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jeudi 5 février 2009

Nos nouvelles rémunérations




Dans mon article de lundi, j'ai décrit une disposition de la loi de financement de la sécurité sociale pour 2008, qui permet de bloquer facilement les augmentations de nos tarifs (pourtant fort rares, contrairement à celles des médecins).

Mais tout n'est pas perdu : l'article 44 de cette même loi mettait aussi en place la possibilité d'expérimenter de nouveaux modes de rémunération pour les professionnels de santé. L'idée générale est de récompenser ceux qui collent à la politique de santé des caisses et donc du gouvernement, en leur octroyant des primes. Les orthophonistes connaissent déjà ce système. Ils peuvent bénéficier de 4 primes :

  • l'aide à la maintenance d'un logiciel de télétransmission : si nous avons télétransmis au moins une feuille de soins électronique l'an dernier, nous aurons 100 € en mars.
  • l'aide pérenne à la télétransmission : si au moins 70 % de nos feuilles de soins de l'an dernier étaient électroniques, nous aurons 300 € en mars. Donc 400 en tout.
  • pour ceux qui ont signé le contrat de bonne pratique (CBP) et qui tiennent leurs engagements : 600 € par an.
  • [Edit de 2015] une aide au scan des ordonnances : 90 €
Ces primes entrent bien dans le nouveau cadre : on ne nous augmente presque jamais, mais on nous récompense au mérite. Rappelons au passage que ces sommes sont soumises à l'impôt sur le revenu et aux charges sociales : la sécurité sociale en récupère elle-même une partie dans nos cotisations d'URSSAF.

Les médecins sont aussi concernés. La sécurité sociale leur donne 7 centimes par FSE télétransmise, sans plafond. Autre exemple : le CBP pour médecins de campagne leur permet d'obtenir 300 € par jour où ils se font remplacer (3 000 € maximum). Heureux médecins... Mais ils seront en première ligne le mois prochain : au lieu de porter la consultation à 23 €, la CNAM a inventé pour eux un contrat d'amélioration des pratiques individuelles (CAPI) et elle le leur enverra en mars. Ce CAPI leur proposera de respecter des objectifs de prévention, de suivi des pathologies chroniques et d'efficience des prescriptions, concernant notamment les médicaments génériques (sources : le Quotidien du Médecin et le Syndicat de la Médecine Générale). Les syndicats disposent de deux semaines pour donner leur avis, mais de toute manière, la sécurité sociale enverra les CAPI en mars. Elle commencera par les médecins qui se trouvent déjà proches de ses objectifs, pour les attirer dans le système. Puis elle s'adressera aux plus rétifs. Le montant de la prime devrait tourner entre 5 000 et 6 000 €.

La démarche est claire : elle consiste à déterminer des objectifs quantifiables qui concernent le contenu de la pratique des professionnels de santé (les médecins d'abord, les autres ensuite) et à récompenser ceux qui atteignent ces objectifs, comme dans les entreprises qui fixent des objectifs de vente. Certains médecins, par exemple au SMG, ne rejettent pas d'emblée ce nouveau mode de rémunération. Mais ils préféreraient que les contrats mettent l'accent sur le travail en équipe pluridisciplinaire. C'est aussi le discours de l'union nationale des professionnels de santé (UNPS), qui a sorti un communiqué de presse à ce sujet. Enfin, vous lirez ici ce qu'en pense un médecin généraliste.

Je vous laisse imaginer quel système la CNAM inventera pour rémunérer les paramédicaux au mérite. Trois choses sont sûres :
  • Ces rémunérations d'un nouveau genre lui donnent un argument pour esquiver les revalorisations des lettres-clés.
  • Elles ne compenseront jamais le décrochage que nous subissons par rapport à l'inflation depuis 25 ans : financièrement, les primes ne sont que des hochets que l'on agite sous nos yeux ébahis.
  • Nos syndicats seront impuissants, puisque ceux des médecins ont juste le droit de donner leur avis sur le CAPI.

4 commentaires:

Anonyme a dit…

blog intéressant mais très souvent aussi déprimant...
je suis une jeune ortho, et quand je vois ce qui m'attend (cotisations URSSAF, CARPIMKO, pas de revalorisation de l'AMO etc etc) ça me fait un peu peur !!! surtout que je ne suis pas très bonne gestionnaire. Enfin je continuerai à vous lire quand même !

Anonyme a dit…

Une petite question : ces petites primes passent dans quel poste comptable ? Ce ne sont pas des honoraires à proprement parler, alors où les caser ?

Guillaume a dit…

Mon AGA m'avait dit de mettre ça dans "gains divers", quand la prime télétransmission est apparue (en 2000 je crois).

Guillaume a dit…

Concernant le côté déprimant de mon blog, j'en conviens aisément : notre situation ne fait qu'empirer depuis 25 ans. Moins 30% de pouvoir d'achat pour l'AMO, c'est horrible.

Mais autant le savoir, non ? La politique de l'autruche ne mène qu'au désastre. Mon blog cherche justement à vous informer de ce qui nous arrive. Ensuite, il y a deux types de réactions possibles :

1) réaction collective, en prenant des responsabilités syndicales. Malheureusement, on voit bien que les syndicats paramédicaux ne sont qu'un pied sur la pédale de frein, mais qu'ils ne peuvent nous ramener en haut de la pente. On ne reverra jamais l'AMO à ce qu'il valait réellement il y a 25 ans. Mon père a été président de région FNO pendant presque 30 ans, il pense que je devrais m'y investir aussi. A quoi bon ?

2) réaction individuelle, en travaillant suffisamment pour pouvoir se constituer d'autres types de revenus. C'est ce que j'ai décidé de faire il y a 6-7 ans. Je me suis donc lancé dans l'immobilier (en direct et en SCPI), qui permet d'aller beaucoup plus vite que l'assurance-vie. Dans quelques années, quand tous les crédits seront terminés, j'aurai des loyers qui compenseront la chute de l'AMO par rapport à l'inflation. Si l'on travaille peu, on peut acheter des appartements à rénover soi-même, puisqu'on a du temps à y consacrer. Le marché de la location fonctionne bien, surtout en période de crise où les gens ne peuvent plus acheter.

C'est malheureux : j'aurais préféré que le 1) fonctionne serve à quelque chose. Mais comme vous le voyez, il ne faut pas déprimer, puisqu'il reste le 2). On peut aussi voir ces investissements comme un moyen de pouvoir continuer à exercer notre beau métier sans être progressivement étranglé. Ne déprimons pas, agissons.