délai de 15 jours pour une demande d'entente préalable. Puis ils glissent doucement vers les AMO 15 à 30 minutes au lieu de 45, "parce que le patient est fatigable". Certains trouvent aussi normal de facturer et d'établir une feuille de soins pour une séance non décommandée 24 heures à l'avance. Surtout si le patient est à 100% ou bénéficiaire de la CMU, bien sûr. Le tiers-payant total, favorisé actuellement par les mutuelles, ouvre de grandes perspectives à ces margoulins. Notez que les kinésithérapeutes, comme les médecins, n'ont plus le droit de facturer un rendez-vous non honoré, même sans établir de feuille de soins. Leur code de déontologie le leur interdit (médecins : Article R4127-53 du Code de la Santé Publique ; kinés : Article R4321-98). Il est certain que ces exemples sont illégaux, mais agir de la sorte est-il moral ?

Chacun place le curseur de la moralité où il veut, en fonction de son vécu et de sa conscience. Je pense que le moindre irrespect de notre nomenclature ou du code de la Sécurité Sociale est un scandale, malgré la manière dont nous sommes traités par les autorités de ce pays. C'est l'argent des Français qui nous fait vivre. La manière dont il est géré est décidée principalement par les députés, élus par les Français. Les seules armes honnêtes dont nous disposions pour modifier l'ordre des choses sont le bulletin de vote et le lobbying syndical. Celui qui s'arroge le droit de braver la réglementation vole la population de ce pays et nie les fondements de la démocratie. Ce que j'écris est grandiloquent, mais si on admet le fait de vivre en société, la loi doit être la même pour tout le monde. Il est illogique de reprocher aux élites de se placer au-dessus des lois (ce reproche est dans l'air du temps) et de chercher à le faire soi-même.

Mettons maintenant l'aspect moral de côté : pour moi, contourner la loi est un raisonnement à courte vue. Bien entendu, il faut considérer le risque d'être repéré et sanctionné (éventuellement déconventionné si les faits sont graves). Mais ce risque est admis par les contrevenants, comme par ceux qui téléphonent au volant. A long terme, le gros souci sera la dégradation de l'image du praticien, puis de la profession entière, auprès de la population. Autrement dit, cela revient à scier la branche sur laquelle nous sommes assis. Constatons d'ailleurs que notre branche n'est pas la plus inconfortable qui soit, si on la compare par exemple avec celle des Belges ou des Anglais.

Restons donc droits dans nos bottes, malgré le mépris des autorités. Nous avons perdu l'eldorado des années 70, mais ce n'est pas une raison pour nous transformer en desperados.

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