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mardi 9 septembre 2008

Est-il rentable de beaucoup travailler ?


Dans ce pays, on entend souvent dire qu'il n'est pas rentable de beaucoup travailler, parce qu'on redonne tout à l'Etat. Bien des collègues en sont persuadés. Vérifions cette assertion en comparant deux orthophonistes hypothétiques mais vraisemblables, si l'on en croit les statistiques que nous fournissent nos associations de gestion :

  • Julie, dont la recette annuelle est de 40 000 € et le bénéfice de 20000€.
  • Sophie, qui travaille deux fois plus et dont la recette annuelle est donc de 80 000 € et le bénéfice de 50 000 €. Ce n'est pas irréaliste : j'en connais certains qui sont au-delà, sans négliger la qualité de leur travail ni "s'arranger" avec la nomenclature. Bien évidemment, c'est encore plus facile en n'étant pas droit dans ses bottes, par exemple en ne voyant les aphasiques que 30 minutes sous prétexte qu'ils sont fatigués. Le plus difficile, ensuite, est de réussir à bien dormir la nuit ; et de ne pas penser qu'on scie la branche sur laquelle on est assis : la CNAM.

Examinons d'abord les charges sociales (voir mes messages de début août pour les taux) :
  • la cotisation allocations familiales de Julie est de 1080 €. Pour Sophie : 2700 €.
  • CSG : Julie paie 1500 €, dont 1020 € seulement sont déductibles des impôts. Sophie : 3750 €, dont 1836 € déductibles.
  • CRDS : Julie paie 100 €, non déductibles. Sophie : 250 €.
  • Cotisation assurance maladie : Julie paie 22 €. Sophie : 55 €.
  • Cotisation Formation Professionnelle : 48 € chacune.
  • CARPIMKO - régime invalidité-décès : 646 € chacune.
  • CARPIMKO - régime de base : Julie paie 1680 €. Sophie : 2723 €
  • CARPIMKO - régime complémentaire : Julie paie 992 €. Sophie : 1735€
  • CARPIMKO - régime paticiens conventionnés : 78 € chacune.
  • Total des charges sociales : Julie paie 6146 €. Sophie : 11 985 €. Sophie gagne plus du double, mais ne paie même pas le double de cotisations sociales ! C'est dû au fait qu'une partie des cotisation sont forfaitaires, donc indépendantes du revenu. Voilà un système qui incite fortement à travailler.
Sur le plan fiscal, imaginons une situation classique : nos deux consoeurs ont un conjoint salarié qui gagne 2000 € par mois et elles ont deux enfants. Donc 3 parts. La famille de Julie a donc un revenu de 44000 € annuels. Celle de Sophie : 74000€. La famille de Sophie va payer 1993 € d'impôt sur le revenu. Celle de Sophie, 6410 €. (source : impots.gouv.fr ). L'impôt sur le revenu s'avère donc plus décourageant que nos charges sociales. Il incite clairement à l'oisiveté. Les impôts locaux, eux, seront les mêmes, donc plus supportables pour Sophie ; sauf la taxe professionnelle, essentiellement basée sur la recette, donc deux fois plus importante pour Sophie. Mais on ne peut pas la calculer ici, puisqu'elle varie fortement d'un endroit à un autre.

Au total, Sophie gagne 30000 € de plus que Julie. Mais elle donne à l'Etat 18395 € contre 8139, soit 10 256 € de plus que Julie et son mari.

Il apparaît donc clairement qu'en France, plus on travaille, plus on est taxé, mais qu'on nous laisse tout de même une bonne part du fruit de notre courage. Bien sûr, ne rêvons pas : les choses étant ce qu'elles sont, Sophie ne gagne pas deux fois plus que Julie, alors qu'elle travaille deux fois plus. Mais la morale est sauve : on ne récompense pas tant que ça la paresse, dans ce pays. En tout cas dans nos professions.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

merci de ces posts clairs, passionnants, journaliers ...
c'est vraiment un site qui m'est vite devenu incontournable !!!
bravo et merci encore ...