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vendredi 11 octobre 2019

Des nouvelles de l'AMO



Cela fait quelques années que je n'ai pas pris de nouvelles de l'AMO. C'est mal : il faut toujours faire preuve de sollicitude envers ses proches quand ils souffrent d'une grave maladie. Honte à moi.

Il est grand temps de remédier à cet oubli. Je vous emmène donc au chevet de notre ami.

On pense tous qu'il ne se passe rien autour de l'AMO. Mais en fait, il y a du nouveau tous les ans, et c'est intéressant à observer !

Tous les ans, l'inflation érode notre pouvoir d'achat, comme la Manche érode nos belles falaises cauchoises.



La première fois que je me suis porté au chevet de l'AMO, c'était le 1er août 2008, juste après l'ouverture de ce blog (voir ici). Dans cet article, j'étais remonté jusqu'en 1983 pour retrouver un AMO en pleine santé. Auparavant, il avait évolué parallèlement à l'inflation. C'était donc une bonne base de départ pour un calcul.

Reprenons donc les chiffres. En 1983, l'AMO valait l'équivalent de 1,75 €. 


Mais 1,75 € de 1983, ça fait combien maintenant ?

L'INSEE met à notre disposition une calculette bien pratique pour le savoir :


On y apprend que 1,75 € de 1983 font maintenant 3,54 €. Mais comme vous le savez, notre lettre-clé vaut 2,50 en Métropole.

Autrement dit, l'AMO en est maintenant à 42 % de pouvoir d'achat perdu, depuis le début de son décrochage.






D'un autre côté, la FNO ne manque jamais une occasion de contre-argumenter en disant que la nomenclature a évolué. Mais c'est largement contre-balancé par l'explosion des loyers professionnels et celle des cotisations sociales. En 1983, la CSG n'existait pas. La CRDS non plus. La cotisation aux URPS, pas davantage. Et la CARPIMKO ne matraquait pas les gens (voir cet article surprenant). Enfin, M. Delevoye ne s'apprêtait pas à en rajouter une couche.


Sommes-nous un cas isolé ?

Les autres paramédicaux conventionnés suivent la même pente que nous. Par exemple, l'AMM-AMK a perdu 44 % de pouvoir d'achat depuis 1983 (merci à Estelle pour cette source).

Mais sur les réseaux sociaux orthophoniques, on lit souvent que nous ne sommes pas à plaindre parce que c'est l'ensemble de la population qui a subi cette évolution. Ces deux articles établissent le contraire :



L'INSEE ne parle même pas de baisse du pouvoir d'achat, mais de "décélération" de la hausse. Nous sommes donc bien dans une catégorie à part, avec nos 42 % de baisse.


Regardons maintenant le SMIC.

En 1983, le SMIC brut valait l'équivalent de 485,33 € (voir ici). Ca fait 983 € aujourd'hui, alors qu'il vaut 1 521,22 €.

Le SMIC a donc gagné 55 % de pouvoir d'achat en 36 ans, pendant que l'AMO perdait 42 %.

Evidemment, on ne peut pas souhaiter le maintien des smicards dans la pauvreté. Simplement, il faut prendre conscience du fait que lentement, le SMIC nous rattrape. Il suit l'inflation. Et quand un gouvernement veut se faire bien voir, il lui octroie un coup de pouce. C'est souvent arrivé dans les années 1990 et 2000. L'Etat peut le faire : ce sont les entrepreneurs qui paient, pas lui.

Nous, quand nous sommes augmentés, nous rattrapons en moyenne deux ans d'inflation. Mais nous en sommes actuellement à 7 ans de gel, depuis le passage à 2,50 €. Les coups de pouce, on sait pas c'est quoi, comme on dit maintenant.



Faut-il désespérer et râler dans son coin ?

Non. Après tout, ceux qui ont connu la période d'avant 1983 sont de plus en plus rares. Donc la plupart des orthophonistes sont allés vers ce métier alors que l'AMO était déjà malade. Personne ne nous a forcés. Pourtant il n'y a jamais eu de perspective favorable depuis 36 ans pour ce métier.

Nous avons choisi librement ce métier. Alors à nous de nous adapter, sans râler puisque c'est inutile. Les solutions existent :
  • Travailler toujours davantage, sachant que les limites sont le burn out et la tolérance de l'entourage.
  • Développer une activité secondaire.
  • Travailler au maximum pendant un temps sans trop dépenser pour développer une épargne qui rapporte, en appliquant par exemple les méthodes que j'explique dans ma formation en ligne.
  • Quitter le navire (voir le groupe Facebook Orthophonie et reconversions).
  • Accepter de subir l'inflation, d'autant qu'elle a ralenti ; et opter pour le frugalisme.
  • Compter sur la "solidarité conjugale", comme dit le rapport d'Asteres que je citais hier.
Nous sommes sous les radars médiatiques : dans notre microcosme, toute la lumière est braquée sur les médecins. C'est d'ailleurs logique, puisqu'ils sont au sommet de notre chaîne alimentaire. Alors il faut nous débrouiller individuellement. Les solutions collectives ne fonctionnent plus depuis 1983. Soyons lucides. 

Et surtout, donnons des nouvelles de notre ami moribond aux jeunes qui s'intéressent à notre métier. Il faut qu'ils sachent bien où ils mettent les pieds.

3 commentaires:

m-lis a dit…

Merci encore pour ce super article !
La comparaison entre SMIC et AMO est édifiante...

Pourquoi les jeunes vont vers ce métier alors que l'AMO va mal ? Je réponds en tant que "jeune" : parce qu'on est loin de ces considérations quand on passe le concours, parce qu'on ne choisit pas un métier en fonction de ce qu'il fait gagner (c'est mon cas) et cette réalité nous rattrape plus tard, parce que personne ne nous en parle, et parce que, je pense aussi, on n'a pas l'expérience du vécu pour se poser ces questions-là...

Guillaume a dit…

Je pense que vous avez raison : quand on s'intéresse à l'argent, on ne choisit pas un métier paramédical. Les ressorts sont autres. Altruisme principalement. Chez certains, le goût de l'indépendance (relative) vient s'y ajouter.

Anonyme a dit…

et surtout, même si on regarde les revenus au moment où on entre dans les études, on ne fait pas de recherches ni de projections pour s'assurer du fait que ces revenus suivront le coût de la vie. L'inflation, à 18 ans, on n'y pense pas trop (ou on pense naïvement que le principe d'égalité ou d'équité si prisé de nos dirigeants est réel et que tout le monde augmente régulièrement pour suivre cette inflation)